A mes amis et frères Amadou Cheffou Barre, Habibou Issa, et autres el hadj ! Je sais que ce que je vais dire ne va pas plaire aux fanatiques et faire réfléchir les plus raisonnables. J’ai bien le droit de m’adresser à qui je veux non ?

A tous les dignitaires musulmans qui ont la barbe jusqu’au nombril, et le turban jusqu’aux fesses. Mon grand-père a été à la Mecque à pied. A l’époque, le pèlerinage, ça prenait des années. Mon père construisait des mosquées. C’est dans cet environnement islamique que je suis né. Ma propre mère se prénommait Fatimata. Et on m’a donné comme prénom Sayouba, Taieb dans sa version Burkinabé. Mon malheur, c’est que j’ai étudié l’histoire. Pas la petite mais la Grande Histoire universitaire. Et c’est là que j’ai appris que c’est au septième siècle que le premier chef de guerre arabe et ses troupes ont quitté l’Arabie et ont franchi l’isthme de Suez. A l’époque, on n’avait pas creusé le fameux canal. Depuis ce septième siècle, les arabes musulmans et leurs alliés n’ont pas cessé de nous infliger des douleurs et des laideurs au nom d’Allah.
Je sais que dire ces choses m’expose à des risques. Alors cette question : c’est quoi cette civilisation, c’est quoi cette religion qui refusent la vérité ? En tous les cas, vous nous devez des excuses pour tout le mal que vous nous avez fait. Prince, Ibn ou Ben, vous nous devez des excuses. Nous, les Noirs, on ne vous a rien fait de mal. C’est vous les fautifs dans cette affaire. Vous avez tort, vous arabes musulmans et vos alliés, vous avez tort. Si vous refusez cette vérité, où est votre humanité ?
Aujourd’hui encore, vous financez des assassins qui viennent tuer des gens dans nos villages. Des gens qui ne vous ont rien fait. Le problème, c’est que la donne a changé. Nous ne vous laisserons plus nous infliger vos folies déterministes. Nous nous battrons parce que nous sommes tranquillement chez nous, et nous savons que nous sommes dans le vrai et le juste.
Si vous et vos gens vous devez me tuer pour ces mots, de simples mots qui disent la vérité, je suis prêt. On se verra au royaume d’Allah. Et je vous attends, les mains nues et sans aucune intention malveillante envers qui que ce soit.

Sayouba Traoré
Journaliste ; Ecrivain