En permanence, les journalistes sont au four et au moulin, en train de collecter l’information qui sera ensuite traitée et mise à la disposition des citoyens. Leur métier est un élément essentiel de la démocratie. et pourtant, beaucoup d’entre eux l’exercent dans la précarité.

La précarité qui frappe de nombreux travailleurs de la presse privée était l’objet d’une conférence de presse animée hier 11 juin par le Comité ad’hoc des travailleurs de la presse privée. D’après les conférenciers, quatre (4) points expliquent cette précarité, à commencer par la non application de la convention collective signée en 2009. Elle constitue la base légale par laquelle tout contrat de travail doit être conclu entre les travailleurs et les organes de presse privée.
Or, constate le Comité, cette convention n’est pas respectée et cela ouvre la porte à toutes sortes de dérives. "Il n’est pas rare de voir des journalistes du privé rémunérés à 25 000 F CFA le mois (moins que le SMIG), sinon qui travaillent sans salaire", déplore Hamidou Traoré. Une situation qui condamne des travailleurs à une paupérisation continue et sans perspective dans le métier, les exposant "à la "clochardisation".
L’autre point relevé par le Comité porte sur la non déclaration de certains journalistes à la caisse de sécurité sociale, ce qui les condamne à une retraite sans pension. "Pour ceux qui sont déclarés, très souvent, les cotisations ne sont pas versées à la CNSS", a renchéri Hamidou Traoré. Il souligne également que beaucoup de journalistes du privée n’ont pas une couverture sanitaire, ce qui fragilise un peu plus leur situation face au COVID-19. "Suite à l’avènement du COVID-19, beaucoup d’entreprises de presse privée ont mis une bonne partie de leurs personnels en chômage technique total pour une durée de trois mois sans mesures d’accompagnement" a révélé Hamidou Traoré. Or, note t-il, "les charges, dépenses quotidiennes ou mensuelles, restent toujours à satisfaire sans compter les difficultés à honorer les frais de loyer, à se nourrir et nourrir sa famille, à se soigner et même à assurer notre mission d’information des citoyens le plus souvent avec nos propres moyens : engins, carburant, ordinateurs, etc."
Face à toutes ces difficultés, le Comité ad’hoc interpelle les patrons de presses, les actionnaires à ne pas seulement se préoccuper de la consistance des dividendes, mais d’avoir également un regard attentif vis-à-vis de ceux-là qui se sacrifient au quotidien pour faire fructifier leurs entreprises.
Le même comité a également souhaité que le ministère de tutelle et le Conseil supérieur de la communication se penchent sur les difficulté que vivent les journalistes du privé. "Nous appelons les patrons à la pleine mise en œuvre de la convention collective et tout ce que cela implique, notamment en nous versant nos arriérés, en nous versant des salaires dignes de nos sacrifices quotidiens, en nous déclarant à la caisse de sécurité sociale et en versant effectivement les cotisations, en assurant une sécurité et des garanties sanitaires, des mesures spéciales dans ce contexte de pandémie, etc", plaide le Comité.
Les conférenciers invitent le ministère en charge de la Communication à s’impliquer afin que la Convention collective soit appliquée par les patrons de presse". Ils ne souhaitent toutefois pas entrer dans un rapport conflictuel avec les patrons, mais trouver des issues heureuses à leurs problèmes par le dialogue.

Frédéric Tianhoun
Kaceto.net