Depuis janvier 2016, des terroristes s’acharnent sur le Burkina en s’en prenant, sans distinction, aux forces de défense et de sécurité et aux civils. Ils rêvent de faire de notre pays un califat pour y instaurer la charia. Un projet voué à l’échec.

C’est le trait commun de tous les discours de vœux du personnel politique burkinabè à l’occasion du nouvel an : au plan sécuritaire, l’année 2019 a été difficile pour nous. Elle a commencé et s’est achevée dans le sang, les pleurs, les supplications de veuves et d’orphelins, les appels au secours et à la solidarité des déplacés, d’écoles fermées. La cohésion sociale a été mise à rude épreuve. Les barbares ont continué leur sale besogne. Ils ont tué, toutes religions confondues, des fidèles qui ont eu tort de s’être réunis pour prier.
A Ouahigouya, Barsalgho, Foutouri, Natiaboani, Diabatou, etc., ils s’en sont pris, avec une sauvagerie sans nom, à des femmes et à des enfants sans défense, à des chefs religieux, à des élus locaux et à des leaders communautaires.
Témoignage d’un conseiller municipal recueillis quelque part début décembre 2019 dans la région de l’Est : "Un matin, je venais à peine de prendre mon petit déjeuner quand deux terroristes sont arrivés chez moi. Un était clair, grand, très mince et portait de longs cheveux. L’autre était enturbanné et on voyait ses yeux à peine. Le teint clair m’a dit qu’ils étaient venus faire des wazous dans la zone (les prêches musulmanes) et nous apprendre comment il faut prier parce que nous sommes dans le faux. Il m’a sommé de ne plus couper ma barbe et de porter des pantalons qui ne descendent pas plus bas que le tibia. Que les femmes doivent se couvrir d’une longue tunique jusqu’aux chevilles, qu’on doit arrêter de vendre la cigarette, la bière et que les prostituées doivent disparaître.
Celui qui était enturbanné n’a rien dit. Quand ils sont partis, j’ai compris qu’il fallait que je fuis ma maison. Par des voies détournées, j’ai rejoins Fada. Quelque temps après, ils sont revenus et ont demandé à mon premier fils si j’étais là. Il a dit non. Un d’eux a introduit le bout de son arme dans la bouche de mon fils et a tiré. Ils ont abattu ensuite mon neveu qui a tenté de se réfugier quelque part. Quand mon beau-père qui était venu nous rendre visite leur a demandé pourquoi ils font ça, ils lui ont explosé la poitrine. Ma femme a été témoin de cet horreur".
Ce témoignage illustre à lui seul l’ignominie de ces crétins qui prétendent apporter la lumière aux cafres. Leur objectif, c’est créer le chaos là où ils passent. Ils ne portent aucun de société humainement viable. Ce qui les horripile, c’est notre modèle social, nos valeurs et la liberté avec laquelle nous vivions nos croyances.
Pervers sexuels comme on a pu le découvrir à Raqqa et à Alep, en Syrie suite aux bombardements de la coalition internationale, voir nos filles, cheveux au vent, porter des pantalons taille basse, laisser deviner leurs atouts et vaquer à leurs occupations sans la surveillance d’un homme, insupporte ces imbéciles adeptes de la pureté "islamique".
Après l’Afganistan, l’Irak, la Syrie, le nord Mali, nous savons désormais quel est le contenu exact de leur projet de société et leur stratégie pour l’imposer dans le monde.
Dans "Gestion de la barbarie", Abou Bakr Naji, de son vrai nom, Awad Ibrahim al-Badri al-Samarraï, un des fondateurs de l’Etat islamique, détaille comment en trois étapes, s’emparer du territoire d’un pays et l’administrer.
D’abord, harceler l’ennemi continuellement par le biais d’attentats pour l’affaiblir moralement et matériellement. Ensuite, administrer la sauvagerie dès qu’on s’empare d’un morceaux du territoire et enfin, y proclamer le califat.
Quand au programme de la gouvernance islamique, il consiste à faire régenter tout l’ordre social par la religion et mater toute contestation. L’objectif n’est pas de gagner la sympathie de la population, mais de neutraliser toute velléité de résistance.
Pour mille raisons, ce projet de société tel que décliné, n’a aucune chance de prospérer dans notre pays, pas plus qu’il n’a prospéré ailleurs longtemps.
Premièrement, les barbares seront défaits par l’armée burkinabè comme ils l’ont été dans d’autres pays. Certes, beaucoup de ces messagers de la terreur sont d’anciens soldats de l’armée d’Irak de Sadam Hussein, de la Syrie et de la Libye déstructurée par les Occidentaux. Précieux alliés des marchands d’armes, ils savent manier toutes sortes d’engins de la mort. Lorsqu’ils vont sur le théâtre des opérations, c’est pour y rester. C’est programmé dans leur tête que des idéologues ont vidée avant d’y semer les graines de la haine et la violence gratuite. Pis, "bourrés de testostérone et trop moches pour se trouver une femme dans ce monde" comme les décrit le biologiste américain Richard Dawkins, ils trouvent une motivation particulière à tuer des "infidèles" à l’idée d’être récompensés par sept mille filles vierges qui les attendent dans l’au-delà. Dans son terrier d’Abattobad, en banlieue pakistanaise avant d’être abattu par les Américains le 2 mai 2011, Oussama ben Laden se préparait à cette vie de félicité en visionnant des films pornos !
Mais il n’y a pas de doute que l’armée burkinabè va débarrasser notre pays de ces méchants enturbannés qui s’acharnent sur nous depuis 2016. C’est une question de temps.
Comme toutes les armées d’autres pays qui ont été confrontées à ce type de guerre, les Forces de défense et de sécurité (FDS) ont donné le sentiment d’être impuissantes devant les attaques meurtrières à répétition. Beaucoup de Burkinabè ont pu douter, à raison, de leurs capacités à les protéger.
Les ajustements nécessaires semblent à présent avoir été opérés et depuis des semaines, les nouvelles qui parviennent des différents théâtres d’opérations sont bonnes. L’armée enregistre des résultats plus qu’encourageants. De Pama à Ongodoum en passant par Bagré, Pô, Yensé et surtout Arbinda, les FDS ne cessent d’infliger des défaites à l’invisible ennemi. A l’évidence, il y a désormais un avant et après Arbinda. La peur a changé de camp.
Deuxièmement, le projet islamiste n’a pas d’avenir au "Pays des hommes intègres" parce que le Burkina est un état laïc, démocratique et unitaire où la très grande majorité des musulmans sont libéraux dans leurs relations aux autres. Ils fréquentent les mêmes lieux de loisirs et de réjouissance que les non musulmans et ils ne cherchent nullement à imposer leur religion aux autres. Il y a certainement dans certains quartiers de Ouaga des pratiques inquiétantes qui peuvent dériver vers l’intolérance religieuse. Une minorité croit dur comme fer que la solution à nos problèmes passe par l’application de la charia et le contrôle rigide des mœurs. Les pouvoirs publics devraient y prêter plus d’attention. Mais leur nombre est si infime qu’il faut une loupe pour l’apercevoir. De ce fait, ils ne peuvent constituer une base sociale critique sur laquelle s’appuyer pour créer les conditions de l’avènement d’un état islamique. Le projet que nourrissent les terroristes pour notre pays est donc voué d’avance à l’échec. Ceux qui, parmi nos compatriotes, se sont embarqués, peut-être de bonne foi dans cette sale aventure meurtrière sans issue doivent se ressaisir et revenir à la maison.

Joachim Vokouma
Kaceto.net