Le chef de file de l’opposition politique (CFOP) a fait a rentée hier 4 mai 2021 à son siège avec la presse, occasion pour elle de faire le bilan des 100 premiers jours du deuxième mandat du président Roch Kaboré. Le président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) Eddie Komboïgo était le principal orateur de la rencontre avec les journalistes.

Le temps de grâce accordé par l’opposition au président Roch Kaboré après son investiture le 28 décembre 2020 est terminé. L’opposition peut donc engager à nouveau les hostilités républicaines et apprécier la gouvernance de la nouvelle majorité présidentielle. Hier, le nouveau chef de file de l’opposition politique Eddie Komboïgo et ses camarades ont donc retrouvé le chemin de leur siège, à la zone du bois où ils se sont entretenus avec les journalistes.
Sans surprise, Eddie Komboïgo a pointé du doigt la faiblesse de la politique sécuritaire, l’absence d’un référentiel de développement après la fin du Plan national de développement économique et social (PNDES), l’inflation des prix des produits de première nécessité et la grogne sociale, notamment dans le secteur éducatif où les élèves battent le pavé depuis des semaines contre les réformes entreprises par le gouvernement.
Selon le CFOP, depuis la formation du nouveau gouvernement le 10 janvier 2021, rien ne va, comme si le l’exécutif était impuissant face aux problèmes qui assaillent les Burkinabè. "Les morts se comptent par dizaine notamment à l’est, au Nord et au Centre-Nord aux quatre (04) coins du pays. L’Occupation du territoire national par des hommes armés non identifiés qui imposent leur mode de vie et de gouvernance au mépris d’un Etat de droit", déplore Eddie Komboïgo, soulignant que le nombre de déplacés internes "atteint aujourd’hui plus de 1 200 000 déplacés" à quoi s’ajoute une population qui vit " dans une situation sécuritaire et alimentaire précaire".
Au plan de la gouvernance économique, le CFOP stigmatise "le bradage des marchés et la montée de la corruption", et reprend à son compte le diagnostic établi par le ministre de la Santé, Charlemagne Ouédraogo sur l’état des infrastructures sanitaires avec "des CHUR sous équipés, des chantiers mal exécutés ou des infrastructures inachevées alors que les marchés afférents ont été passés à des coûts de milliards de FCFA". Le tout dans un contexte économique marqué par la COVID-19 qui a entraîné la fermeture des frontières avec les conséquences directes sur la bonne marche des affaires, d"autant que le Burkina est un pays enclavé.
Résultat, le prix du sac de 100 kg de maïs est passé de 12.500 Francs CFA en janvier à 22.500 Francs CFA ce mois d’avril, soit "la plus importante hausse des prix dans l’espace UEMOA".

Bien évidemment, les réformes entreprises par le ministère de l’Education nationale, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales (MENAPLN) qui suscitent des contestations dans les rues par les élèves, se sont invitées à la conférence de presse. Des motifs d’inquiétude pour le CFOP quant à la bonne tenue des examens et une fin heureuse de l’année scolaire.
La grosse manifestation des populations de l’Est contre ce qu’elles considèrent comme un délaissement de leur région, la grogne des journaliers de la mairie de Ouagadougou qui réclament entre autres leur intégration dans la fonction publique territoriale, la reconstitution de leur carrière et l’affiliation à une caisse de retraite, les remous que provoquent la volonté du ministre de l’Habitat, de l’urbanisme et de la ville, Maître Sankara d’assainir le secteur de l’immobilier, etc., autant de sujets sur lesquels le CFOP s’est prononcé.
L’opposition qui dès la fin des élections qu’elle sera positive et constructive, a formulé des recommandations à l’attention du gouvernement à même de sortir notre pays de son état actuel.
A commencer par "le recouvrement du territoire national dans son intégralité dans les plus brefs délais, le retour de populations déplacées dans leurs localités d’origine, la réaffirmation de l’Etat de droit et la ré-instauration de l’autorité de l’état sur toute l’étendue du territoire, la prise en charge des populations démunies et la prise en charge immédiate et sans délais des veuves et orphelins des forces de défenses et de sécurités tombés pour la patrie, dans la défense de l’intégrité territoriale.
Eddie Komboïgo a également souhaité une baisse des prix de produits de grande consommation de première nécessité et des hydrocarbures, la reprise du dialogue avec les partenaires sociaux auxquels le CFOP réaffirme son soutien indéfectible et sans faille, l’application stricte des recommandations de l’enquête parlementaire sur le foncier publiée en 2016 et la réouverture sans délais des frontières terrestres.

Dominique Koné
Kaceto.net