Hier 16 mars, le Collectif Syndical CGT-B et l’Union d’action syndicale étaient face à la presse à la Bourse du travail pour expliquer le sens de la suspension de la marche-meeting qui devait avoir lieu aujourd’hui et annoncer des changements dans la lutte contre l’application de l’IUTS.

Sur la suspension de la marche-meeting qui était prévue aujourd’hui 17 mars, Bassolma Bazié, sécretaire général de la CGT-B prévient : « Ce n’est pas un recul de l’UAS. L’annulation ici n’a rien à voir avec une question de reculer mais comme nous l’avons dit, nous avons fait preuve de maturité », expliquant que c’est à cause de la pandémie du Coronavirus que la manifestation a été suspendue. D’ailleurs, a-t-il confié, il n’avait pas été demandé une quelconque autorisation à la mairie ni à qui que ce soit. Pour ce qui est du traitement de la pandémie du Coronavirus, Bassolma Bazié et ses militants notent une insuffisance des mesures prises pour y faire face, et raillent nos dirigeants qui se référent trop souvent à ce qui se fait en France, alors que là, ils copient mal les bonnes pratiques de l’Hexagone.
" Dans ces pays, les mesures qui ont été prises ont été soumises à des concertations. Que ça soit en France ou aux Etat Unis, quand il y a ce genre de chose, ces pays convoquent tous les acteurs pour une concertation avant de prendre certaines mesures. Quand il y a une telle épidémie et qu’on dit aux gens qu’ils doivent avoir du savon et du gel, des masques, il faut disposer de moyens pour pouvoir en acheter, par conséquent il faut desserrer l’étau sur le pouvoir d’achat des travailleurs pour qu’ils puissent acheter tout cela », a-t-il argumenté. La mesure fondamentale dans un pays qui se veut démocratique, d’après lui, quand il y a un souci de telle envergure, c’est la concertation avec tous les acteurs. « On ne part pas s’asseoir à huit clos et on prend des mesures alors que tous les acteurs devraient être intégrés ».

Il regrette que même les médecins qui sont sur le front ne soient pas pris en compte dans la concertation et dénonce le langage politique qui est tenu par le gouvernement et le fait que "nos politiciens se retrouvent pour semer une psychose dans l’esprit des populations et l’exploiter de façon malsaine pour couvrir une certaine incompétence notoire".
Le SG de la CGT-B a dénoncé la non concertation des acteurs culturels avant la fermeture des salles de cinéma et la suspension des activités, comme les concerts. Les dégâts que ces mesures causent auraient pu être limités s’il y avait eu des concertations avec tous ceux qui évoluent dans le secteur. « Une chose est de craindre un Coronavirus, et une autre chose est de créer d’autres virus liés à la misère qui va décimer ces personnes", a t-il commenté.
A la question de savoir s’il y a un dialogue qui a été entrepris avec le gouvernement, Bassolma Bazié a répondu que contrairement à ce qui a été dit à l’issue du conseil des ministres du mercredi dernier par le porte-parole du gouvernement, « nous n’avons pas reçu une notification ou une correspondance de la part du gouvernement pour parler de dialogue ». Pour lui, cette attitude est en totale contradiction avec les discours professés par le gouvernement quant à sa disponibilité au dialogue social.
S’exprimant sur la fermeture des établissements scolaires et universitaires, Souleymane Badiel, SG F-Synter a confié que c’est une fuite en avant et une peur du gouvernement. Pour lui, le motif de cette mesure est ailleurs. "Le vendredi 13 mars, il y a un élève qui a été blessé par balle à Ipelce et il se trouve aux urgences à Yalgado. Il est évidement que c’est cette situation qui a créé la peur au sein du gouvernement par rapport à une éventuelle réaction des élèves », a-t-il expliqué.
Et puis, ajoute t-il, la fermeture des établissements coïncide avec les congés du deuxième trimestre. C’est donc un non événement !

Pour ce qui est des nouvelles orientations dans la lute contre l’application de l’IUTS et en tenant compte de la complexité du phénomène du Coronavirus, les organisations syndicales ont décidé de réadapter leur mot d’ordre. La grève générale de 120 heures allant du 16 au 20 mars 2020 est maintenue et les travailleurs sont invités à rester chez eux. Les responsables syndicaux aux divers niveau sont invités à prendre des dispositions pour assurer le suivi et l’évaluation de la grève, assurer le service minimum dans les secteurs de la santé, des hydrocarbures et des transports sous la supervision des syndicats desdits secteurs.
Enfin, les marches-meetings prévues le 17 mars 2020 sur l’ensemble du territoire national sont suspendues.

Frédéric Tianhoun
Kaceto.net