Via son compte Twitter, l’ancien président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire revient sur la journée du 23 décembre 2019 marquée par son retour manqué à Abidjan. Ci-dessous, son récit.

Chers Tous,

La journée du 23 décembre 2019 demeurera dans ma mémoire un bien triste et douloureux souvenir. La brutalité de la répression qui s’est abattue sur les adhérents de GPS et de tous les Partis politiques et mouvements politiques proches ainsi que des citoyens innocents est inacceptable.

Les instances de GPS, des Partis et Mouvements politiques doivent monter au créneau. Avant d’aller plus loin dans mon propos, j’adresse mes encouragements aux innocents et collaborateurs qui ont été arrêtés : leur seul crime, accueillir le candidat déclaré à la Présidentielle d’Octobre 2020. Déjà en Septembre 2019, suite aux révélations d’un sondage qui établissait mon avance en cas de la tenue l’élection présidentielle, la décision avait été prise de m’écarter de la course. En réalité, tout ce dilatoire est la résultante de la décision de M. Ouattara de faire un 3e mandat. Et se prévaudrait du soutien de la France. Pour autant, nous ne l’accepterons pas.

Pour revenir à la sinistre journée du 23 décembre 2019, il est à noter que nous avons tenu à ce que notre retour au pays natal se fasse dans le strict respect des lois. L’autorisation d’atterrissage a été dûment obtenue. Rien ne s’opposait donc à ce voyage du citoyen-candidat déclaré à la présidentielle. La direction de GPS avait imaginé les scenarii suivants :

 1- Le retour est encadré par la force publique ( le meilleur cas de figure).

 2- A l’atterrissage, une convocation de justice est notifiée.

 3- l’arrestation est opérée au pied de l’avion.

Tout ceci pour délit de candidature à la présidentielle d’Octobre 2020. 9h décollage du Bourget direction Abidjan. Nous prenons de l’altitude et sommes coupés de tout. À environ deux heures d’Abidjan, et dans le ciel du Niger, le commandant de bord affolé fait irruption dans notre cabine. « M. Soro, nous venons de recevoir une alerte grave de sécurité sur l’aéroport d’Abidjan ; notre avion pourrait faire l’objet d’un assaut. » Je n’en crois pas mes oreilles. Que se passe t’il ? Pour m’arrêter, on a point besoin d’un assaut. Me Affoussy Bamba Lamine est là pour les formalités. Le commandant de bord toujours à cran me dit : « M. Soro, nous ne pouvons plus rallier Paris. Il nous faut absolument atterrir soit à Niamey soit à Accra. Il n’y a pas d’autres options. » Je lui demande un temps de réflexion. Le commandant de bord revient plus affolé que jamais. Il semble que l’assaut se confirmerait. Et il décide d’enclencher un atterrissage d’urgence sur l’aéroport d’Accra. Nous voici donc sur la terre Africaine du Ghana. La décision est toute prise ; nous débarquerons sur Accra pour continuer notre périple s’il le faut.

Le commandant de bord serait, j’imagine très heureux de larguer là, ces passagers devenus forts encombrants. Je lui demande de contacter les autorités Ghanéennes pour notre débarquement. Niet ! La terre africaine du Ghana de Nkrumah nous est interdite à la demande du Président Ouattara. Après des heures de pourparlers, ne pouvant entrer dans la ville d’Accra, seuls des pays Européens acceptent notre atterrissage.

O Afrique mon Afrique. Nous redécollons ! Je m’interroge ! Sommes-nous ennemis à cause de la politique ? Il ne m’a jamais été notifié que ma terre natale m’était interdite. Le forfait après le crime, aux dernières heures, j’apprends que je suis l’objet d’un mandat d’arrêt international. Qui aurait cru cela possible de l’homme providentiel venu du FMI ? Moi le dernier. Et c’est bien fait pour ma gueule :

Chers tous, relevons nous. Je vous l’avais dit que notre combat pour la réconciliation, l’état de droit et la démocratie serait périlleux. D’autres iront en prison, d’autres seront tués. Mais même si nous restons dix, nous continuerons le combat pour la justice et la démocratie.

Guillaume Soro
Président de Générations et peuples solidaires ; candidat à la présidentielle de 2020