Le Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP) s’inquiète de la dégradation continue de la situation sécuritaire et appelle à "cultiver la cohésion entre les différentes composantes (ethniques et religieuses) de notre peuple, afin d’éviter le piège de la division, dans lequel tentent de nous faire tomber les terroristes et leurs parrains."

Le MBDHP suit, avec une profonde tristesse et un sentiment d’inquiétude et de désolation, l’évolution de la situation sécuritaire dans notre pays. Malgré l’engagement des forces de défense et de sécurité (FDS) sur le terrain, nous assistons hélas, à une intensification des attaques terroristes à travers des assassinats ciblés de personnes, des embuscades et l’utilisation d’engins explosifs improvisés contre des patrouilles et des positions des FDS, des exécutions d’autorités coutumières et religieuses ainsi que de fidèles de diverses confessions (musulmans, catholiques, protestants), des assassinats d’enseignants, des enlèvements de personnes, des menaces, contraignant à des fermetures d’écoles et d’infrastructures socio-sanitaires, etc.
Ainsi, rien qu’au cours de ces derniers mois et à titre non exhaustif, l’on déplore :
 l’enlèvement, depuis le 17 mars 2019, du curé de la paroisse de Djibo, qui reste à ce jour captif des terroristes ;
 l’assassinat de cinq (5) enseignants et d’un (1) conseiller municipal, le 26 avril 2019 à Maïtaougou dans la commune de Comin-Yanga, province du Koulpélogo ;
 une attaque contre une église protestante à Silgadji, situé à 60 km de Djibo, le 28 avril 2019, avec l’assassinat du pasteur et de cinq (5) des fidèles de l’église ;
 une attaque à Bollé dans la commune de Barsalogho, le 28 avril 2019, faisant quatre (4) morts dont trois (3) koglweogos ;
 une attaque contre une église catholique à Dablo, province du Sanmatenga, le 12 mai 2019, faisant six (6) personnes tuées dont le prêtre célébrant ;
 l’enlèvement et l’exécution, à Zimtenga dans le Bam, de quatre (4) fidèles catholiques, le 13 mai 2019 ;
 l’enlèvement suivi de l’exécution de l’imam de Samonaye dans le Séno et de son fils, dans la nuit du 13 au 14 mai 2019 ;
 l’enlèvement de cinq (5) personnes suivi de la libération de trois (3) d’entre elles, à Nasséré dans la province du Bam, le 14 mai 2019.
Il est plus qu’urgent qu’avec le concours de tous, nous mettions un terme à cette spirale horrible. L’urgence est d’autant plus grande que ces attaques pourraient semer des germes de guerre civile, certaines d’entre elles ayant déjà constitué des éléments déclencheurs d’affrontements meurtriers entre communautés, à Yirgou et à Arbinda notamment, causant des centaines de morts et de blessés, ainsi que des milliers de déplacés exposés à l’incertitude du lendemain.
En ces moments particulièrement douloureux et en cette phase critique de l’histoire de notre pays, le MBDHP présente ses condoléances les plus attristées à l’ensemble des victimes de cette barbarie et souhaite prompt rétablissement aux nombreux blessés.
Au regard du contexte de l’heure et quand bien même l’Etat en serait le principal garant, la jouissance effective du droit à la sécurité appelle, plus que jamais, la contribution de chaque burkinabè.
Il convient toutefois de rappeler et de souligner avec force que, malgré le contexte sécuritaire difficile, le respect des droits humains et des règles de l’Etat de droit constitue le préalable indispensable au renforcement de la cohésion sociale et à une victoire possible contre le terrorisme.
C’est pourquoi le MBDHP :
1. Condamne fermement la barbarie sans nom des forces terroristes, ainsi que leurs vaines tentatives d’insémination de germes de guerres intercommunautaires et interreligieuses au Burkina Faso ;
2. Invite instamment le gouvernement à :
• assumer en toute responsabilité sa mission régalienne de sécurisation de l’ensemble du territoire national et de protection des personnes et de leurs biens ;
• asseoir une stratégie de lutte antiterroriste qui favorise une large adhésion et une implication effective et efficiente des populations sur l’ensemble du territoire national ;
• veiller, dans ce contexte de lutte contre le terrorisme, à conformer les pratiques des forces de sécurité aux principes des droits humains et aux règles de l’Etat de droit ;
• œuvrer, pour les moyen et long terme, à la conception et à la mise en œuvre d’une véritable politique de développement harmonieux et équitable de l’ensemble des régions du Burkina, à l’effet de dissiper chez les populations tout sentiment d’abandon ou de délaissement.
3. Appelle les populations à :
• s’organiser, suivant toutes formes légales admises, en vue de contribuer au combat patriotique contre l’insécurité dans ses diverses formes et en particulier, ces attaques terroristes qui endeuillent et traumatisent notre pays ;
• dénoncer, rejeter et extirper de leurs comportements, toutes attitudes pouvant constituer et/ou alimenter des germes de guerre civile ;
• cultiver la cohésion entre les différentes composantes (ethniques et religieuses) de notre peuple, afin d’éviter le piège de la division, dans lequel tentent de nous faire tomber les terroristes et leurs parrains.

NON A L’INSÉCURITÉ, SOURCE DE VIOLATIONS DES DROITS HUMAINS !
OUI A LA MISE EN ŒUVRE D’UNE VÉRITABLE POLITIQUE DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME !

Ouagadougou, le 17 mai 2019

Le Comité exécutif national