La Russie et la Gambie ont signé ce jeudi un accord de défense et de coopération militaire, quatre mois après l’ouverture d’une ambassade gambienne au pays de Vladimir Poutine. L’accord a été signé à Moscou par le Chef d’état-major général adjoint de l’armée russe, le général Vasily Tonkoshkurov et le chef d’état-major des Forces armées de Gambie, le lieutenant-général Ousman Badjie.

Selon les termes de l’accord rendus publics, le nouvel axe de la coopération militaire entre la Russie et la Gambie sera essentiellement centré sur la formation et l’assistance technique aux forces armées gambiennes. Une bouffée d’oxygène pour le Président Yahya Jammeh qui est de plus en plus isolé par ses anciens soutiens en matière de coopération dans le domaine de la défense. En effet, la Gambie reçoit traditionnellement une assistance technique militaire des armées américaine, britannique et turque. Trois pays où les militaires gambiens sont souvent formés dans leurs plus prestigieuses académies. Ses livraisons d’armes venaient souvent de Libye, d’Iran et de Russie.

Mais avec les violations manifestes des droits humains ainsi que les menaces et injures souvent proférées par le dictateur gambien, aussi bien les Etats-Unis que la Grande-Bretagne ont suspendu leur soutien, ne laissant le terrain qu’à la Turquie et récemment le Pakistan. A l’évidence, Yahya Jammeh ne veut plus s’en contenter, puisque la Libye de Mouammar Kadhafi a disparu et ne peut lui venir en aide, comme du temps où de nombreux officiers, triés sur le volet par Yahya Jammeh, y bénéficiaient de programmes de formation. D’autre part, l’Iran est en froid avec le président gambien, depuis l’histoire des armes iraniennes achetées par la Gambie et livrées à une faction des rebelles du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC).

La Russie veut poser un pied sur la côte atlantique

Confrontée à de graves défis économiques, avec la suspension de l’appui budgétaire européen, la fin de la diplomatie du chéquier née de la rupture diplomatique avec Taiwan, tout comme son exclusion du Millennium Challenge Fund ainsi que de l’accord préférentiel de l’AGOA par les Etats-Unis, la Gambie va mal et Jammeh, qui se sent menacé par une population de plus en plus contestataire, cherche coûte que coûte à renforcer son appareil militaire et sécuritaire. Ce qui est une opportunité pour la Russie qui cherche à poser un pied sur la côte atlantique, comme l’avait déjà fait savoir, en novembre 2014, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou. En juillet 2015, le président Vladimir Poutine a approuvé une mesure visant à donner à son pays une forte présence sur la côte atlantique en réponse à ce qu’il considérait comme "une expansion des troupes de l’OTAN", après l’invasion de l’Ukraine et les menaces russes contre leurs pays voisins.

Après avoir apposé sa signature, le lieutenant-général Ousman Badjie, chef d’Etat-major de l’armée gambienne, a déclaré que "l’accord va permettre à la Russie et la Gambie de consolider leurs points de vue sur diverses questions d’actualité dans le monde et intensifier les relations entre les deux forces de défense". Ce qui fait dire à une de nos sources au sein du gouvernement gambien, qu’en "signant un accord militaire avec la Russie, la Gambie espère non seulement obtenir un soutien financier pour l’aider à résoudre la crise économique et budgétaire devenue de plus en plus insupportable, mais Yahya Jammeh ouvre la porte à Moscou qui sera bientôt autorisé à utiliser Banjul pour accéder à l’Atlantique".

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