Pour son 7è meeting régional, le candidat du MPP, Roch Marc Christian Kaboré était hier 12 novembre à Ziniaré, chef-lieu du Plateau, sa région d’origine. A la rencontre avec les Forces vives de la région tenue dans la matinée et au meeting qu’il a animé dans l’après-midi, il a renouvelé sa détermination à vaincre le terrorisme et à réconcilier les Burkinabè

C’est dans une ambiance très détendue, voire joyeuse que le candidat du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), Roch Marc Christian Kaboré est arrivé hier 12 novembre dans le cadre de la campagne du double scrutin présidentiel législatif du 22 novembre prochain. Rien à voir avec "l’accueil poli" qui lui avait été réservé il y a cinq ans. A l’époque, c’était d’ailleurs pratiquement seul, sans les poids lourds du parti, qu’il s’était entretenu avec les Forces vives de la région du Plateau central quelques heures avant d’animer le meeting au stade de Ziniaré. Il y avait beaucoup d’appréhension et certains se demandaient ce qui pourrait bien se passer dans le fief de Blaise Compaoré, où les cœurs n’étaient pas encore apaisés après sa chute, emporté par une insurrection populaire d’octobre 2014. "En 2015, hors mis le meeting régional, aucun dirigeant du parti n’a osé venir animer un meeting provincial comme cela s’est passé ailleurs", se souvient un cadre du MPP de la région.
Cinq ans après, les choses ont beaucoup changé ; les coeurs se sont quelque peu apaisés. A preuve, le candidat s’est rendu tôt le matin dans la cour royale où il a chaleureusement été accueilli par le prince héritier du trône et les notables, qui lui ont fait des bénédictions dans sa quête d’un nouveau mandat. "La visite a été très cordiale si bien qu’on a mordu sur le début de la rencontre avec les Forces vives", confie un conseiller du candidat.

C’est effectivement avec près de 20 mn de retard que le candidat du MPP est arrivé dans la salle de délibération du Conseil régional, trop petite pour contenir tous les délégués représentants les trois provinces de la région, le Ganzourgou, le Kourwéogo et l’Oubritengatriés. Il s’est d’ailleurs excusé du retard, expliquant qu’il avait dû accomplir certaines formalités liées aux traditions locales et que cela a pris du temps.
L’exercice qu’il a instauré en 2015 vise à rencontrer les forces vives, ceux-là qui sont considérés comme les acteurs clés du développement de la région.
Hier, c’est le représentant des chefs coutumiers, Naba Congo, qui a ouvert le bal des interventions, très brèves car calibrées : pas plus de trois minutes. Après avoir demandé aux mânes des ancêtres de veiller sur le bon déroulement de la rencontre et souhaité la bienvenue "chez vous" au candidat Kaboré, il a lui a assuré du soutien total des chefs coutumiers et gardiens de la tradition. "Vous êtes le père de tout le pays et nous avons le devoir de tout faire pour que l’objectif que vous poursuivez soit atteint", a t-il déclaré, avant de donner rendez-vous après le 22 novembre "pour parler de nos préoccupations".
On donne la parole au porte-parole des anciens, Francis Ouédraogo. Il remercie le président sortant pour les ambulances offertes à toutes les communes et demande au candidat de se pencher un peu plus sur la prévention des maladies cadio-vasculaires "causées par la mauvaise qualité de la nourriture" et de donner un nouveau pouce au montant des pensions des retraités.

Pour sa part, au nom des femmes, Fatoumata Zerbo a remercié le président pour "ce que vous avez déjà fait pour les femmes" et lui a dit de "rester serein pour le rendez-vous du 22 novembre".
Quant au représentant des jeunes, Moussa Sawadogo, il a demandé au candidat de mettre en place une politique de promotion des jeunes, notamment dans les entreprises privées et de soutenir l’émergence d’un leader régional auprès de qui, les jeunes pourront porter leurs doléances.
S’exprimant au nom de ses camardes des secteurs structurés, Boukaré Konsimbo a dénoncé l’agenda caché de certains syndicats et a indiqué qu’ils se démarquaient des actions que derniers ont menées et pourraient mener. Il a confié que depuis l’arrivée au pouvoir du président Roch Kaboré, "quand on regarde son bulletin de salaire, on constate en toute objectivité qu’il y a eu quelque chose de fait". Il veut savoir la suite qui est donnée à la conférence sur la remise à plat des rémunérations des fonctionnaires et a souhaité que les salaires des enseignants qui sortent des écoles soient rapidement versés, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

Les personnes ressources de la région avaient aussi des doléances et c’est Georges Guiella, démographe, enseignant à l’université Joseph Ki Zerbo, par ailleurs, membre du Bureau exécutif national (BEN) qui a été chargé de les soumettre au candidat.
L’une des préoccupations déjà exprimées en 2015, porte sur l’éducation. "Le « Tableau de bord de l’éducation de base » faisait ressortir qu’au cours des années 2010-2014, le Plateau central avait connu une évolution des effectifs des élèves du primaire de 6,7%, soit la 3ème plus forte évolution après la région du Centre et du Centre-Est. Les corollaires de cette hausse étaient entre autres, les nombreuses écoles encore sous paillote et un ratio élèves/maître qui était encore trop élevé" a t-il rappelé, avant de se réjouir que la politique menée depuis 5 ans ait permis de réduire le nombre d’écoles sous paillote.

En matière d’éducation et de formation, la région a encore des besoins pressants, a t-il poursuivi, notamment, la nécessité de créer des centres de formation professionnelle au profit des filles déscolarisées ou non scolarisées, la création de technopôles permettant une meilleure intégration entre l’enseignement supérieur et la recherche. "Au regard de ses potentialités d’intégration entre l’agriculture, l’élevage et la pêche, la région du Plateau central souhaite vivement que cette idée se poursuive à travers le chapitre 6 de votre nouveau contrat, chapitre qui vise à asseoir l’économie du savoir et bâtir une école de demain", a conclu Georges Guiella.
Dernier à prendre la parole, Amado Sawadogo, par ailleurs président régional de la chambre de commerce et d’industrie a souhaité, que les opérateurs économiques soient représentés dans toutes les commissions d’organisation des festivités du 11 décembre prévues en 2021 à Ziniaré. Mieux, a demandé la mise en place d’une commission spéciale animée par les opérateurs économiques, chargée de prospecter et récolter les fonds nécessaires aux financements des projets entrant dans le cadre des festivités du 11 décembre et plus généralement, à accorder des prêts d’honneur aux jeunes porteurs de projets. "376 dossier de demande sont en attente" a t-il révélé.
A ce dernier et sur les prêts d’honneur, le candidat s’est montré sceptique quand aux résultats attendus. "Depuis 6 ans, nous avons fait de tels prêts, mais les résultats ne sont pas probants. Beaucoup prennent l’argent et vont faire autre chose que la destination initiale, ne remboursent pas et nous prive ainsi de moyens d’aider les autres" a t-il répondu. Puis, s’adressent aux différents orateurs, il les remercie avant d’apporter des réponses à chacune des préoccupations. Rendez-vous l’après-midi pour le meeting, 7è du genre depuis l’ouverture officielle de la campagne le 31 octobre dernier.
Dès 14 heures, les tentes montées depuis la veille sont déjà bondées de monde, pareil pour la tribune officielle où il faut montrer patte blanche avant d’y accéder. L’ambiance est surchauffée par des animateurs qui maîtrisent les ficelles pour maintenir à l’écoute le public qui patiente depuis des heures.
A 14h25, le MC annonce l’arrivée du candidat, escorté par un service de sécurité qui le maintient à une certaine distance du public. Il fait le tour marque quelques secondes d’arrêts par endroits avant de rejoindre la tribune officielle.

Les choses sérieuses peuvent commencer. Les premiers orateurs sont Marc Zoungrana et Alidou Ouédraogo, respectivement directeur régional de campagne et porte-parole de l’Alliance des partis politiques de la majorité présidentielle (APMP) forte de plus de 70 partis politiques. Peux, "le pouvoir est déjà pris ici dans le Plateau central" lance Marc Zoungrana, député MPP qui sollicite un second mandat.
Pour le lui, le bilan du candidat plaide en sa faveur : gratuité des soins de santé pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans, accès à l’eau potable, construction de routes, soutien aux femmes, 12 milliards de F CFA débloqués en faveur des maires des communes de la région, etc., autant de réalisations à mette au compte du président sortant et qui mérite qu’on lui accorde un second bail à Kossyam. Marc Zongrana rassure le candidat que les populations du Ganzourgou, de l’Oubritenga et du Kourwéogo vont l’accompagner jusqu’à Kossyam.
Une assurance dans les propos des deux orateurs qui ne rassure pas le directeur national de campagne, Simon Compaoré. Certes, il est heureux de voir autant de monde au meeting, mais il rappelle que le vote se déroule sur un terrain glissant et qu’il faut en permanence maintenir la veille. "On ne cherche pas le pouvoir en plaisantant", avertit-il, avant de demander aux populations d’accorder leur suffrage à leur candidat Roch Kaboré et aux candidats du MPP pour les législatives. "Si vous ne lui accordez pas la majorité parlementaire, c’est comme si vous aviez soutenu quelqu’un à l’aide d’une échelle à monter, et une fois la-haut, vous lui ôtez l’échelle. Il n’a plus de soutien et ne pourra rien faire sans ce soutien", explique t-il. Il demande aux militants de faire du porte à porte pour expliquer aux populations comment voter et où se trouve l’emplacement du candidat sur le bulletin unique de vote.éclare Roch Kaboré d’entée de jeu, "heureux d’être chez moi".
Puis comme à Kaya la veille, il explique que les attaques terroristes, la grève des syndicats et la maladie du COVID-19 ont perturbé son plan de travail, contraignant le gouvernement à revoir les priorités. Il accuse des gens qui avaient juré que son pouvoir ne durera que quelques mois et qui sont derrière les attaques terroristes. Malgré tout, avance t-il, des acquis ont été engrangés au plan agricole, dans l’accès à la santé.

Parlant de la lutte contre le terrorisme, il met ses concitoyens contre la stigmatisation des communautés car dit-il, on retrouve toutes les ethnies parmi les terroristes.
S’agissant de la fête du 11 décembre prévue en 2021 à Ziniaré, il invite les fils de la région du Plateau central à se mobiliser afin d’être en phase avec le nom de la ville : "Du jamais vu". Comme lors de la rencontre avec les forces vives le matin, Roch Kaboré est revenu sur le retour des exilés politiques pour rappeler ce qu’il a toujours dit : "Nous n’avons chassé personne ; celui qui veut, peut rentrer, mais s’il a un problème avec la justice, il doit s’expliquer" a t-il insisté. Sur le cas de Blaise Compaoré, le fils du coin, il s’est voulu rassurant : "C’est un ancien président qui a dirigé le pays pendant 27 ans. A ce titre, il faudra faire en sorte que son retour se fasse dans la dignité et nous y travaillons". Une annonce chaudement applaudie par la foule. Il met en garde la population de Ziniaré contre ceux qui disent vouloir faire revenir Blaise Compaoré rapidement. "C’est nous qui pouvons arranger les choses, pas eux", a t-il conclu.

C’est nous qui pouvons arranger et non eux.

Georges Diao
Kaceto.net