Plus d’une dizaine de ministres ont répondu à la convocation du juge hier dans le cadre de l’enquête sur les personnes décédées lors de l’insurrection populaire. Blaise Compaoré était aussi convoqué

Mis en examen en juillet 2015 par la Haute Cour de justice pour « faits de complicité de coups et blessures volontaires et complicités d’assassinat », plus d’une dizaine d’anciens ministres ont été entendus hier toute la journée dans les camps de la gendarmerie de Paspanga et de Dapoya (vers la gare ferroviaire). Arsène Bongnessan Yé, Jean Coulidiati, Baba Hama, Alain Edouard Traoré, Toussaint Abel Coulibaly, Jerôme Bougma, Yacouba Barry, Jean Bertin Ouédraogo, Nestorine Sangaré, Amadou Diemdioda Dicko, Mahama Zoungrana, Moussa Ouattara, Gnissa Isaïe Konaté, Mamounata Belem/Ouédraogo, entre autres, avaient répondu à la convocation du juge. En tant que ministre de la Défense, une convocation avait été également adressée à Blaise Compaoré, en plus de sa mise en accusation pour « pour faits de haute trahison et d’attentat à la constitution ».
Ils sont tous solidairement accusés d’avoir adopté le 21 octobre 2014 en conseil des ministres, le projet de loi portant modification de l’article 37 de la constitution, rejeté par une bonne partie de l’opinion. Le vote de la loi prévu le 30 octobre 2014 avait provoqué une insurrection populaire, l’incendie de l’Assemblée nationale et des pillages de biens publics et privés. La répression par les forces de l’ordre des manifestants avait fait officiellement une trentaine de morts. La nation leur avait rendu un solennel hommage au monument des martyrs.
D’autres auditions sont encore attendues dans les prochaines semaines par les juges d’instruction, avant qu’un procès n’établisse la culpabilité des uns et des autres, ce qui ne sera pas une mince affaire. D’autant qu’il n’y pas eu d’autopsie établissant clairement que toutes les personnes décédées avaient été tuées par balles. Hier, aucun des ministres entendus n’a plaidé coupable et, c’est probablement cette ligne de défense qu’ils adopteront lors du procès.

Joachim Vokouma ; Kaceto.net