Le dimanche 22 septembre 2019, s’est tenu à Ouagadougou, à la Maison du peuple, un congrès extraordinaire précédé d’un Conseil National, du Congrès pour la démocratie et le progrès, CDP. Mais en fait de relecture des textes fondamentaux du parti qui était inscrit à l’agenda des congressistes, la principale décision à retenir de ces travaux est la mise à l’écart des frondeurs, ce groupe de militants manifestement en grave désaccord avec l’actuelle direction conduite par Eddi Komboïgo

Dans les propos volontiers sibyllins du président du CDP lors de son discours d’ouverture du congrès extraordinaire et dans les échanges avec les congressistes lors du conseil national, on pouvait déjà apercevoir une importante décision déjà actée. Mais, il fallait mettre la forme, respecter les procédures internes prévues par le parti avant de l’annoncer : l’exclusion pure et simple de certains militants pour indiscipline notoire pendant que d’autres écopent de suspension allant de 6 à 12 mois. Au total 27 militants ont été sanctionnés.
Dans la première catégorie se retrouvent, Salia Sanou, Léonce Koné, Sawadogo Rasmané Daniel, Ambroise Tapsoba, Roukiatou Seni/Sow, Gnama Pako Drabo, Mahamadi Lamine Kouanda, Césaire Ky, Seydou Touré et Fatoumata Ouédraogo/Ziba désormais privés du droits de s’exprimer officiellement au nom du Congrès pour la démocratie et le progrès. Dans la seconde catégorie, ceux-là qui peuvent se remettre dans les rangs après avoir purgé leur peine, figurent entre autres, Alpha Yago, Boureima Badini, Yahaya Zoungrana, Jean Kouldiati, Salam Dermé, et Julliette Bonkoungou/Yaméogo. Quant à Kadré Désiré Ouédraogo, membre du Bureau politique national et candidat déclaré à la présidentielle alors que le parti n’a pas encore activé le processus de désignation du candidat, une procédure est engagée contre lui et des sanctions pourraient également être prises contre lui dans les semaines à venir.

Au cours de la journée, le président du CDP dans un long monologue, a retracé à sa manière, les événements qui ont conduit selon lui, à la situation actuelle. Avec parfois des mots très durs prononcés à l’endroit de ses camarades accusés de chercher à ternir l’image de leur propre maison, voire à la dynamiter de l’intérieur et à salir l’honneur de leur chef. Bref, de manquer à leurs obligations de discipline en se livrant à des manœuvres politiciennes et juridiques, à nuire au CDP en pleine reconstruction après la chute de son fondateur, Blaise Compaoré en octobre 2014.

En se posant garant d’une légalité dont la Justice s’est faite le porte-voix, la veille au soir de la tenue du congrès extraordinaire, il estime que rien ne devrait désormais les empêcher, lui et son équipe, d’aller de l’avant. Et ce, sans jamais oublier à aucun moment dans ses propos, de faire référence à Blaise Compaoré, le président d’honneur du parti, exilé en Côte d’ivoire et dont il réclame encore la possibilité de rentrer au Burkina Faso dit-il, avec, toutes les garanties de dignité.
Dans la soirée, les proches du président Komboïgo ont assuré le service après vente sur les plateaux télé, pour expliquer le bien fondé des ces décisions d’une extrême gravité. Pour Achille Tapsoba, le 1er vice-président du parti, ce qui vient de se passer, loin d’affaiblir le parti, apporte une clarification qui contribuera à ramener la sérénité et l’unité au sein du parti. "Ces camarades ont fait preuve d’une indiscipline notoire en entraînant la direction du parti devant la justice pour demander la suspension des organes, notamment le conseil national, le bureau politique national, le bureau exécutif national et le congrès, et le retrait du récépissé. En somme, la liquidation du CDP", a t-il expliqué à nos confrères de BF1. Sur le plateau de Burkina Info, son camarade chargé de la communication, Yves Milogo, ne disait pas autre chose, rappelant que les procès intentés sans cesse contre la direction du parti, alors que des procédures internes de règlement des différends sont prévues en interne, les "frondeurs" comme on les appellent, constituaient une menace permanente contre la vie du parti.

L’autre mesure prise lors de ce congrès porte sur la révision de l’article 32 des statuts qui limitait à 600 l’effectif du bureau politique national. Les congressistes ont ont levé la limitation "pour rassembler le plus large possible au moment où nous nous préparons à des élections", explique, Aboubacar Sannou, secrétaire générale à l’organisation.
La clarification étant à présent faite, la mesure d’exclusion par le congrès étant sans appel, reste maintenant au président et à son équipe, qui ont pris le risque d’écarter des ténors du parti, d’impulser une nouvelle dynamique dans les structures, galvaniser les militants pour la reconquête du pouvoir brutalement perdu en octobre 2014.
Une gageure !

Juvénal Somé et Joachim Vokouma
Kaceto.net