Peux t-on disposer de chiffres fiables sur les résultats du double scrutin présidentiel législatif du 22 novembre et les publier dès le 23 novembre ? Pour l’opposition, la réponse est non et elle s’inquiète de ce que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) aurait envisager de faire.
Depuis Banfora, dans les Cascades où il séjourne pour la campagne, le chef de file de l’opposition Zéphirin Diabré, candidat de l’UPC a estimé qu’il n’était pas possible d’avoir des résultats le 23 novembre et a menacé de ne les rejeter au cas où la CENI les publiait. "S’il y a fraude, je n’accepterai pas les résultats et vous savez ce que vous devez faire. Je répète bien pour qu’ils m’entendent depuis Ouagadougou. S’il y a fraude, je vais refuser de reconnaître les résultats et à ce moment là, vous êtes libres de faire ce que vous voulez. Je veux que ce soit bien clair".

Suite à des informations de la presse relayant des propos des responsables de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) sur la possibilité de proclamer dès le 23 novembre, des résultats des élections couplées du 22 novembre, le Chef de file de l’Opposition a tenu à faire part de ses réserves au Président de la CENI.
Pour l’Opposition, il est important que toutes les précautions soient prises pour une confirmation des différents résultats avant toute proclamation. Or, en tenant compte des délais de dépouillement dans les bureaux de vote, des délais de transmission de ces différents résultats au niveau des centres de compilation, et du travail de vérification, de sommation et de confirmation qui doit s’y dérouler, il parait irréaliste d’avoir des résultats fiables et acceptés par tous pour une proclamation des résultats dès le 23 novembre 2020.
Pour l’Opposition politique, le Burkina n’est pas tenu de battre des records de vitesse en matière de proclamation des résultats. La loi donne des délais qui vont largement au-delà du 23 novembre, et qui doivent être mis à profit pour une confirmation des résultats par l’ensemble des acteurs. Vouloir faire autrement, c’est courir le risque de faire des erreurs et de semer les graines d’une crise postélectorale.
Les inquiétudes de l’Opposition sont renforcées par le fait que cette fois-ci, contrairement aux fois passées, le système traditionnel de VSAT qui transmet les résultats est défaillant et sera remplacé par un opérateur privé.
Hormis les grands partis qui ont des représentations locales sur l’ensemble du territoire, la vérification et la confirmation par la majorité des partis sur les scores obtenus ici et là peuvent prendre plus d’une journée. A cela s’ajoute le fait que des contestations des résultats des centres de compilation peuvent survenir, entraînant des vérifications supplémentaires avant la confirmation définitive.
Pour toutes ces raisons, nous devons prendre le temps de bien faire les choses.
L’Opposition politique burkinabè est attachée à la plus grande transparence de ce scrutin. Comme tous les Burkinabè, elle souhaite des élections apaisées. Mais elle n’acceptera pas que les résultats du 22 novembre soient traités dans la précipitation.
L’Opposition politique espère avoir l’occasion d’exprimer de vive voix ces inquiétudes aux responsables de la CENI.

Banfora, le 18 novembre 2020

Le Chef de file de l’Opposition

Zéphirin DIABRE