Le CDP va t-il parvenir à se débarrasser des démons de la division qui minent son fonctionnement et compromettent son retour aux affaires dans un avenir proche ?
Le contenu du texte ci-contre, qui est manifestement proche du président Eddie Komboïgo, autorise à poser cette question.

Le Congrès ordinaire des 5 et 6 mai 2018 a été l’occasion pour le parti de Blaise Compaoré d’innover en élisant pour la première fois de son histoire, le président de cette organisation depuis sa création en 1996.
C’est acte rompait avec des pratiques d’un autre temps où les professions de foi démocratiques des acteurs n’avaient rien à voir avec ce qu’ils faisaient réellement.
Cet acte qui a consisté à élire le président du CDP civilisait par la même occasion les relations internes de ce parti longtemps sous l’emprise d’une gouvernance dynastique. En effet, les tendances lourdes de ce parti qui a servi pendant dix huit ans Blaise Compaoré ont du mal à s’adapter à la nouvelle dynamique insufflée par des jeunes cadres historiquement libres. La majorité de ces jeunes cadres se sont construits en toute indépendance financière et politique, contrairement à la plupart des nostalgiques qui doivent leur être social et financier au règne de Compaoré.
Les tensions à l’intérieur de ce parti correspondent à l’expression de ces forces diamétralement opposées en termes de construction de l’avenir. Des caciques viscéralement liés au clan Compaoré, envisagent l’avenir comme un retour du clan pour une pratique politique des privilèges perdus. La jeune classe de cadre mordue aux affaires et à l’indépendance économique et politique pour avoir suscité l’élection du président du parti, envisage une gouvernance déconnectée des dynasties et orientée par les exigences des attentes des populations. Ils entendent concrétiser la devise du Congrès pour la Démocratie et le Progrès : Démocratie, progrès, justice.
La démocratie est devenue la méthode incontournable de gouvernance à l’intérieur du parti. Toutes les décisions à toutes les instances se prennent selon ce mode. Cela ne va pas sans inconvénients pour les habitués du système déchu. A défaut d’avoir une majorité démocratique pour mettre en œuvre leurs visées politiques, certains ont opté pour la force sans succès, d’autres ont fait appel aux tribunaux sans obtenir le gain escompté : la décapitation de la direction actuelle et surtout du président élu du CDP. Au regard de leurs actes, le CDP serait une propriété réservée.
Le progrès est le sens de l’évolution attendue dans l’histoire des peuples et des nations. Progresser par rapport au passé, telle la conviction de la jeune équipe dirigeante du CDP. Mais, elle rencontre des résistances internes des caciques nostalgiques du passé.
La justice apparaît comme la garantie des valeurs sociales, politiques et économiques. La direction du CDP en est consciente même si certains de ses camarades ont des dossiers pendants dans les tribunaux. Elle rencontre une vive opposition de certains caciques qui préfèrent instrumentaliser la justice pour la subordonner à des intérêts privés. Rien n’augure un avenir serein de ce parti d’autant plus que la directive devant permettre l’élection du futur candidat officiel du parti aux prochaines élections présidentielles se fait attendre du fait que la démarche réglementaire et démocratique du parti ne conviendrait pas à certains.
Permettre à tous les cadres du parti, en règle avec les textes de l’organisation et de la loi du Faso, de prendre part librement à cette compétition, tel est le sens de la directive soumise au président d’honneur. Mais, sa réponse se fait attendre depuis plusieurs mois. Cette durée dans le temps rappelle des pratiques passées dans la stratégie de gouvernance. Faire patienter, user avec le temps les nerfs, puis faire une contre proposition pour déstabiliser ceux qui ne font pas le choix du roi. Car nécessairement, ces non-désirés du roi, commettront des impaires, et de ce fait, seront exclus de la compétition.
La direction du CDP pourra-elle résister aux forces hostiles aux changements qualitatifs impulsés au parti depuis le 7è Congrès ?

Yandé Ilboudo
Militant du CDP