Créée en 1999 à Syrtes, en Lybie, l’Union Africaine doit faire face en ce moment aux conséquences sociales et économiques de la pandémie du COVID-19.
Entre l’appui aux fragiles systèmes de santé et un soutien à la relance économique, l’instance continentale fait face à un double défi : parer au plus urgent et préparer l’après-crise.

Depuis l’apparition des premiers cas de coronavirus en Chine en décembre 2019, le continent africain n’avait que peu de chance d’échapper à l’effet contagion qui s’annonçait. Au regard notamment de la rapidité avec laquelle la maladie s’est répandue dans le reste du monde et des liens économiques et commerciaux qui existent entre la Chine et le continent noir.
Certes, peu connectée à l’économie mondiale, l’Afrique n’en reste pas moins un acteur du système mondial et multilatéral, selon le politologue Gilles Yabi. Un acteur marginal, mais qui a toute sa place. Par conséquent, tout ce qui touche au reste de la planète le concerne également.
Comme on pouvait le prévoir, la pandémie est arrivée en Afrique et depuis lors, c’est le brans-le-bas de combat. Seul problème toutefois au niveau de l’UA, la santé est un domaine dans lequel les états membres ont la haute main et font prévaloir leur souveraineté, ne laissant qu’une faible marge de manœuvre à la Commission. Celle-ci se contentant d’accompagner les efforts entrepris par la cinquantaine de pays, pour espérer apporter des réponses concrètes à la situation de crise actuelle.
Du reste, comme on peut aisément le constater sur le terrain, chaque pays a pris des mesures pour résoudre le problème au niveau local, avec parfois des divergences d’approche. Au Bénin, le chef de l’Etat, l’homme d’affaires, Patrice Talon, contrairement à ses homologues des pays voisins, a décidé de ne pas appliquer de mesure de confinement à sa propre population, faute dit-il, de moyens. Ce qui n’exclut pas pour autant des concertations régulières entre pays, pour dit-on, faire le point et tenter d’ajuster les différentes réponses.

Stratégie régionale et approche locale

Dans chaque pays africain comme partout ailleurs dans le monde, des coordinateurs nationaux ont ainsi été nommés pour assurer l’effectivité de la lutte. Mais aussi, pour superviser la remontée des informations et les données statistiques, qui sont utiles dans la compréhension et dans l’analyse de la courbe de progression de la pandémie.

Pour le reste, les différentes mesures prises, à quelques exceptions près, sont identiques. Elles se déclinent sous la forme de fermeture des frontières et des espaces aériens, la mise en quarantaine ou confinement partiel, le couvre-feu, la distributions de vivres, la désinfection de lieux publics, l’allocations de vivres et de revenus aux ménages vulnérables et un plan de riposte à hauteur de centaines de milliards de FCFA, etc.
Pour le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki, des concertations sont entreprises avec des partenaires au niveau international, notamment avec l’Union européenne et la Chine afin de coordonner efficacement la lutte contre la pandémie. C’est ce qu’il a laissé entendre au cours d’une interview accordée à la chaîne de la télévision française France 24.
Répondant à la question de savoir ce qu’il pensait des prévisions particulièrement alarmistes du Secrétaire général de l’ONU, qui évoquait récemment le risque de millions de morts en Afrique, Moussa Faki n’a pas voulu tomber dans la polémique.
Pour lui, il s’agit plutôt d’une manière d’interpeller à plus de vigilance et d’efforts, mais également, un appel en direction de la communauté internationale en faveur d’une plus grande solidarité avec l’Afrique.
Le diplomate appelle par ailleurs à une réponse rapide au nom du multilatéralisme, qui ne doit pas être selon lui, passé par pertes et profits, en raison de la crise sanitaire actuelle. Il estime enfin, entre 100 et 150 milliards de dollars, le montant du financement dont l’Afrique a besoin, dans la lutte contre le COVID-19.
La mise à contribution des Communautés économiques régionales (CER) pour soutenir la lutte des états et leurs systèmes économiques et financiers frappés de plein fouet par la crise, est également une autre approche adoptée au niveau continental.
C’est notamment le cas au niveau de l’Afrique de l’ouest, avec diverses initiatives prises aussi bien par la CEDEAO que par l’UEMOA. Selon le gouverneur de la BECEAO, Tiémoko Meyliet, en plus de l’injection de liquidités dans le circuit monétaire régional à hauteur de 5037 milliards, il est urgent que les populations s’adaptent à l’utilisation à grande échelle des moyens de paiement électroniques.
Enfin, selon les estimations faites par la BCEAO, cette crise sanitaire pourrait engendrer à terme, un repli de la croissance de l’ordre de 3 points en moyenne, en fonction de l’évolution de la situation.

A date du 5 avril 2020, la CEDEAO estimait pour sa part que tous les 15 pays membres étaient touchés par la pandémie. L’on enregistre en outre, 1739 cas détectés, 55 décès et 328 guérisons.
L’Organisation ouest africaine de la santé (OOAS), l’organisme spécialisé de la CEDEAO dans les questions de santé, a ainsi fait parvenir du matériel médical dont des respirateurs artificiels, des kits de test diagnostique et autres, aux différents états, en vue d’appuyer leurs efforts de résilience.

Juvénal Somé
Kaceto.net