Le secrétariat national en charge de la santé de l’Union pour le Progrès et le Changement (UPC) a tenu une conférence de presse hier mardi 17 mars 2020 à son siège à Ouagadougou. Le parti du Lion a livré sa lecture de la crise sanitaire qui frappe notre pays et a prescrit une ordonnance pour y faire face.

Le 16 octobre 2014, l’UPC interpellait le gouvernement de l’époque sur sa gestion de la maladie à virus Ebola et le 17 novembre 2016, il s’exprimait sur l’épidémie de la dengue qui sévissait dans notre pays. C’est dans cette dynamique que le secrétariat national en charge de la santé a initié ce point de presse ce mardi 17 mars 2020 pour interpeller le gouvernement sur les mesures à prendre pour lutter efficacement contre le COVID-19.
Selon le secrétaire national chargé de la santé, Dr Steve Léonce Zoungrana, le système de santé burkinabè est déliquescent et le gouvernement ne dispose ni de plateaux techniques, ni de ressources humaines suffisants pour faire face à toute urgence sanitaire. "Notre système de santé n’est pas résilient du fait du manque de prospective et de réactivité", dit-il, alors que le Burkina Faso a adhéré au règlement sanitaire international (RSI) en 2005. Une adhésion qui l’oblige à mettre son système de santé à niveau pour faire face à n’importe quelle menace de santé publique en particulier, et en général les maladies infectieuses émergentes. Or, regrette t-il, nos autorités ont reconnu la faiblesse de nos infrastructures de santé. "Nous disons qu’on ne devrait plus entendre ce type de discours de la part des premiers responsables en charge de la santé après l’épidémie de la maladie à virus Ebola en 2013-2014", car l’expérience de la gestion de cette crise devrait nous permettre d’être plus résilient".
Au Burkina Faso, nous sommes à 20 cas confirmés à la date du 16 mars 2020 avec heureusement aucun décès enregistré. Ce qui fait que le Burkina Faso occupe la troisième place en Afrique parmi les pays les plus touchés après l’Egypte et l’Afrique du Sud.
Pour l’UPC, la réponse à apporter à cette pandémie devait privilégier l’approche participative dès le début, en associant les partis politiques, les OSC, les syndicats, les coutumiers et les religieux afin d’en ressortir avec des mesures consensuelles sous l’égide du ministre de la Santé. Au lieu de cela, selon le secrétariat en charge de la santé du parti, les mesures ont été prises en conseil des ministres et c’est après que le ministre de la Santé a initié les rencontres avec les acteurs pour les en informer et requérir leur collaboration. Ce qui est regrettable.

L’UPC adhère au plan de riposte préconisé par le l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comprenant plusieurs niveaux : le niveau 1 consiste à empêcher l’épidémie d’entrer dans le pays où il y a très peu de cas ou pas du tout. Les mesures préconisées à ce stade consistent à interdire l’entrée du territoire aux voyageurs en provenance des foyers épidémiques .
Le niveau 2 concerne les pays qui connaissent un grand nombre de cas confirmés et pour lesquels les mesures devraient viser à empêcher la propagation de la maladie. Les mesures à ce stade consistent à interdire les regroupements.
Le niveau 3 concerne les pays qui ont atteint le pic épidémique et qui mettent en oeuvre des actions de soins curatifs au profit des malades.
Le niveau 4 correspond à la fin de l’épidémie.
Selon le docteur Zoungrana, le Burkina est au niveau 1 et le gouvernement devrait avoir le courage, soit de fermer les aéroports, soit de suspendre tous les vols en provenance des pays à fort potentiel épidémique, ou prévoir des mises en quarantaine de quatorze jours pour les voyageurs en provenance des pays infectés comme l’ont fait de nombreux pays d’Afrique, notamment l’Ouganda, le Mozambique, le Burundi et le Congo .
Au Burkina, le gouvernement a interdit seulement les regroupements importants nécessitant une autorisation préalable jusqu’en fin avril. Face aux critiques sur cette mesure sélective, il s’est ravisé et l’a étendue aux écoles, aux universités et à tout regroupement de plus de 50 personnes. L’UPC constate cependant que bien d’autres endroits confinés et présentant les mêmes risques, sinon des risques plus grands de propagation de la maladie ne sont toujours pas concernés par la mesures, comme les lieux de culte et les marchés.
"En quoi un marché est moins dangereux qu’une école ?", interroge t-il. Pour lui, le gouvernement n’assiste pas les populations dans l’acquisition des moyens de lutte contre la pandémie, comme les gels hydro-alcooliques dont les prix ont connu une flambée et parfois des ruptures de stocks.

Au regard de tout ce qui précède, l’UPC recommande au gouvernement les actions concrètes et pratiques à mettre immédiatement en oeuvre.
 la fermeture totale des frontières ou à défaut, la suspension pour une période de 15 jours renouvelable de l’entrée sur notre territoire des voyageurs étrangers en provenance des pays avant plus de 50 cas confirmés.
 Quant aux ressortissants burkinabè et les résidents permanents non burkinabè, ils seront soumis à une quarantaine obligatoire de 14 jours dès leur entrée sur le territoire national.
 L’extension immédiate de la mesure d’interdiction des regroupements à tous les milieux sans restriction, pouvant présenter de forts potentiels de dissémination de la maladie.
 La mise à la disposition des services de santé d’infrastructures adéquates pour les mises en quarantaine. Il faudra d’ores et déjà identifier les infrastructures à réquisitionner pour la circonstance, prévoir des tentes et des unités d’intervention mobiles.
 La dotation des agents de santé en équipements de protection individuelle de qualité et en quantité pour faire face à la crise sanitaire ; le renforcement des capacités techniques des services de santé.
 La disponibilisation des gels hydro-alcooliques à prix subventionnés au profit de la population.
 la prise de mesures visant à promouvoir une bonne nutrition afin de renforcer le système immunitaire et atténuer les effets de la maladie en termes de mortalité.
 Mettre en place des comités à tous les niveaux (marchés, administration etc. ) pour assurer la veille sanitaire en application effective des mesures préconisées. Ces comités doivent être reliés au centre de gestion de la crise.
Dans le plan de riposte , l’UPC recommande également de consacrer un volet particulier au renforcement de la prévention auprès des groupes vulnérables que sont les personnes âgées, les femmes enceintes, et celles souffrant de multiples maladies chroniques.
 La mise en application effective des recommandations de l’OMS sur la planification de la communication lors des flambées de maladies. L’objectif étant de maintenir et instaurer la confiance du public envers les autorités de santé publique avant , pendant et après une flambée.
Pour ce faire, l’UPC exhorte l’ensemble de la population, la nation entière à travers ses principales composantes à respecter scrupuleusement et à promouvoir les consignes de sécurité sanitaire.

Saaniayouor Kpoda
Kaceto.net