L’opposition politique burkinabè a tenu hier 14 avril son point de presse hebdomadaire avec à l’ordre du jour, la gestion de la Covid-19, les attaques terroristes et les déplacés internes. Eddie KOMBOIGO, président du Cngrès pour la démocratie et le progrès (CDP) et Yumanli LOMPO, président du Parti national des démocrates sociaux (PNDS( en étaient les animateurs

"Cela fait un mois que notre pays fait face à la maladie à coronavirus, à l’instar des autres pays à travers le monde. Mais, contrairement aux autres pays de la sous-région, au Burkina Faso, le nombre de morts dus à la Covid-19 est élevé, et l’opinion publique désapprouve de plus en plus, la manière dont les gouvernants gèrent cette crise". Le président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) Eddie Komboïgo plante ainsi le décor de ce qui va constituer l’essentiel de la rencontre avec les journalistes. Comme on pouvait s’y attendre, l’opposition a dressé un sévère réquisitoire contre la gestion de la crise du COVID-19 par l’exécutif. Concernant le budget du plan de riposte, le document officiel rendu publique la semaine dernière prévoyait un montant de 121 milliards de francs CFA pour la location d’hôtels et l’achat de nourriture pour les malades. Après le tollé général qu’il a suscité, le budget a été revu à la baisse à 58 milliards. Mais l’opposition n’y voit qu’une voie royale pour le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) " de piller les maigres ressources de notre pays".
"L’opposition rejette à nouveau ce budget dont la seule finalité est de distribuer des milliards à un groupe d’amis au pouvoir. Avec les 58 milliards, il est possible de construire un autre Centre hospitalier universitaire comme celui de Blaise Compaoré (Tingandodo) qui avait coûté 45 milliards", affirme Eddie Komboïgo.
Pis, il relève que les dépenses prévues pour la prise en charge des malades n’arrivent pas destination, car "selon le témoignage de plusieurs proches de malades du Coronavirus, le traitement réservé à ces patients admis au CHU de Tingandogo est inhumain et cruel". Il cite en exemple le cas du Marvin Sawadogo, décédé parce qu’il n’a pas eu de soins, puis "son corps soit jeté à l’oubli pendant trois jours."Il s’appuie également sur les propos du Dr Arouna Louré anesthésiste-réanimateur selon lesquels, aucun des malades de coronavirus n’a été admis en réanimation. Autrement dit, certaines d’entre les 28 personnes mortes de la Covid-19 auraient pu être secourues et sauvées ! "Pourquoi l’équipe soignante ne l’a pas fait ? L’opposition politique, comme l’ensemble des Burkinabè attendent des réponses claires et convaincantes à cette question", a t-il martelé.

Des faits que l’opposition juge suffisamment graves pour demander au président de l’Assemblée nationale, Balla Sakandé de diligenter une enquête parlementaire sur le traitement des malades à l’hôpital de Tingandogo. Eddie Komboïgo raille d’ailleurs le "soi-disant « coronathon » du président de l’Assemblée nationale, qui est "une confusion de rôles, un désordre institutionnel et un populisme qui n’apportent pas de plus-value au combat contre la pandémie".
Face aux journalistes, Eddie Komboïgo, très en verse est revenu sur "le ping-pong entre le ministre de la santé, le ministre de la communication, le ministre en charge de la Recherche scientifique et le Coordonnateur de la Riposte au sujet de l’Apivirine". Il s’interroge sur ces "initiatives pêle-mêle à la présidence, dans des ministères et au sein du MPP" dans la lutte le COVID-19, que l’idéologue du parti, Emile Paré qualifie "de « cacophonie au sommet de l’Etat"
S’exprimant sur le projet du ministre de l’Education nationale de rouvrir les établissements scolaires le 28 avril prochain, l’opposition politique se dit inquiète d’un tel projet d’autant que " nous sommes toujours en pleine crise sanitaire".
En lieu et place de "la distribution de cache-nez et de savons achetés à plusieurs milliards", prévus pour les élèves et le personnel enseignant, l’opposition estime qu’il faut plutôt une solution concertée avec tous les acteurs du système éducatif. "Il faut éviter de sauter dans l’inconnu avec l’avenir des enfants. Rouvrir les écoles demande des garanties suffisantes quant à la sécurité et la santé des enseignants et des élèves. En tout état de cause, s’il y a reprise, il faudra privilégier les classes d’examen où il y a plus d’urgence", suggère l’opposition.
Concernant les marchés, l’Opposition politique estime qu’il faudra les rouvrir à l’expiration de la période de fermeture avec toutefois des mesures strictes de sécurité sanitaire, notamment, "filtrage des entrées, lavages obligatoires de mains, port de masques, contrôles de température, équipe de veille, police d’hygiène, espacement obligatoires, etc."
Enfin, sur la situation sécuritaire, le CFOP a attiré l’attention du gouvernement sur la question du terrorisme qui fait plus de ravage que le Coronavirus. Elle demande une meilleure protection des volontaires pour la défense de la patrie (VDP), non seulement de la part de l’Etat central, mais aussi de la part des collectivités territoriales dont ils relèvent.
Eddie Komboïgo et Yumanli Lompo se sont aussi attardés sur le cas des 8000 déplacés internes menacés de faim et pour qui, il faut de toute urgence trouver une solution d’autant que la saison pluvieuse approche à grands pas.

Frédéric Tianhoun
Kaceto.net