Alors que le ministre table sur une éventuelle réouverture des écoles le 28 avril, le Mouvement patriotique pour le salut (MPS) estime que l’ampleur de la pandémie du COVID-19 dans notre pays ne plaide pas en faveur d’une telle perspective.

Depuis le mois de mars 2020, le Burkina Faso, à l’instar des autres pays, fait face à la pandémie à corona virus (covid-19). Si la crise sanitaire à laquelle nous sommes aujourd’hui confrontés est mondiale, elle n’en constitue pas moins un test de solidité non seulement de nos systèmes de santé mais aussi de nos systèmes de gouvernance. En effet, dans certains pays, développés ou sous-développés, la qualité du leadership politique, son sens de l’anticipation, de l’inclusion et de la persuasion ont permis d’engager leurs peuples dans une dynamique vertueuse de maîtrise de la pandémie. En revanche, dans d’autres pays dotés d’un leadership de piètre qualité, la gestion de la pandémie s’est avérée désastreuse.
Dans cette épreuve de vérité, le régime en place au Burkina Faso a encore fait la démonstration de ses limites objectives en hissant notre Faso au rang peu enviable des pays les plus frappés par la pandémie en Afrique de l’Ouest avec 41 des 158 décès enregistrés dans l’espace CEDEAO à la date du 22 avril 2020. Le MPS présente ses sincères condoléances à toutes les familles ayant perdu un proche, un être cher, suite au Covid-19. Nous avons également une pensée pieuse pour toutes les familles endeuillées par les attaques terroristes qui sont devenues, hélas, le lot quotidien de notre cher pays.
A tous les soldats engagés, avec parfois des moyens dérisoires, sur le front de la guerre contre le covid-19 et contre le terrorisme, qui se battent nuit et jour, au péril de leur vie pour sauver d’autres vies, le MPS vous est très reconnaissant pour le sacrifice consenti avec courage et abnégation. Veuillez accepter nos sincères encouragements pour vos actes héroïques pour la défense d’une seule cause : la sécurité sanitaire et la sécurité physique du peuple burkinabè.
C’est dans ce contexte que le Gouvernement a annoncé la reprise des cours le 28 avril 2020, alors qu’il n’a jusqu’ici fourni aucun élément objectif de nature à rassurer l’opinion que nous avons amorcé une dynamique de maîtrise de la pandémie. Pour le MPS, le secteur de l’éducation est un secteur hautement vital pour l’avenir du Burkina Faso et ne doit pas être exposé d’une manière aussi hasardeuse à une crise sanitaire majeure, alors qu’il est déjà confronté à de nombreux défis. Le risque sanitaire que le Gouvernement fait peser sur les enfants, leurs parents et sur les enseignants nous semble trop élevé dans un contexte déjà marqué par le laxisme et l’indiscipline. Attaché aux valeurs du développement durable, le MPS, dans son Manifeste, s’est fixé le principe suivant :
« Face aux risques sanitaires et environnementaux, il œuvrera à promouvoir le ‘principe de précaution’, pour gérer des situations d’incertitude ».
De ce point de vue, le MPS estime prématuré la réouverture des écoles, lycées et universités du Burkina Faso en l’absence d’informations crédibles indiquant que le pire est derrière nous. A cela s’ajoute la question de l’effectivité du retour des enseignants dans les classes au regard du climat social délétère qui règne entre le Gouvernement et les partenaires sociaux.
Quelles sont les initiatives que le Gouvernement entend prendre pour renouer le dialogue social et quelles mesures compte-t-il appliquer effectivement avant la reprise des activités pédagogiques et académiques pour minimiser les risques de contamination par le Covid-19 ?
Le MPS demande au Gouvernement, avant toute reprise des activités scolaires et universitaires, de réunir les conditions nécessaires, afin de minimiser les risques de propagation du virus. Il est du devoir des autorités publiques mais aussi des autres parties prenantes de prendre leurs responsabilités pour ne pas brader l’avenir de nos enfants et exposer inutilement nos enfants et leurs parents. A cet égard, le MPS recommande une concertation tripartite entre le Gouvernement, les autorités sanitaires et les principales parties prenantes du secteur éducatif à l’effet de trouver un consensus non seulement sur une période consensuelle pour la reprise des cours, la détermination de la date étant laissée à la discrétion du gouvernement, mais aussi sur les dispositions minimales à mettre en œuvre dans les établissements scolaires et universitaires publics et privés, assorties de mécanismes de suivi-évaluation.
C’est ensemble que nous vaincrons la pandémie, dans un exercice solidaire et non pas solitaire de la gouvernance !
MPS, bâtir ensemble un Burkina Meilleur.

Ouagadougou le 25 Avril 2020

Le Secrétaire national chargé de l’Éducation, de la Recherche scientifique et de l’Innovation
Pr. Salifou OUIMINGA