ABIDJAN, 13 juin 2016 (AFP) - L’ONG Human Rights Watch (HRW) a dénoncé lundi les expulsions forcées, suivies de violences et d’extorsion, des occupants des forêts classées en Côte d’Ivoire entamées en janvier, et appelé le gouvernement ivoirien à mettre un terme à cette "violation du droit international".

La Société ivoirienne de développement des plantations forestières (Sodefor, publique) "expulse régulièrement des agriculteurs sans avertissement préalable, incendiant souvent leurs domiciles et leurs biens au cours du processus" accuse l’ONG dans un rapport rendu public.

"Les agriculteurs sont en outre souvent battus et humiliés pendant les opérations d’expulsion", selon HRW.

"Trois agriculteurs ont expliqué que des agents de la Sodefor, à leur arrivée dans leur village en janvier 2016, les avaient forcés, ainsi que plus d’une dizaine d’autres jeunes hommes, à s’allonger sur le ventre, puis les avaient frappés sur le dos et les fesses à coups de bâtons, de ceintures et du plat de machettes", rapporte encore l’ONG.

HRW reconnait que les 231 forêts classées de Côte d’Ivoire ont été dévastées par la déforestation et plus de la moitié des quatre millions d’hectares de forêt classée du pays ont été rasés pour être transformés en terres agricoles.

Le gouvernement a annoncé en septembre, sa décision de restaurer les forêts classées dans le cadre de ses efforts pour combattre le changement climatique.

"Toutefois, si la conservation des forêts peut jouer un rôle important dans la lutte contre le changement climatique, les mesures de protection de l’environnement devraient respecter les droits humains des personnes vivant dans les forêts classées", souligne l’ONG.

Enfin, HRW a réclamé une enquête et des poursuites contre les auteurs de ces exactions, notamment les agents de la Sodefor.

"Pour empêcher de futures violations", l’ONG a également recommandé au gouvernement ivoirien, de "cesser immédiatement les expulsions forcées, jusqu’à l’adoption d’une législation octroyant aux occupants des forêts classées une protection contre les expulsions arbitraires".

La Côte d’Ivoire n’a plus que trois millions d’hectares de forêts, contre 16 millions dans les années 1960. La déforestation a été notamment engendrée par l’essor du cacao, dont le pays est le premier producteur mondial.

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Source/AFP