Société d’état dont la mission est d’aménager, viabiliser et commercialiser des parcelles, la Société nationale d’aménagement des terrains urbains (SONATUR) se veut aussi citoyenne à travers une politique de responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) qu’elle intègre désormais dans ses activités. Samedi dernier, elle a ainsi mené une opération de reboisement de son site de Bobo 2010 et apporté un soutien financier dans la prise en charge des patients dialysés de l’hôpital Sanou Sourou.

Apparue dans les années cinquante aux Etats-Unis, la responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) implique pour les organisations à but lucratif, non seulement le respect des lois en vigueur dans le pays de résidence, mais aussi et surtout, la prise en compte de l’impact de leurs activités sur l’environnement et le bien-être social. Il s’agit d’aller au-delà de leur première raison d’être qui est de faire des bénéfices, pour adopter un comportement éthique qui soit profitable à tous.
Au Burkina, les Sociétés d’état ont été invitées depuis leur 24ème assemblée générale tenue en 2016 d’intégrer ce nouveau concept de management en mettant en place une politique de responsabilité sociale. Comme d’autres, la SONATUR s’y est engagée à assumer sa part de responsabilité dans la préservation de l’environnement et le renforcement du lien social.

Matinée du samedi 22 juillet. Le soleil n’est pas encore totalement sorti de son lit. Sur le site de la SONATUR de Bobo-Dioulasso, les salariés de l’entreprise commencent à arriver. Ils sont reconnaissables à leur ensemble sportif orange-blanc frappé du logo de l’entreprise. Leur nombre grossit au fil des minutes. Le véhicule du directeur général Soabou Diallo vient de s’immobiliser, signe que les choses vont commencer.
Quelques minutes de conciliabules et c’est parti. Direction le Site SONATUR de Bobo 2010, dans l’arrondissement N°2 (Trame verte), à quelque 500 m de là, sur la route du Mali.
Certains prennent place à bord de véhicules, pendant que d’autres préfèrent s’y rendre à pied. « Je ne fais pas souvent de sport ; donc, là c’est l’occasion » confie un de la trentaine de salariés venus de Ouagadougou depuis la veille. Une bonne dizaine de marche et on y est. Un vaste espace de 17182 m2 aménagé et viabilisé, comprenant 400 parcelles d’une superficie allant de 1900 à 400 m2. « En avril dernier, nous avons lancé une opération d’attribution vente de ces parcelles qui devait durer deux semaines ; mais en trois jours, tout était terminé », explique le DG Diallo. Ici comme dans d’autres communes, la SONATUR n’est pas en mesure de satisfaire la demande, manifestement dopée par des spéculateurs fonciers.

C’est donc ce site que la direction de la Nationale des parcelles a choisi pour y mener une opération de reboisement. Avant de mettre en terre 2300 plants de dix espèces, le DG rappelle qu’en plus de son cœur de métier, la SONATUR a une politique de RSE qui se décline en quatre volets : éducation, santé, environnement et rationalisation des ressources en eau et électricité. En décidant de reverdir le site de Bobo 2010, la SONATUR entend apporter sa pierre dans la lutte contre l’avancée du désert, le réchauffement climatique et pour le bien-être des futurs habitants.
Par petits groupes ou en solitaire, les salariés se lancent dans la mise en terre des plants dans une ambiance joyeuse, sous le regard bienveillant des autorités administratives et coutumières. « Ca me rappelle mes années scout », confie une cadre venue de Ouagadougou.

Après l’effort, le réconfort. Une pause casse-croûte est offerte aux planteurs avant qu’ils ne fassent mouvement vers l’hôpital Sanou Sourou pour la deuxième activité de la matinée. Il faut d’abord regagner le siège de la SONATUR avant d’embarquer dans un long cortège guidé par la police. C’est le directeur général du CHU de Bobo, Docteur Bakary Gustave Sanou, entouré de ses collaborateurs, qui accueille les visiteurs du samedi matin. La visite va s’effectuer dans le service de néphrologie, là où sont prises en charge les personnes souffrant d’insuffisance rénale.
Pour les néophytes, le patron du CHU explique que le rôle des reins, c’est de filtrer et d’éliminer les déchets du corps humain. Mais quand, pour mille raisons, les reins ne peuvent plus jouer ce rôle, on a recours à la dialyse. Des machines prennent le relais pour assurer l’hygiène du corps et éviter qu’il devienne une poubelle. Des machines sophistiquées très coûteuses dont l’acquisition et l’entretien est un casse-tête pour de nombreux hôpitaux sous les tropiques.

La visite guidée de l’hôpital est assurée par docteur Diallo. Spécialiste en néphrologie dans un hôpital de la région parisienne, elle a décidé de revenir servir son pays où elle se « sent plus utile ». Sanou Sourou est son premier poste depuis son arrivée en octobre 2018. Avec elle, le patron de la SONATUR et sa délégation vont visiter les différents services et découvrir le quotidien des malades et des conditions de travail du personnel hospitalier. C’est seulement en 2018 que le CHU de Bobo-Dioulasso a acquis 13 machines pour la dialyse, mais, explique docteur Diallo, toutes ne fonctionnent pas tous les jours et le personnel chargé de la maintenance n’a pas toujours les compétences requises pour les réparer rapidement.
Résultat : deux patients sont le plus souvent pris en charge par semaine au lieu de trois. Du moins, pour ceux qui ont les moyens de payer.

Selon le docteur Bakary Gustave Sanou, le nombre de personnes souffrant de maladie rénale chronique (MRC) est estimé à 200 000 et à 20 000 celles souffrant de l’insuffisance rénale chronique terminal (IRCT). Or, explique t-il, la prise en charge de cette dernière catégorie de malades nécessite des équipements lourds comme ceux de l’hémodialyse. En dépit de la subvention accordée par l’état, chaque malade doit quand même « débourser 500 000 F pour être inclus dans l’hémodialyse. A cela s’ajoutent les frais liés à la réalisation des fistules artério veineuses, aux bilans para cliniques, aux transports hébergement vers les sites d’hémodialyse ».

Au final, selon le docteur Sanou, « le coût moyen mensuel de l’hémodialyse par patient atteint 687 579 F CFA dans le secteur public sans les charges du personnel et à 736752 F CFA si on inclut les charges du personnel ».
Par an, les frais de prise en charge montent jusqu’à 8, 253 millions F CFA par patient sans les charges liés au personnel. Sachant que 40% des 20 millions de Burkinabè vivent avec moins de 150 000 F CFA par an, on imagine les drames que cette pathologie provoque dans les familles. D’où le sourire qu’affiche le DG du CHU de Bobo en recevant de son homologue de la SONATUR un chèque de 5 millions de F CFA destiné à la prise en charge des patients dialysés. « Le don que votre institution fait à mon établissement aujourd’hui a une valeur inestimable par sa portée sociale » parce qu’il permet d’assurer « 1400 séances de dialyse à dix personnes qui auront ainsi la vie sauve », a commenté docteur Sanou.

La journée citoyenne de la SONATUR s’est achevée par des séances d’interviews et de photos, puis un retour au siège de l’entreprise pour une collation.

Joachim Vokouma
Kaceto.net