Le 29 septembre, la commission constitutionnelle, forte de 92 membres, a été officiellement installée. Elle a deux mois pour proposer un avant-projet de constitution

« Une nouvelle constitution pour un Burkina nouveau », le slogan s’étale sur des tee-shirts blancs que porte un groupe de jeunes activistes venus assister le 28 septembre, à l’installation officielle de la commission constitutionnelle dans la salle de conférence de Ouaga 2000. Créée le 16 mars dernier par décret présidentiel, la commission constitutionnelle comprend 92 membres et est présidée par l’avocat et défenseur des droits de l’homme, Halidou Ouédraogo. « J’ai pris cet engagement devant le peuple Burkinabè lors de l’élection présidentielle du 29 novembre 2015 et je me réjouis de le tenir pour créer les conditions indispensables au renforcement de l’Etat de droit, à l’approfondissement de la démocratie et à l’amélioration de la gouvernance au Burkina », a déclaré le président Kaboré. Pour lui, la nouvelle loi fondamentale s’impose après l’insurrection populaire d’octobre 2014, la résistance au putsch de septembre 2015 et les élections présidentielles, législatives et municipales réussies. Autant d’avènements politiques qui font que « la qualité de l’expérience démocratique dans notre pays est unanimement appréciée ».
A compter du 29 septembre, la commission a deux mois pour proposer au président, un avant-projet de constitution dont l’adoption, soit par voie parlementaire, soit par référendum marquera le passage à la Vè République.

Prenant la parole, Maître Halidou Ouédraogo a d’abord lu les noms des membres de la Commission, mais a oublié de citer ceux de la présidence, avant de se rependre. Il a rassuré le président que la commission s’acquittera de sa tâche afin que le passage de la IVème à la Vème république soit une réussite.
Hier matin, les membres sont entrés dans le vif du sujet pour mettre en place des commissions et voir comment travailler pour respecter le délai de deux mois qui leur est accordé.
A cette commission représentant toutes les couches socio-professionnelles, siègent également cinq (5) représentants des Burkinabè de l’extérieur : Maïga Boubakari (Djeda), de la zone Asie, Sibiri Sawadogo (Montréal) de l’Amérique, Souleymane Sawadogo (Côte d’Ivoire) et Yves Nassouri (Gabon) pour la zone Afrique, et Paul Kéré (France) pour la zone Europe. Tous sont logés dans un hôtel dans la zone de Ouaga2000, et l’Etat a mis deux véhicules à leur disposition durant tout le temps que nécessitera leur présence au pays.
Conscients de la responsabilité qui leur incombe, tous affirment qu’ils vont former une équipe de choc pour peser dans les débats en faveur des Burkinabè de la diaspora. « A nous cinq (5), nous représentons des millions de Burkinabè et ils peuvent compter sur nous pour défendre leurs causes », promet Souleymane Sawadogo. « La constitution est la loi fondamentale qui régit la vie de la nation. On ne donc pas avoir des dispositions spécifiques aux Burkinabè de l’étranger, mais on entend faire en sorte que tous les Burkinabè, où qu’ils se trouvent, soient traités de la même manière parce qu’ils constituent dans leurs composantes diverses, une force pour le développement du pays », explique Yves Nassouri. Son collègue de Côte d’Ivoire abonde dans le même sens : « On a l’opportunité de valoriser l’identité du Burkinabè de l’extérieur, c’est-à-dire, celui est établi hors du Burkina et qui n’est pas un demi Burkinabè. Beaucoup ont des activités au pays et plus jamais, on ne devra encore nous traiter comme des citoyens de seconde zone. De toute façon, tous les Burkinabè ne peuvent pas vivre au Burkina et nous allons demander qu’on prenne en compte nos aspirations. Il y a par exemple des financements de projet pour les jeunes et les femmes. Ceux qui sont à l’extérieur doivent également en bénéficier car nous sommes tous les enfants de la mère patrie avec les devoirs et des droits ».
Longtemps revendiqué, le président Kaboré a créé un ministère délégué chargé des Burkinabè de l’étranger, un poste occupé par Rita Agneketom, née Bogoré. « Nous avions demandé un ministère plein comme ça existe en Côte d’Ivoire, au Mali et au Sénégal, mais l’essentiel est qu’on donne les moyens au ministère afin que les Burkinabè de l’étranger sentent que la mère patrie se soucie de leur avenir », commente Sawadogo. Retraité de la Banque mondiale, Sibiri Sawadogo insiste pour que le droit de vote de la diaspora, qui est constitutionnel, soit effectif lors des prochaines consultations et qu’ils soient représentés dans les différentes institutions.

« Que les Burkinabè vivant à l’étranger aient été associés à la rédaction de la nouvelle constitution est signe d’une volonté de construire un Burkina nouveau », commente Boubakari Maïga. « Longtemps considérés comme des Pawéogo avec la charge négative que ce mot comporte, je me réjouis de voir que les autorités impulsent un changement qui va dans le bon sens », ajoute-t-il. Les cinq mousquetaires espèrent rencontrer le président et lui « témoigner notre gratitude pour nous avoir associés à ces travaux, une première dans l’histoire du Burkina ».

Joachim Vokouma
Kaceto.net