Le candidat démocrate deviendra le 20 janvier prochain le 46e président américain. Donald Trump, qui refuse sa défaite, assure que l’élection est « loin d’être terminée ».

Sa troisième candidature aura donc été la bonne. Au bout de quatre jours de suspense insoutenable dans un pays sous haute tension, Joe Biden a été élu samedi président des Etats-Unis. Un dénouement aussitôt rejeté par la campagne de Donald Trump, qui assure de son côté que « l’élection est loin d’être terminée ».

Juste avant 11h30 heure de Washington (17h30 à Paris), la plupart des grands médias américains (dont l’agence Associated Press et les chaînes CNN et NBC, rejointes quelques minutes plus tard par Fox News) ont annoncé l’élection de Joe Biden, qui a franchi la barre des 270 grands électeurs nécessaires grâce à sa victoire en Pennsylvanie.

« Honoré et touché »

Joe Biden, 78 ans à la fin du mois, deviendra le 20 janvier prochain le 46e président - et le plus âgé - de l’histoire des Etats-Unis. Sa colistière Kamala Harris, sénatrice de Californie, deviendra quant à elle la première femme, et la première Afro-américaine, à accéder à la vice-présidence. Quant à Donald Trump, même s’il refuse pour l’heure de reconnaître sa défaite, il devient le premier locataire de la Maison Blanche à échouer dans la quête d’un second mandat depuis George H. W. Bush en 1992.

« Je suis honoré et touché par la confiance que le peuple américain a placée en moi et en la vice-présidente élue Kamala Harris. Confrontés à des obstacles sans précédent, un nombre record d’Américains ont voté. Prouvant, une fois encore, que la démocratie bat intensément dans le cœur de l’Amérique », a déclaré Joe Biden dans un communiqué publié quelques minutes après l’annonce de sa victoire. L’ancien vice-président de Barack Obama devrait s’adresser à la nation samedi soir depuis son fief du Delaware.

Après plusieurs jours d’interminable dépouillement dans une poignée d’Etats clés, suivis en direct jour et nuit par des millions d’Américains, c’est la Pennsylvanie, terre natale de Biden, qui lui a finalement offert la victoire. En remportant le Keystone State, ainsi que le Michigan et le Wisconsin, il reconstitue entièrement le « mur bleu » qui avait fait défaut à Hillary Clinton face à Donald Trump en 2016. Plusieurs Etats demeurent indécis, dont la Géorgie et l’Arizona, deux bastions conservateurs où Joe Biden est légèrement en tête.

La victoire de Joe Biden, épilogue d’une campagne véhémente et bouleversée par l’épidémie de coronavirus qui constituera son premier défi, constitue une répudiation incontestable, par une majorité d’Américains, de Donald Trump et de sa présidence aussi chaotique que clivante. Avec près de 74,5 millions de votes, un nombre qui va encore augmenter au fur et à mesure que les derniers États terminent leur dépouillement, Joe Biden est le candidat ayant rassemblé le plus de suffrages dans l’histoire des élections américaines.

Mais dans ce classement, l’homme qui arrive en seconde position n’est autre que Donald Trump. Avec plus de 70 millions de suffrages (contre près de 63 millions en 2016), l’ancien magnat de l’immobilier a prouvé qu’il était capable d’élargir sa base, et que son style et sa plateforme politique demeuraient une force d’attraction puissante dans le pays.

Le défi de la réconciliation

Joe Biden en est pleinement conscient : outre la pandémie et la relance d’une économie déstabilisée, sa principale mission va consister à réconcilier un pays profondément polarisé. « Maintenant que la campagne est terminée, il est temps de mettre la colère et la rhétorique hostile derrière nous et de nous rassembler en tant que nation. Il est temps pour l’Amérique de s’unir. Et de panser ses plaies. Nous sommes les Etats-Unis d’Amérique. Et il n’y a rien que nous ne puissions faire, si nous le faisons ensemble », a-t-il insisté dans son premier communiqué de « président élu ».

Dans le camp républicain, l’heure ne semble toutefois pas du tout au rassemblement et à l’union. Dans un communiqué publié juste après l’annonce des résultats, Donald Trump a accusé Joe Biden de se « précipiter pour se présenter faussement » en vainqueur. « Cette élection est loin d’être terminée », a-t-il ajouté, répétant les allégations de fraude que son camp avance depuis des jours, sans apporter la moindre preuve. « À partir de lundi, notre campagne commencera à plaider notre cause en justice pour assurer que les lois électorales soient pleinement appliquées et que le vainqueur légitime soit installé », ajoute le communiqué.

Pour la 299e fois de sa présidence, Donald Trump avait décidé de partir golfer samedi matin sur l’un des parcours qu’il possède en Virginie. Il était sur place au moment où l’annonce des résultats a été faite. Rien n’a filtré pour l’heure sur sa réaction. Mais dans la limousine présidentielle qui le ramènera tout à l’heure à Washington, il croisera sans doute sur son chemin les milliers d’Américains rassemblés devant la Maison Blanche pour célébrer sa défaite.

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