Comme d’autres, la sécurité est au cœur du projet de société du candidat de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) Zéphirin Diabré, qui brigue pour la deuxième fois la magistrature suprême. Il en fait même une priorité absolue au point de lui consacrer un "livre blanc sur la sécurité nationale".

"Tous ensemble avec Zéphirin Diabré pour un nouveau départ en toute sécurité", tel était le thème du congrès d’investiture de Zéphirin Diabré qui s’est tenu le 25 juillet dernier au palais des congrès de Ouaga 2000. Pour l’élection présidentielle, c’est également autour du thème de la sécurité qu’est bâti le projet de société du candidat de l’UPC que résume le slogan : "Ensemble, sauvons le Faso".
Il fallait bien s’y attendre. La question sécuritaire en général et la lutte contre le terrorisme occupe une place de choix dans les propos de campagne du double scrutin présidentiel législatif du 22 novembre.
Pour le candidat de l’UPC, Zéphirin Diabré, la situation que nous vivons depuis l’attaque terroriste du 16 janvier 2016 est plus que préoccupante et appelle une réaction à la hauteur de la menace à laquelle nous sommes exposés. "Ce n’est pas une crise, c’est un désastre sécuritaire", écrit-il dès les premières pages du livre blanc spécialement consacré à la sécurité nationale.
Zéphirin Diabré commence par dresser un sévère bilan de la politique sécuritaire du pouvoir en place qu’il qualifie de « macabre ».
« A ce jour, écrit-il, le pays dénombre près de 3000 morts du terrorisme parmi les civils et les forces de défense et de sécurité ; plusieurs milliers d’orphelins, de veuves et de veufs ; plus de 1 million de personnes déplacées dans leur propre pays à mi-août 2020, en hausse constante selon le CONASUR ; environ 2500-3000 écoles fermées ; entre 350000-500000 élèves privés d’école ; et environ 10 000 enseignants en chômage technique », constate t-il, avant de noter que « la moitié (50%) du territoire est sous le contrôle des terroristes et du crime organisé ».
A ce constat « macabre », il ne voit rien qui puisse espérer une inversion de la tendance et de conjurer un « avenir sombre ». Pour lui, « une aggravation la crise sécuritaire est le scenario le plus probable d’autant plus que, parce qu’elles ne sont pas commandées, contrôlées et soutenues avec clarté par le chef suprême des Forces armées nationales, le président KABORE, nos FDS, y compris nos plus vaillantes unités combattantes, sont au bord de l’enlisement, pris dans le piège d’une lutte sans fin ».

Une situation inexplicable d’autant que « les Burkinabè ont consenti un effort financier sans précédent récent. Il faut en effet remonter en 1975 (+144%, à 2,81% du PIB) pour voir une croissance annuelle des dépenses militaires de plus de 44% comme en 2018 (à 2,1% du PIB - contre un plus haut historique de 3,28% du PIB en 1978) ».
Le coupable de ce désastre sécuritaire est bien évidement le président sortant et candidat à sa propre succession Roch Kaboré, « incapable d’entretenir le mental des troupes déployées sur les différents théâtres d’opération ».
Si nous en sommes arrivés là, c’est selon lui le résultat d’une politique territoriale qui a « formé de grands ghettos territoriaux où nous avons abandonné des Burkinabè à notre oubli et à notre cynisme », où les populations sont frappées par la pauvreté. « En dehors du Centre, toutes les régions du Burkina Faso ont un taux de pauvreté d’au moins 20%, allant jusqu’à plus de 70% dans le Nord et environ 60% dans la Boucle du Mouhoun », deux régions largement défavorisées et qui illustre « un échec collectif sur tous les plans », écrit Zéphirin Diabré.
Certes, il reconnait que le président sortant « a hérité d’un pays où le secteur de la sécurité et les FDS étaient déjà en crise grave » suite à l’insurrection population de fin octobre 2014 et du coup d’Etat foireux de septembre 2015. Mais il accuse le locataire de Kossyam d’avoir sous estimé la menace terroriste malgré « les signaux clairs envoyés par les attaques de 2015 contre la mine de manganèse de Tambao (Nord) en avril, le poste de douanes de Déou (Nord) en juin, la brigade de gendarmerie de Samorogouan (Ouest) en octobre et les recommandations directes données par le président Michel Kafando sur l’urgence de la menace terroriste ».
L’état des lieux de la sécurité établi, le porte-drapeau de l’UPC se pose en sauveur de la nation en péril par la mise en œuvre d’une politique sécuritaire dont la doctrine repose sur le concept de "Bugum Saga" et qui "tire ses racines dans les doctrines stratégiques traditionnelles de nos sociétés (pures traditions Koglweogo et dozo), selon une logique qui rassemble la trinité : peuple, armée, gouvernement ».
Par cette politique sécuritaire qui est bâtie sur cinq (5) axes, « nous entendons faire pleuvoir le feu sur ceux qui nous attaquent ou planifient de le faire » selon le principe de la " dissuasion cumulative, que nous appelons aussi dissuasion totale ».
 le leadership stratégique au sommet de l’Etat ;
 l’architecture de la sécurité nationale ;
 le renforcement des capacités et réorganisation de nos FDS ;
 la mobilisation et résilience des Burkinabè ;
 la coopération en matière de défense et de sécurité ;
Une fois installé à Kossyam, Zéphirin Diabré promet « des munitions à « manger » à volonté [aux FDS, NDLR], tous les jours dans le cadre d’entraînements intensifs et permanents. Il n’y aura pas de place pour la routine ni la corrosion des forces », dit-il, convaincu qu’en agissant de la sorte, notre pays sera débarrassé des terroristes et que nous pourrons alors envoyer nos Forces de défense et de sécurité (FDS), « non pas en opérations de maintien de la paix dans une posture passive, mais sur tous les théâtres chauds en Afrique pour défendre nos pays frères en proie au terrorisme ».
Dans cette guerre contre l’insécurité et le terrorisme, la gendarmerie nationale, considérée comme la « troisième armée » conservera son statut et sera renforcée dans « sa vocation première qui est d’exercer une mission de police sur le territoire pour des raisons de sécurité nationale » et ne saurait sous aucun prétexte être fusionnée avec la police nationale.

Afin d’assurer une sécurité de proximité et réduire le taux d’accidents de la circulation, le candidat Diabré s’engage à créer une police dans chaque quartier afin d’endiguer la privatisation de la sécurité en cours dans notre pays, traquer et identifier les trafiquants et les consommateurs de drogues et autres produits illicites en apportant un soutien à l’Unité antidrogue (UAD) et à la Brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité (BCLCC) de la Police Nationale.

Ce n’est pas tout. Le leader de l’UPC compte mettre en place des statistiques avancées sur le trafic routier et les accidents de la circulation, développer des transports en communs sûrs qui participent à la sécurité routière et à la protection de l’environnement, limiter la vitesse maximale sur toutes catégories de routes dans les centres urbains à un niveau situé dans l’intervalle 20 à 80 km/h, éliminer les ralentisseurs (dos d’âne) particulièrement dangereux, renforcer les contrôles d’alcoolémie dans la circulation, appliquer des sanctions dissuasives contre les délinquants routiers et rétablir la crédibilité du permis de conduire burkinabè.
Afin de disposer de forces supplétives qui peuvent être mobilisées pour des opérations ponctuelles ou à court terme, Zéphirin Diabré va recruter et former 30 000, voire 100 000 réservistes qui viendront renforcer les effectifs des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP).
Reprochant au pouvoir de naviguer à vue dans la gestion de la crise sécuritaire, le candidat de l’UPC promet de consolider le Centre National d’Etudes Stratégiques(CNES)
Créé en 2017, d’apporter son soutien dans le fonctionnement en toute indépendance du Centre d’études stratégiques en défense et sécurité (CESDS) créé par le colonel Auguste Denise Barry et de créer un Centre de lutte contre l’extrémisme et la radicalisation conformément aux recommandations du Forum national sur la sécurité.
Il compte enfin renforcer la coopération avec les organisations régionales, africaines et internationales œuvrant dans le domaine de la sécurité, à commencer par le G5 Sahel, la CEDEAO, l’Union Africaine et bien entendu avec des pays comme la France et les Etats-Unis.

Dominique Koné
Kaceto.net