Le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) a tenu ce matin sa première conférence de presse l’année 2020. Au menu des échanges avec les journalistes, la lutte contre le terrorisme, le double scrutin présidentiel et législatif en fin d’année, le bilan du gouvernement, le débat sur la future monnaie de la CEDEAO et le sommet de Pau prévu le 13 janvier entre le président français et ses homologues du G5 Sahel

Le président par intérim du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), Simon Compaoré et le 2è vice-président, Clément Sawadogo étaient les principaux orateurs de la première conférence de presse de l’année 2020 tenue ce matin au siège du parti.
Après avoir présenté les meilleurs voeux de bonne "santé de fer" aux journalistes, Simon Compaoré a invité les Burkinabè au "patriotisme, autour de la mère patrie et de ses institutions". Bien évidemment, la question sécuritaire devenue "la priorité principale du président Roch Kaboré" a occupé une bonne place dans son propos introductif. Après les ajustements opérés dans la lutte contre le terrorisme, le "MPP se réjouit "du regain de puissance de nos Forces de défense et de sécurité engagées dans la lutte contre le terrorisme. Depuis un certain temps, nos soldats donnent héroïquement le change à ces démoniaques qui ont causé assez de torts aux populations civiles et à nos soldats", a t-il déclaré, invitant le président et gouvernement "à poursuivre leurs efforts dans l’équipement, la formation et la motivation de nos troupes et à accélérer la mise en œuvre du processus de recrutement et de déploiement de volontaires dès l’autorisation de l’Assemblée nationale".

Le MPP félicite par ailleurs le gouvernement d’avoir recueilli "les orphelins de 2 à 59 mois qui ont perdu leurs mères assassinées le 24 décembre dernier à Arbinda par la horde terroriste" et demande au peuple burkinabè "l’organisation d’une chaîne de solidarité et d’entraide pour aider le gouvernement dans l’accompagnement de ces pauvres innocents".
L’année 2020, on le sait, marque la fin du mandat du président Roch Marc Christian Kaboré, lequel a déjà annoncé son intention de solliciter un deuxième et dernier mandat de cinq ans comme le prévoit la constitution. "Le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré montera lui-même au créneau pour se plier à l’obligation de redevabilité devant le peuple qui lui a fait confiance en le légitimant à cette charge dès le premier tour du scrutin en 2015. Il le fera avec fierté et plaisir et avec toute la solennité que requiert cet exercice" a annoncé Simon Compaoré, car, poursuit-il, "l’élu de la nation, Roch Marc Christian Kaboré a bel et bien un bilan à présenter en fin 2020".
A ceux qui douteraient de la tenue des élections, le président par intérim du MPP s’est voulu rassurant : "Ces échéances électorales se tiendront à bonne date, comme le prévoit la Constitution. C’est une exigence de la démocratie, conforme du reste, aux conclusions du dialogue politique tenu en juillet 2019 à l’initiative du Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré" a t-il déclaré, soulignant au passage que pour la première fois, les Burkinabè de l’extérieur prendront part au scrutin.
Au plan économique, en dépit du contexte sécuritaire difficile, le MPP se dit satisfait du bilan de la mise en oeuvre à 70% du Plan national de développement économique et social (PNDES) sur la période 2016-2019. "Notre économie, malgré les chocs terribles, s’inscrit désormais dans une dynamique de croissance plus forte de 6,3% en moyenne entre 2016 et 2018 contre une moyenne de 5,4% sur la période 2011-2015. De grands chantiers ont été exécutés ou sont en voie de l’être", s’est-il félicité , citant en exemples les "la réalisation d’infrastructures routières ; le renforcement des capacités opérationnelles et organisationnelles de nos vaillantes FDS ; la gratuité des soins pour les enfants de 0 à 5 ans et les femmes enceintes, les soutiens de l’Etat aux paysans, pour l’amélioration de la production agricole et sa transformation ; la construction de forages et de retenues d’eau ; l’amélioration de l’offre énergétique ; la construction d’infrastructures scolaires ; etc".
Abordant les réformes sur le F CFA annoncées à Abidjan le 21 décembre, le parti majoritaire considère qu’il s’agit d’une étape franchi sur le chemin de la souveraineté monétaire des pays membres de l’Union économique des états d’Afrique de l’ouest (UEMOA). "Le MPP salue ce changement radical des modalités aussi bien dans la symbolique que dans les faits de la coopération entre les Etats africains et la France surtout dans le domaine monétaire" et attend "des avancées rapides dans le processus CEDEAO qui, à terme, donnera un nouveau visage à la dynamique monétaire et économique de nos Etats".

S’exprimant sur le prochain sommet de Pau en France devant réunir le 13 janvier le président français et ses homologues des pays membres du G5 Sahel , le MPP considère "qu’au regard des flottements constatés sur le terrain des opérations militaires qui ont fini par susciter des interrogations au sein des opinions publiques" le rendez-vous de Pau est l’occasion pour l’ensemble "des acteurs de rechercher les voies pour asseoir une bonne coordination des actions, doublée d’une confiance mutuelle et de se dire des choses".
Interrogé sur le cocktail molotov lancé dans la nuit du 6 au 7 janvier dans le véhicule du journaliste Ladji Bama garé dans sa cour et qui l’a endommagé, Simon Compaoré "condamne cet acte avec force car ce n’est ni normal ni acceptable dans un Etat de droit". Il invite les autorités à tout mettre en oeuvre pour "retrouver le ou les auteurs et les punir à la hauteur de la gravité de l’acte posé".
Sur l’opposition des syndicats au prélèvement de l’IUTS sur les primes et indemnités des fonctionnaires, le 2è vice président du MPP, Clément Sawadogo considère qu’il s’agit d’une mesure d’équité et de justice fiscale, relevant au passage que les salariés du secteur privés sont soumis à ce prélèvement depuis des années. "Soit on harmonise en imposant aussi les fonctionnaires, soit on supprime carrément l’IUTS comme le demandent les syndicats. Mais, le supprimer aura des conséquences désastreuses pour les finances publiques ; c’est se priver de milliards pour construire des écoles, des forages, des centres de santé et de promotion sociale, etc.", explique Clément Sawadogo.
Enfin, sur la tenue d’un forum de réconciliation nationale demandée par le chef de file de l’opposition dans ses vœux de nouvel an, Simon Compaoré n’y voit pas de problème puisque "lors du dialogue politique tenu en juillet à l’initiative du président Roch Kaboré, il a été convenu de se retrouver sur le sujet".

Dominique Koné
Kaceto.net