Le Procureur général près de la cour d’appel de Ouagadougou, Laurent Poda a juré de "démontrer" à nouveau, la "culpabilité" de l’ancien patron des douanes du Burkina, Ousmane Guiro, condamné en juin 2015 à deux ans de prison avec sursis, pour ’’corruption passive’’ dans une affaire portant sur près de 2 milliards de FCFA.

L’ancien patron de la douane burkinabè avait été limogé le 31 décembre 2011 par l’ex président Blaise Compaoré, après la découverte d’un butin de 1,9 milliard de FCFA en espèces, suspecté d’être le sien et qui était caché dans des cantines chez l’un de ses proches à Ouagadougou.

Incarcéré quelques jours plus tard, Ousmane Guiro va bénéficier d’une liberté provisoire en juillet 2012, avant d’être rattrapé en 2015 par le régime de Transition qui a succédé au président Compaoré.

La chambre criminelle de la Cour d’appel de Ouagadougou, lui reconnaissant des "circonstances atténuantes", l’a condamné en juin 2015 à deux ans de prison avec sursis pour "des faits de corruption", portant sur une somme de 900 millions de francs CFA et à une amende de 10 millions de FCFA.

Estimant cette peine "très insuffisante", le procureur général près la Cour d’appel de Ouagadougou, Laurent Poda avait fait un pourvoi en cassation, à l’issue duquel il a eu gain de cause.

"C’est avec joie que j’ai accueilli ce verdict qui annule en réalité la décision rendue par la Cour d’appel de Ouagadougou et qui renvoie la procédure et les parties devant la dite Cour, autrement composée", a déclaré M. Poda dans une interview publiée ce vendredi par le quotidien privé "Le Pays".

"Nous sommes convaincus d’une chose : +Ousmane Guiro est coupable des infractions à lui reprochées (…) Nous allons toujours développer dans nos réquisitions nos arguments tendant à démontrer que M. Guiro est coupable+", a-t-il juré.

"Il n’y a pas d’acharnement. (…) Dans tous les dossiers où nous estimons que le droit n’a pas été dit, nous faisons toujours appel ou nous faisons un pourvoi pour que l’affaire soit réexaminée", s’est défendu M. Poda.

Les conclusions du premier procès de M. Guiro avaient suscité des interrogations autour de l’indépendance et de la pertinence des textes de la justice burkinabè.

Pour le Procureur général près de la cour d’appel de Ouagadougou, l’indépendance "se trouve dans la tête du juge".

"Quand vous voulez être indépendant, vous l’êtes et c’est tout. Et cela, quel que soit ce qu’il y a", a soutenu M. Poda.

Il a par ailleurs précisé qu’ ’’un juge indépendant, c’est celui qui regarde les textes de loi, les faits et qui applique les textes relativement aux faits, avec toutes les conséquences".

AIB
Kaceto.net