Le président de l’’Union pour la république (UPR), Toussaint Abel Coulibaly, qui a rejoint la majorité présidentielle en mars 2018, s’exprime sur la situation nationale et appelle à un large dialogue entre le gouvernement les couches sociales afin de trouver une solution à la crise que traverse notre pays et d’éviter un "suicide collectif"

Dans une précédente déclaration nous avions attiré l’attention des gouvernants et des gouvernés sur le péril encouru par le Burkina Faso que nous aimons tous, car nous n’avons pas un autre pays. Nous réitérons notre appel au patriotisme, au discernement et à l’analyse objective de chacun de nous face à la situation actuelle de notre cher Burkina Faso.

Les hommes passent mais le pays demeure et survit à tout régime de gouvernement. C’est aux Burkinabè de savoir faire la part des choses. Entre la lutte politique pour la conquête ou la gestion du pouvoir et le devoir de sauvegarder la République, il n’y a pas de choix à faire. Nous devons tous lutter pour que le pays soit apaisé. Pour obtenir ce résultat, il faut que le contexte politique change. C’est en cela que le dialogue politique annoncé tire toute sa pertinence. Nous devons donc y aller très sincèrement pour aboutir à l’évolution positive de ce contexte politique afin de le rendre favorable aux ambitions des uns et des autres. Toute autre option serait synonyme de « suicide collectif ». Nul ne tirera profit du contexte tendu que le pays vit actuellement.

Quant aux revendications légitimes des courants sociaux qui composent notre pays, il faut les faire en ayant à l’esprit que l’Etat, c’est nous tous. Il n’y a pas l’Etat d’un côté et les citoyens de l’autre et nous le savons également tous. Notre pays est sérieusement ébranlé par les attaques terroristes que nos FDS font tout pour endiguer, d’une part, et, d’autre part, par les mouvements sociaux. En ce qui concerne le dialogue politique qui se profile, il va falloir en ressortir avec un large consensus pour apaiser le climat politique et préserver l’essentiel. Il ne s’agit pas, ici, d’une question de sortir gagnant ou perdant. Tous les Burkinabè y gagneront.

« Le dialogue est l’arme des forts », disait un sage d’Afrique. Notre conviction est que dans le contexte actuel du Burkina Faso, personne ne peut prétendre objectivement mieux faire que le président Roch Marc Christian Kaboré. En effet, tout citoyen de bonne foi, au regard des facteurs exogènes (les attaques terroristes répétées, le harcèlement des FDS et le fait de traumatiser les populations dans certaines parties du Burkina Faso), devrait savoir qu’il est objectivement impossible de mener sereinement les activités de développement. Si l’on y rajoute les revendications sociales tous azimuts, il est à craindre qu’à un moment donné, le péril soit à la porte de chacun d’entre nous.

Ce péril qui paraît lointain parce que chacun ne le mesure qu’à travers sa propre situation, pourrait se généraliser et personne ne sortirait gagnant. Notre souhait est que le gouvernement anticipe en prenant des résolutions fortes et surtout en les tenant sur la durée. Il faut courageusement faire la part des choses, accéder aux revendications qui sont supportables par le budget de l’Etat en ce moment et se donner une période pour la solution de celles qui subsisteront après ces engagements fermes et réalistes. Il faudra trouver un mécanisme qui regroupe l’ensemble des structures représentatives des travailleurs du public et du privé pour faire l’état des lieux et élaborer une feuille de route pour satisfaire les revendications à court, moyen et long termes.

Le gouvernement devra prendre les engagements en tenant le plus grand compte de ses possibilités réelles pour ne pas donner l’impression « d’éteindre les flammes en laissant les braises », engendrant ainsi la résurgence de certaines grèves comme celle annoncée et suspendue à deux reprises dans le domaine des transports. Si l’on continue à passer d’un secteur à l’autre, nous craignons que la résolution de certains problèmes engendre d’autres dans des secteurs différents. C’est pourquoi, il faut mettre les problèmes ensemble, en un lieu, en débattre en présence de tous les acteurs et trouver leur solution collective. Cela a le mérite d’éviter les effets collatéraux néfastes sur des segments absents des concertations au cas par cas. Nous pensons que cela ne pourrait se faire en deux journées. Nous proposons, à l’instar du dialogue politique initié par le chef de l’Etat, que le gouvernement prenne l’initiative d’un dialogue social. Il faut, à notre sens, réunir les représentants des acteurs sociaux (publics et privés) pour une concertation étalée sur sept (7) jours.

Cela serait moins préjudiciable au pays que les grèves à répétition et les négociations éparses. Au sortir de cette semaine de concertation, chaque partie s’engagerait, en ce qui concerne le gouvernement, à mettre en œuvre les recommandations qui seront prises, et pour les acteurs sociaux, à observer une trêve pour permettre au gouvernement de mettre en œuvre lesdites recommandations de façon progressive et soutenue. Nous pensons sans prétention aucune, que c’est le processus le mieux à même de sortir notre pays de « la zone de turbulences » qu’il traverse afin de poursuivre son développement.

En effet, généralement, les contextes futurs sont tributaires de ceux passés et présents. De ce fait, il est utopique de croire que si les contextes social et politique restaient tels, cela profiterait aux adversaires de l’actuel président du Faso. Bien au contraire, la situation perdurerait, voire s’aggraverait. D’où notre insistance pour le changement de contexte avant d’envisager un changement de personnes. C’est pourquoi, notre parti ne veut pas verser dans le fanatisme en prétendant que tout va mal ou que tout va bien. Notre position est qu’ensemble, nous devons œuvrer à ramener la sérénité dans tous les domaines afin de préparer des lendemains meilleurs.

Le moment venu, nous saurons qui aura les faveurs des Burkinabè. Les extrémistes quels qu’ils soient n’ont jamais rendu service à la cause qu’ils prétendent défendre. Notre point de vue ne s’inscrira à aucun moment dans une logique de « chanter les louanges » du président Roch Marc Christian Kaboré parce que nous sommes de la majorité ni de nier l’évidence des progrès réalisés dans certains domaines. Nous pensons qu’il doit en être ainsi pour ceux qui sont dans la même dynamique. Encore que certains veulent le « beurre et l’argent du beurre », manifestant contre le gouvernement le matin et soutenant le président le soir venu. Tous ceux qui ne sont pas du même avis que nous en ont le droit de part l’essence même de la démocratie.

Cependant, peindre tout en noir relève de l’extrémisme que nous évoquions plus haut. Dans la tourmente actuelle, il faut avoir les qualités requises pour ne pas faire sombrer le pays dans l’abîme. Convaincus que le président Roch Marc Christian Kaboré a ces qualités, nous l’encourageons à poursuivre en tenant compte des critiques objectives d’où qu’elles viennent. Le contenu de la présente déclaration résulte d’un état des lieux suivi d’un avis motivé. Reste aux principaux concernés à en prescrire le mode opératoire si tant est qu’il recèle de propositions pertinentes. Pour notre part, nous ne cesserons d’apporter notre contribution aussi modeste soit-elle au débat sur la situation du Burkina Faso sans passion ni préjugés. Loin d’être un exercice de complaisance, c’est un devoir pour chaque citoyen burkinabè qui aspire à la cohésion sociale et à la paix dans notre pays.

Liberté-Solidarité-Justice

le Bureau Exécutif National

Le Président Maître Toussaint Abel COULIBALY

Commandeur de l’Ordre national