Le président russe Vladimir Poutine a soumis au Parlement de nouveaux amendements constitutionnels, introduisant la mention de Dieu dans la Constitution et fixant le principe qu’un mariage n’est possible qu’entre un homme et une femme, a-t-on appris lundi.

Poutine a annoncé en janvier que la Russie allait amender sa Constitution de 1993, une initiative largement considérée comme visant à organiser l’après-2024, année où s’achève son quatrième et dernier mandat présidentiel.

Ces amendements constitutionnels ont été adoptés à l’unanimité par les députés en première lecture mais Vladimir Poutine a soumis 24 pages supplémentaires d’amendements avant la seconde lecture, la plus importante, prévue le 10 mars, a annoncé lundi le président de la Douma, Viatcheslav Volodine.
« Les amendements du président sont le résultat de son dialogue avec les représentants de toutes les factions et de la société civile », a-t-il indiqué dans un communiqué publié par la Douma, la chambre basse du Parlement russe.
Ces amendements prévoient que la mention de « la foi en Dieu » des Russes soit introduite dans la Constitution et stipulent qu’un mariage est l’union d’un homme et d’une femme, a précisé à l’AFP le vice-président du parlement, Piotr Tolstoï.

« Je pense que la plupart des propositions qui ont été discutées ont été prises en compte », a-t-il déclaré à l’AFP.

Ces nouveaux amendements interdisent aussi que des portions de territoire russe soit donnés à des Etats étrangers et rendent illégal tout appel ou action en ce sens.

Selon l’acteur Vladimir Machkov, membre du groupe de travail formé par le Kremlin pour plancher sur la réforme constitutionnelle, cet amendement permettrait de garantir que la péninsule ukrainienne de Crimée, annexée en 2014, ou les îles Kouriles disputées avec le Japon, restent russes même après le départ de Vladimir Poutine.

Le président russe avait évoqué l’idée de fixer le principe de l’interdiction du mariage entre personnes du même sexe mi-février, lors d’une rencontre avec un groupe de travail chargé de plancher sur les changement.

La majorité des amendements votés par la Douma en première lecture étaient de nature plus institutionnelle, visant notamment à renforcer les pouvoirs présidentiels. Un « vote populaire » aux contours encore flous doit être organisé le 22 avril pour adopter ces changements.

La semaine dernière, entre 10.500 personnes selon la police et 22.000 selon une ONG ont manifesté en mémoire de l’opposant assassiné il y a cinq ans Boris Nemtsov, mais aussi pour protester contre ces réformes constitutionnelles.

Selon un récent sondage du centre indépendant Levada, seuls 25% des Russes sont prêts à voter en faveur des changements constitutionnels, tandis que 65% disent ne pas comprendre ce qu’ils signifient. Les personnes interrogées sont divisés sur l’avenir du président : 44% veulent le voir quitter le pouvoir après 2024, 45% le voir rester.

Pour des analystes, les changements sociétaux que le président propose d’introduire dans la Constitution sont un moyen de convaincre les Russes de prendre part

Agence France Presse