Saisie par les défenseurs de l’ancien président de l’Assemblée nationale ivoirienne, la cour africaine des droits de l’homme a rendu une ordonnance hier 22 avril qui apporte une éclaircie sur l’avenir politique de Guillaume Soro.

Le président ivoirien Alassane Ouattara n’a sans doute pas eu le sommeil facile la nuit passée. Hier en début de soirée, une nouvelle venue d’Arusha, en Tanzanie, le siège de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples dans l’affaire opposant l’Etat ivoirien et Guillaume Soro et ses camarades en est la cause.
Sur requête de Maître Affoussy Bamba, avocat de l’ancien président de l’Assemblée nationale ivoirienne, l’institution judiciaire panafricaine a rendu publique une ordonnance qui est incontestablement un camouflet judiciaire et politique pour le président ivoirien. A l’unanimité, elle a purement et simplement ordonné à l’Etat ivoirien de surseoir à l’exécution du mandat d’arrêt émis contre Guillaume Soro.
La cour a également ordonné de surseoir à l’exécution du mandat de dépôt contre des militants ou sympathisants de Générations et peuples solidaires (GPS), la formation politique de Guillaume Soro.
Alain Lobognon, Camara Loukimane, Kanigui Soro, Yéo Soumaïla Kando, Kamaraté Souleymane Koné, Karidioula Souleymane, Tehfour Koné, Simon Soro, Rigobert Soro, Félicien Sékongo, Marc Kidou Ouattara, Mamadou Djibo, Aboubacar Touré, Babou Traoré, Ladji Ouattara, Gnamiand N’Drin, Dahafolo Koné, Adama Zébret, tous arrêtés et emprisonnés dans plusieurs villes du pays devront donc retrouver la liberté provisoire très bientôt.
Pour mémoire, après un long séjour en Europe où il a rencontré les Ivoiriens de la diaspora pour leur expliquer le sens du nouveau combat politique qu’il entend mener après son éviction de la présidence de l’Assemblée nationale en février 2019 et son refus d’adhérer au Rassemblement des Houphouëtistes pour la paix et la démocratie (RHDP), Guillaume avait décidé de entrer au pays le 23 décembre 2019 à bord d’un jet privé. Le même jour, très opportunément, un mandat d’arrêt international avait été émis contre lui. Les charges qui pèsent sur lui sont d’une extrême gravité : « détournement de deniers publics, blanchiment de capitaux, financement de terrorisme, complicité et faits de présomption graves de tentative d’atteinte contre l’autorité et l’intégrité du territoire ».
Selon le procureur Richard Adou, manifestement contraint de jouer un rôle qui ne l’enchante guère, Guillaume Soro et ses partisans étaient en train de
fomenter « une insurrection civile et militaire » pour s’emparer « incessamment » du pouvoir.
Les preuves ? Un enregistrement sonore de mauvaise qualité et des images d’armes de guerre dont des gilets par balle, trois mitrailleuses lourdes, quatre missiles anti-char, une dizaine de Kalachnikov, des caisses de munitions, qui auraient été saisies chez lui et ses proches.
Pas du tout rassuré de pouvoir atterrir en toute sécurité alors qu’il se trouve déjà dans l’espace aérien ivoirien, le pilote avait dérouté le Jet privé vers Accra, au Ghana avant de rebrousser chemin pour finalement se poser en Espagne.
Guillaume Soro a ensuite gagné Parsi d’où il mène il s’active avec ses soutiens éparpillés un peu partout dans le monde pour avoir le droit de rentrer chez lui et présenter sa candidature à la présidentielle d’octobre prochain.
A l’évidence, l’ordonnance de la cour africaine rendue hier 22 avril est un camouflet judiciaire et politique pour Alassane Ouattara, contraint de revoir ses plans visant à empêcher la candidature de celui qui a été pour beaucoup dans sa conquête du pouvoir en avril 2011.

Joachim Vokouma
Kaceto.net