Aggravation de la crise sécuritaire, vote de lois à la dernière plénière de l’Assemblée nationale, enrôlement des Burkinabè de la diaspora sur le fichier électoral, santé du Général Djibril Bassolé et le classement du Burkina Faso dans le rapport 2019 de Transparency International étaient les points à l’ordre du jour du face à face avec la presse hier 28 janvier 2020.

Augustin Loada, président du Mouvement Patriotique pour le Salut (MPS) ; et Amadou Diemdioda Dicko, vice-président de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) étaient les orateurs du point de presse hebdomadaire du CFOP du mardi 28 janvier 2020. Selon le président du MPS, Augustin Loada, la crise sécuritaire que notre pays connait depuis quatre ans est malheureusement en train de prendre de l’ampleur, à travers les énormes pertes en vies humaines. "Nous apprenons qu’un nombre indéfini de nos compatriotes, des dizaines selon certains, ont été encore massacrés à Silgadji dans le Soum par des hommes non identifiés. Pourtant, l’alerte avait été donnée sur le danger imminent que courraient les populations du village de Silgadji", a souligné le président du MPS.
Pour l’opposition, vu que les civils sont de plus en plis frappés par les actes terroristes, il appartient au gouvernement de donner des moyens de combat nécessaires aux Forces de défense et de sécurité, et d’organiser les renseignements et les relais locaux pour contrer ces actes barbares.
L’Opposition burkinabè se réjouit du lancement d’un recrutement de 2000 militaires de rang, mais estime qu’il faudra non seulement poursuivre ces efforts de recrutement, mais aussi s’assurer que leur formation répond aux défis vitaux de l’heure, et qu’ils seront dans des conditions optimales qui leur permettront de défendre vaillamment la patrie comme leurs devanciers.

Autre point évoqué hier lors du point de presse, les travaux de la dernière session de l’assemblée nationale avec le vote des lois relatives à la sécurité et aux élections et les enquêtes parlementaires sur les télécommunications et les sociétés immobilières décidées. Sur la loi relative au recrutement des volontaires pour la défense de la patrie qui a été votée à l’unanimité, Augustin Loada considère que c’est par patriotisme que les députés de l’opposition l’ont fait. ll se réjouit du fait que plusieurs préoccupations de députés ont été prises en compte par le gouvernement, notamment, la clarification du contrat des volontaires, leur formation, équipement et rémunération, leur démobilisation-désarmement-réinsertion (DDR). "Ceux qui reprochent à l’opposition de ne pas proposer des solutions devraient noter, une fois de plus, que l’opposition donne ses idées et sait taire sa désapprobation quand l’intérêt supérieur de la nation est en jeu" a t-il souligné.
Sur les enquêtes parlementaires décidées par l’assemblée nationale sur la téléphonie mobile et les sociétés immobilières, l’opposition estime qu’elles vont dans le bon sens, mais se demande ce qui sera fait des résultats obtenus.
Allusion aux enquêtes sur le foncier et les titres miniers menées sous l’ancien président de l’Assemblée nationale, feu Salif Diallo dont on attend toujours que des suites soient données aux recommandations. "Les deux enquêtes annoncées risquent d’être de la poudre aux yeux quand on sait que ce sont les protégés du régime en place qui sèment le désordre dans la promotion immobilière, et qui se retrouvent dans certaines sociétés de téléphonie mobile", craint Augustin Loada.
Concernant l’enrôlement des Burkinabè de l’Extérieur, il est ressorti d’après l’opposition que sur le fichier électoral, seulement 22.858 personnes ont pu effectivement s’enrôler à la fin du processus, c’est à dire le 26 janvier.
Pour l’opposition, ce résultat est un "échec programmé par le pouvoir en place", car, dit-elle, "le MPP a posé plusieurs barrières pour empêcher un vote massif de nos concitoyens de la Diaspora. Des pièces de votations aux lieux de vote en passant par le cafouillage entre l’ONI et la CENI, tout a été savamment orchestré pour en arriver à ce résultat squelettique".
L’Opposition demande que, conformément aux nouvelles dispositions du Code électoral, notamment concernant la décentralisation des lieux de vote à l’étranger, la période d’enrôlement puisse être prorogée. Il appartient à nos autorités de négocier avec les pays hôte, afin d’amener les kits vers les lieux de concentration de nos compatriotes.
Se prononçant sur la santé du général Djibril Bassolé [finalement évacué hier soir en France, NDLR], le CFOP rappelle qu’elle avait adressé une lettre au président du Faso, pour attirer son attention sur l’urgence de lui permettre d’aller à l’étranger se faire soigner et revenir purger sa peine. Ayant appris que le patient avait obtenu son visa pour la France, l’opposition lui souhaite un prompt rétablissement.
Le dernier point évoqué par le CFOP a porté sur le dernier rapport 2019 de l’ONG Tansparency International sur l’indice de perception la corruption.
Faut-il le rappeler, chaque année, l’ONG note les pays et territoires selon leurs niveaux perçus de corruption dans le secteur public, en s’appuyant sur 13 évaluations d’experts et des enquêtes menées auprès de chefs d’entreprises. L’indice utilise une échelle de zéro (fortement corrompu) à 100 (très peu corrompu).
En 2015, le Burkina Faso était classé 76e sur 167 pays avec un score de 38 sur 100. En 2016, notre pays s’est retrouvé au 72e sur 176 avec un score de 42 sur 100. En 2017, le pays est classé au 74e rang sur 180 pays avec le même score, 42 sur 100. En 2018, il est classé au 78e rang sur 180 avec un score quasi identique, de 41 sur 100. Enfin, en 2019, notre pays est classé 85è avec un score presque identique de 40 sur 100. "Au total, entre 2016 et 2019, le régime du MPP a réussi en 4 ans de mandat la triste performance de hisser le pays des hommes intègres de la 72ème à la 85ème place dans le classement de Transparency international. Ce qui signifie que notre pays avec un score oscillant entre 42 et 41 sur 100, est perçu comme de plus en plus corrompu", s’indigne Augustin Loada.
En cette année électorale, l’Opposition craint que la situation s’empire et lance un appel à tous les acteurs de la lutte contre la corruption à se mobiliser pour juguler ce phénomène qui annihile les efforts de développement et de consolidation de notre fragile démocratie. Elle suggère également que l’état mettre en oeuvre les recommandations de Tranparency international afin de faire reculer la corruption et d’améliorer la bonne gouvernance.

Frédéric Tianhoun
Kaceto.net