Comme annoncé, la Commission chargée de la liberté de la presse, du pluralisme, de l’éthique et de la déontologie du Conseil supérieur de la communication (CSC) a auditionné cet après-midi du 19 avril les responsables de la RTB et Dieudonné Zoungrana, directeur de publication du quotidien Aujourd’hui au Faso, suite aux propos tenus par ce dernier lors de l’émission Débat de presse diffusée le 14 avril dernier.
"’Tout s’est bien passé et on s’est compris" a commenté le DP de Aujourd’hui au Faso

Il est 15 heures moins 10 mn quand la délégation de la RTB arrive au CSC. Elle comprend le directeur de la RTB/Télé, Evariste Kombary, le rédacteur en chef, Jean Emmanuel Ouédraogo, l’animateur de l’émission « Débat de Presse », Aboubacar Sagnon et d’un juriste de la maison, Loukman Zerbo.
Ils sont accueillis par les membres de la Commission chargée de la liberté de la presse, du pluralisme, de l’éthique et de la déontologie du CSC dans une cordiale ambiance. On se salue chaleureusement, certains étant manifestement contents de se revoir. Tous se dirigent vers la salle de réunion, là où "les gendarmes des médias" vont demander des explications aux responsables de la RTB suite aux propos polémiques de Dieudonnée Zoungrana, invité de l’émission "Débat de presse" diffusée le 14 avril dernier. Mais avant de pénétrer dans la salle, un policier posté à la porte retire les téléphones portables. Les débats sont à huit clos et rien ne doit fuiter.
La porte se referme pendant que les deux parties s’installent. L’audition va durer une bonne trentaine de minutes. Puis, on entend des éclats de rire dans le couloir. Le travail est terminé. Les deux parties se dirigent vers la sortie. Un confrère de l’audiovisuel allume sa caméra et tend le micro. Le vice-président du CSC, Abdoulazise Bamogo livre la substance des débats. Il rappelle que l’audition des responsables de la RTB fait suite aux propos tenus par Dieudonné Zoungrana sur la décision du gouvernement de vérifier l’authenticité des diplômes des fonctionnaires burkinabè, lesquels ont suscité une vive indignation dans l’opinion. "Lors de l’audition, les responsables de la RTB et l’animateur de l’émission ont reconnu qu’il y a eu un dérapage dans la conduite du débat. Ils ont présenté leurs excuses à l’instance de régulation et se sont engagés à présenter publiquement leurs excuses au cours du prochain numéro de l’émission. La Commission a ordonné aux responsables de la RTB de prendre les dispositions idoines pour la bonne conduite des émissions à venir. En somme, il s’est agit de leur donner des conseils et non les punir parce que la bonne foi de l’animateur n’est pas en cause". Une photo de souvenir et l’équipe de la RTB quitte la cour du CSC. Les conseillers débriefent en attendant le Directeur de publication de Aujourd’hui au Faso.

A 16 heures pile, il est là, dans un polo et pantalon gris, une casquette frappée du logo de son journal vissée sur la tête. Il a l’air serein. Les excuses qu’il a présentées dans les médias ont manifestement fait baisser la tension. "Depuis cette affaire, j’ai reçu plus de 200 appels venant de partout, de personnalités diverses, des amis, mais aussi des gens qui sont des aînés d’un certain âge", confie t-il. Les conseillers sont tous là et à nouveau, on se dirige vers la salle d’audition. La porte se referme pour la deuxième fois. L’explication va durer plus longtemps qu’avec la RTB, près d’une heure. A la sortie, les mines sont décontractées, mais personne ne veut faire de commentaire. A commencer par celui qui est passé "à la barre". Plus tard dans la soirée, le CSC a publié un communiqué dans lequel on apprend que Dieudonné Zoungrana, "a souligné que le CSC est dans son rôle et qu’il adhère au jugement des pairs. Il a regretté les propos qu’il a tenus au cours du débat avant d’informer la Commission qu’il a déjà publié, à cet effet, un message de contrition dans plusieurs médias. Il a également présenté ses excuses au CSC et s’est également engagé à le faire publiquement au cours du prochain numéro de l’émission « Débat de presse ».
En quittant la cour du CSC, il croit savoir que le contexte social explique en grande partie l’emballement médiatique que ses propos ont suscité. "Je n’ai jamais voulu stigmatiser la diaspora burkinabè venue de Côte d’Ivoire parce que dans ma rédaction, j’ai journalistes qui sont issus de cette diaspora. D’ailleurs, un d’eux m’a dit qu’il fallait que je présente mes excuses et c’est ce que j’ai fait. J’espère que cette polémique, c’est du passé maintenant", s’est t-il confié à Kaceto.net, avant de conclure : "En cinq ans, c’est la deuxième fois que je suis convoqué par le CSC ; la première fois sur l’affaire des passeports diplomatiques quand Djibril Bassolé était ministre des Affaires étrangères ; mais il y a des confrères qui défilent ici presque toutes les semaines".
Faut-il s’attendre à des sanctions contre lui dans les jours à venir ? "La Commission rendra compte à la plénière des conseillers pour des décisions finales à prendre", indique le communiqué du CSC.
Tout porte à croire qu’il n’en sera rien. L’exercice de contrition publique auquel le DP de Aujourd’hui au Faso s’est soumis semble jouer en sa faveur.

Kaceto.net