L’ancien ministre de la Sécurité sous la Transition, le Colonel Auguste Barry a dû sourire en lisant le compte rendu du conseil des ministres d’hier 11 octobre. On y apprend en effet que le conseil a adopté "un décret portant création d’un Centre national d’études stratégiques en défense et sécurité" dont la vocation sera "de traiter des problématiques liées aux questions de défense et de sécurité au niveau national et international".
Presque mot pour mot, le même nom qu’avait donné au Centre d’études stratégiques en défense et sécurité (CESDS) qu’il avait créé en 2016 et avec pratiquement la même mission.
Lancé en septembre 2016, le CESDS avait clairement dévoilé sa mission et ses ambitions : " le renforcement des capacités des décideurs, des outils de défense et de sécurité des Etats, des organes dédiés au secteur de la défense et la sécurité au niveau des organisations sous régionales et régionales, des ONG et autres structures intervenant dans la défense et la sécurité, des acteurs de la société civile, etc., et être un outil pertinent d’aide à la décision au service du développement et de la paix".
On connait malheureusement la suite. Quelques mois après le lancement du centre au cours d’un colloque international avec la présence de personnalités africaines dont l’ancien président ghanéen John Jerry Rawlings ainsi que son homologue sud-africain Tabo M’béki, le Colonel Auguste Barry a été interpellé en décembre 2017, puis déféré le 3 janvier 2018 pour "complot et incitation à la commission d’acte contraire à la discipline et au devoir".
Après une détention de 8 mois, il avait bénéficié d’une liberté provisoire le 28 août 2018 et son procès qui avait été annoncé comme imminent tarde à s’ouvrir.
"Vous serez édifiés" avait répondu Simon Compaoré, alors ministre d’Etat, ministre de la Sécurité aux journalistes qui étaient sceptiques quand à la crédibilité de l’accusation.
En décidant de créer lui-même un Centre national d’études stratégiques en défense et sécurité, le gouvernement reconnait sans le dire, le mérite de l’ancien ministre de la Sécurité d’avoir eu trop tôt une vision prospective des questions de développement et de paix.

Georges Diao
Kaceto.net