Je propose six indicateurs sémantiques pour « modéliser » la mise en scène du Coronavirus COVID-19 dans les titres des publications francophones en ligne dans la période du 1er février 2020 au 05 mars 2020.

Je rappelle que les Coronavirus sont une grande famille de virus qui provoquent des maladies pouvant aller d’un simple rhume à des pathologies plus sévères comme le MERS-COV ou le SRAS. Le virus identifié en janvier 2020 en Chine est un nouveau Coronavirus. C’est la maladie provoquée par ce Coronavirus qui a été nommée « 2019-nCoV » puis rebaptisée « COVID-19 » pour en faciliter la prononciation et la mémorisation.
Je rappelle aussi fort utilement que les principaux symptômes de cette maladie sont la fièvre ou la sensation de fièvre associées à des signes de difficultés respiratoires de type toux ou essoufflement. Comme pour beaucoup de maladies infectieuses, les personnes souffrant de maladies chroniques (diabète, hypertension, bronchites chroniques…), les personnes âgées ou fragiles présentent un risque plus élevé. Aucun cas grave d’infection n’a encore été documenté chez les enfants de moins de 9 ans. Mais attention, le virus circulerait aussi chez eux, mais sous les radars. Les enfants peuvent donc être de bons vecteurs de ce virus auprès des personnes âgées par exemple. D’autant plus que le Coronavirus COVID-19 se transmet par des gouttelettes émises par une personne infectée, en particulier lors de contacts étroits.
Le graphique ci-après permet d’identifier trois temps forts de la mise en scène discursive (Je vous épargne la « cuisine interne ») :

 Le premier temps fort met en évidence l’apparition du Coronavirus COVID-19 en Chine (« Cov_EnChine » sur le graphique) lestée de sa série de bilans macabres
(« Bilan (épidémie, morts) » sur le graphique) de la vague épidémique qui a saisi l’Empire du Milieu. Pour rappel, les premières personnes à avoir contracté le Coronavirus COVID-19 s’étaient rendues au marché de Wuhan dans la province de Hubei en Chine. Dans ce marché se pratiquaient des ventes illégales d’animaux sauvages à des fins de consommation. C’est pourquoi l’hypothèse d’une maladie transmise par un animal (zoonose) est privilégiée même si l’origine n’est pas confirmée à ce jour.

 Le deuxième temps fort est marqué par la mise en scène des notions de voyage et de tourisme (« Voyage,Tourisme » sur le graphique). Il faut bien voir que la thématique du voyage, des transports (aériens et maritimes notamment) et du tourisme en particulier devient centrale au moment où le coronavirus COVID-19 commence à se répandre hors de la Chine. Nous savons que depuis l’aube des temps, les virus se propagent dans le monde, « accrochés » aux voyageurs et à leurs valises (On relira avec intérêt l’histoire de la peste d’Athènes en 430 avant J.C. Ou celle de la variole, de la rougeole, de la syphilis et du typhus entre l’Europe et l’Amérique. Ou encore, celle de la grippe espagnole. N’en parlons pas des maladies liées à l’expansion coloniale comme celle de la fièvre jaune qui, importée d’Amérique, ravagea, en 1901, le Sénégal).
Les virus ne connaissent pas les frontières, même si la peur souvent irrationnelle conduit ici ou là à des tentations de fermeture, de « racisme médical », faisant de l’autre (le chinois aujourd’hui, mais plus généralement le voyageur venant des zones dites à risque) le porteur d’un germe contagieux. Dans les faits, nombre de pays prennent des mesures d’interdiction de territoire ou de mise en quarantaine des voyageurs provenant de pays touchés.

  Le troisième temps, celui que nous vivons en ce moment est marqué dans les discours par l’accent mis sur la problématique de la propagation explosive
(« propagation,Expansion » sur le graphique) du Coronavirus COVID-19 hors de Chine (Cov_HorsChine » sur le graphique). L’importation de cas de COVID-19 depuis la Chine dans d’autres pays a été observée dès le début de l’épidémie à Wuhan, mais s’est intensifiée depuis mi-février. Au 7 mars 2020 à 13h, 93 pays ont rapporté 101 855 cas confirmés, parmi lesquels 3 488 sont décédés (3,4 %). Les pays hors Chine les plus touchés aujourd’hui sont la Corée du Sud, l’Italie et l’Iran. L’enjeu ici est d’informer pour sensibiliser, détecter, prévenir, modifier les comportements individuels et collectifs afin de freiner, d‘endiguer la propagation du virus COVID-19 (cf. « Informer,Prévenir,Contenir » sur le graphique), en attendant de trouver un médicament efficace ou un vaccin. La pandémie, même si l’on n’y est pas encore, n’est peut-être pas loin.

Ousmane SAWADO, Expert TM et Analyse sémantique – Kaceto.net