“L’enfer c’est les autres” disait Jean Paul Sartre. Alpha Condé n’en dit pas moins, pointant du doigt ses adversaires et s’étonnant du silence vis-à-vis de ces chefs d’Etat africains qui font 4 à 5 mandats en toute tranquillité. Dans un entretien avec France 24 et RFI (ses médias préférés en bon panafricaniste), diffusé ce 6 octobre, le président qui se représente pour un troisième mandat nie tout en bloc. “bien sûr qu’il n’est pas ethniciste car, en tant que Malinké, il parle mieux Soussou que quiconque”.

Les reproches d’Amnesty International ? “Ce sont des enquêtes à charge, des rapports unilatéraux”, s’emporte-t-il. Les massacres de Zérékoré du 4 août 2012 par des Forces de Défense et de Sécurité ? Ce sont des gens qui sont venus du Liberia et qui portaient des gris gris.

En clair, le président guinéen se lave à grande eau, se posant en démocrate et non en dictateur, réfutant le spectre d’une présidence à vie. Invoquant ses 45 ans d’opposition, le militant de l’international socialiste botte en touche sur la question du troisième mandat, rappelant que la nouvelle constitution a été adoptée par référendum. A 82 ans, l’homme ne manque pas d’appétit, restant toutefois hésitant à la question du journaliste : “Est-ce votre dernier mandat “ ? La réponse relève de l’arbre à palabres : “il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué”, le président réservant sa réponse à plus tard, rappelant le suspens que ces présidentielles sont sensées nourrir.

En attendant, Alpha Condé fustige celui qu’il ne veut pas nommer, son principal opposant, Cellou Dalein Diallo, qui planifierait de proclamer sa victoire au soir du 18 octobre pour aller ensuite se réfugier dans une ambassade occidentale. Un modus operandi qui n’est pas sans rappeler le même Alpha Condé escaladant le mur d’une ambassade. C’était il y a bien longtemps, avant que le sympathique opposant ne soit dévoré par le président partisan de la non limitation des mandats. Et la Guinée n’était pas encore “la quatrième place mondiale par les fake news”, selon le classement Alpha Condé.

Arrivé au pouvoir en 2010, le panafricaniste auto-proclamé brandit les difficultés qui se sont dressées sur son chemin et qui expliqueraient, certainement – qui en douterait- , son modeste bilan. “J’ai hérité d’une nation, pas d’un Etat”, s’enhardit celui qui invoque l’exploit d’avoir obtenu le point d’achèvement PPTE (Pays pauvre très endetté) synonyme d’effacement de la dette de la Guinée. Ne lui demandez surtout pas son bilan de la décennie. Egrenant les difficultés, le président rappelle l’épreuve que fut Ebola.

Bref, dix ans après son arrivée au pouvoir, Alpha Condé n’aura pas encore vu l’entrée en production de la mine de fer de Simandou et la réalisation de ses infrastructures ferroviaires et routières qui figuraient dans son programme de 2010 et 2015. Le probable troisième mandat suspendu à un fichier électoral expurgé de 2,4 millions d’électeurs plus ou moins fictifs, sera-t-il celui des choses concrètes ?

Financial Afrik