Elle a beau crier à la chasse aux sorcières, l’étau se resserre un peu plus autour de la fille de l’ex-président angolais, José Eduardo dos Santos. Accusée par la justice angolaise de « détournements de fonds, blanchiments d’argent, abus de biens sociaux et trafic d’influence », la justice portugaise, dernière à se réveiller, a ordonné le gel de 12 de ses comptes bancaires, après le gel de la totalité de ses avoirs dans son pays. Le gel concerne aussi les avoirs de son mari, Sindika Dokolo, collectionneur d’art référencé dans le marché des pierres précieuses.

Cette décision de la justice portugaise annoncée ce mardi 11 février fait suite à une demande insistante du procureur général de l’Angola, Helder Pitta Gros, à la justice portugaise et à une visite du président angolais, Joao Lourenco, en Allemagne où il a réitéré devant la chancelière Angela Merkel la volonté de son pays de recouvrer ses avoirs transférés de manière illicite. Le maître des poursuites s’était d’ailleurs rendu en personne à Lisbonne pour plaider devant les autorités portugaises. Aux yeux du procureur, il était nécessaire de geler les investissements d’Isabel Dos Santos au Portugal car provenant des « fonds détournés ». Impliquée dans un vaste scandale de corruption, lorsqu’elle dirigeait la Sonangol, la fille de l’ex-président angolais, Eduardo Dos Santos (qui a dirigé l’Angola pendant 38 ans) aurait « siphonné l’économie angolaise et accumulé de manière frauduleuse une fortune estimée à 2,1 milliards de dollars ». Ce sont là les quasi-conclusions de l’enquête « Luanda leaks » coordonnée par un consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) publié le 19 janvier dernier. D’ailleurs, Isabel Dos Santos, annonçait vouloir attaquer ce consortium d’investigation dirigé par des lanceurs d’alertes et, surtout, par un célèbre avocat français habitué de l’Afrique.

« Tous les investissements que j’ai réalisé au Portugal ont été validés par les autorités, donc tout a toujours été transparent », se défend la femme d’affaires de 46 ans. Les derniers éléments dans le dossier de ses avoirs au Portugal ne plaident pas non plus en faveur d’Isabel Dos Santos. Selon les révélations des médias portugais, la banque portugaise EuroBic dont elle est la principal actionnaire a indiqué que « la femme d’affaire allait vendre ses parts, c’est via cette banque qu’elle aurait transféré des fonds d’origine douteuse au Portugal ». Un autre élément tout aussi troublant : la police portugaise a annoncé il y a quelques jours « la mort par suicide d’un banquier portugais visé par la justice angolaise qui se trouve être le gestionnaire des comptes d’Isabel Dos Santos pour EuroBic… ». Celle qui vit aujourd’hui en exil entre Londres et Dubaï depuis l’implosion de la galaxie Dos Santos risque pour tous les chefs d’accusation, jusqu’à 30 ans de prison dans son pays.

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