Des leaders coutumiers et religieux et des acteurs de la société civile burkinabè, ont convenu samedi, de mettre en place ‘’un Mouvement fort et uni’’ pour la promotion et la protection de la vie, pour contrer selon eux, une culture de la mort, marquée notamment par la banalisation des homicides, de l’avortement et du suicide.

« Au Burkina, le droit à la vie n’est plus respecté. (…) On tue les bébés, on tue les enfants, on tue entre conjoints, on tue entre amis. (…) On tue pour convenances personnelles-Je ne veux pas de cette grossesse, je vais l’enlever-On se tue soi-même (suicide). On se tue pour des divergences religieuses, politiques et pour des intérêts économiques. On tue dans les familles pour l’héritage. On peut tuer à petit feu, on tue brutalement aussi… ».

Ce sont des propos tenus le samedi 18 juillet 2020 au sein de la Cathédrale de Ouagadougou, par l’ex ministre en charge de la Femme Nestorine Sangaré, à l’occasion de la première édition de la journée nationale de la vie.

« Notre mode de vie encourage à aller vers la mort. La drogue, l’alcool frelaté, la vitesse en circulation avec les grosses motos et les divertissements que les jeunes ont aujourd’hui, sont mortifères. Tout est mis en œuvre pour accélérer vers la mort », a ajouté la marraine de l’évènement, organisé par ‘’l’Association catholique Viim Korochi Promouvoir la vie’’.

Dr Nestorine Sangaré.
A l’issue d’un panel intitulé : « concepts religieux et traditionnels de promotion et de la protection de la vie humaine de la conception à la mort naturelle », les intervenants ont émis l’idée de la création « d’un mouvement fort et uni des coutumiers et des religieux pour la défense, la protection et la préservation de la vie humaine dans notre société ».

Les conférenciers que sont Son Excellence le Sao Naaba, le Révérend Pasteur Elie Koumbem, l’Abbé Gustave Sawadogo, Nestorine Sangaré (société civile) et des personnes ressources à savoir la socio-anthropologue Arsène Marie Thérèse Somé et le psychologue Jérémie Compaoré, ont adhéré à la proposition.

Sao Naaba.
Son Excellence le Sao Naaba a d’emblée affirmé, que son point de vue est strictement personnel et n’engage pas toute la chefferie coutumière dans son ensemble.

« L’Homme est à Dieu. Il est de Dieu. Il appartient à Dieu. Il relève de Dieu. (…) Nul ne doit et pour quelques raisons que ce soient, porter gratuitement ou volontairement atteinte au physique, au psychique ou au moral de son semblable. C’est de là, il me semble, que découle la sacralité de la vie, de l’obligation de promouvoir et de protéger la vie dans tous ses états », a-t-il estimé.

La socio-anthropologue Arsène Marie Thérèse Somé est revenue sur l’antagonisme qui oppose ceux qui estiment que la vie humaine commence dès le stade de l’œuf fécondé et ceux qui pensent que les droits de l’embryon s’accroissent au fur et à mesure de son développement.

Mais elle a défendu à titre personnel, que l’œuf et l’embryon sont des êtres humains à des stades différents, à l’image de la chenille et du papillon.

Pour l’Abbé Gustave Sawadogo, Dieu est le principe et la fin de toute vie, d’où son caractère sacré et son inviolabilité.

Se basant sur l’Evangile, Abbé Sawadogo a affirmé que dire du mal ou insulter son prochain, c’est déjà le tuer dans son cœur.

Le Révérend Pasteur Elie Koumbem a réaffirmé l’opposition de l’Eglise protestante et de la communauté évangélique, à l’euthanasie, car visant à éliminer ceux qu’on considère comme les plus inutiles.

Selon lui, l’enfant est un don et non un dû. Voilà pourquoi les protestants évangéliques ne s’opposent pas à l’assistance médicale de procréation, tant qu’elle reste une aide visant à rétablir la fécondité d’un couple homme et femme, avec leurs propres gamètes dans le respect de l’embryon.

Pasteur Elie Koumbem.
Le psychologue Jérémie Compaoré, citant une étude de l’OMS, a affirmé que la dépression qui est la première maladie des jeunes, résulte d’une mauvaise gestion de la sexualité.

Pour s’en sortir, les jeunes doivent s’adosser à de solides valeurs morales qui sont les seules à contenir les pulsions, a-t-il assuré, se référant au père de la Psychanalyse Sigmund Freud.

Nestorine Sangaré estime que l’initiative de Viim Korochi vient « un peu en retard » parce que, selon elle, des « lois anti-vie » ont été déjà adoptées sous la pression de l’Occident. Toutefois, « Il reste à voir ce qu’on peut sauver », tempère-t-elle.

Abbé Gustave Sawadogo.
Notons que l’Imam Inoussa Compaoré qui devait intervenir au nom de la communauté musulmane n’a pas pu faire le déplacement, à cause d’un contre-temps de dernière minute, selon la modératrice du panel Clarisse Onadja/Kambou.

Le responsable de la commission diocésaine de la pastorale de la santé et président de l’association Viim Korochi, Abbé Francois de Salle Naré, l’activité avait pour but de marquer d’une pierre blanche l’existence de l’association et d’éveiller les consciences.

Agence d’information du Burkina