Le Conseil européen qui se tient jeudi et vendredi à Bruxelles devrait décider de brandir l’arme financière et commerciale pour inciter les gouvernements africains à endiguer le flot de migrants qui fuient en masse vers les rivages de l’Europe dans le but de trouver un avenir meilleur.

L’UE semble déterminée à renvoyer dans leurs pays toutes les personnes dont la vie n’est pas en danger immédiat.

Pour inciter les cinq Etats africains concernés à reprendre leurs migrants, l’UE a déjà fait venir des responsables africains en Italie pour identifier ceux qui pourraient essayer de dissimuler leur identité pour éviter d’être renvoyés chez eux.

Les arrivées en Italie sont en hausse de près de 6% cette année par rapport à 2015. L’an dernier, l’Italie a accueilli 154.000 migrants. Elle devrait en recevoir autant, voire un peu plus cette année. Le nombre de demandeurs d’asile monte à 165.000, soit trois fois plus qu’en 2014.

Exemple de la nouvelle approche, la chancelière allemande Angela Merkel a promis d’aider l’Ethiopie quelques jours après la décisions d’Addis-Abeba de reprendre 50 personnes expulsées d’Europe alors qu’elle était auparavant réticente à le faire.

Au Niger, un centre d’information financé par l’UE a été établi à Agadès, ville de passage pour les migrants qui traversent le Sahara pour rejoindre les bateaux qui les attendent sur les côtes libyennes. Les candidats à l’immigration y sont informés des dangers de la traversée dans le but de les dissuader de poursuivre leur périple.

Avec l’Afghanistan, dont les ressortissants constituent le second groupe de migrants qui arrivent en Europe après les Syriens, l’UE a conclu un accord qui conditionne son soutien politique et financier au nombre de personnes reprises par le pays.
L’UE aide aussi la Turquie, le Liban et la Jordanie qui accueillent environ trois millions de réfugiés syriens.
Avec la Turquie, Bruxelles a conclu en mars dernier un accord de fond qui prévoit une accélération des discussions d’entrée dans l’UE et une délivrance facilitée des visas pour les Turcs souhaitant se rendre en Europe si Ankara parvient à empêcher les départs de migrants vers la Grèce.

Cet accord a réduit à quasiment rien les arrivées de migrants sur les îles grecques.
"Il y a quelque chose de fondamentalement déplaisant dans cette nouvelle approche de la politique étrangère de l’EU parce qu’historiquement, elle a toujours été le gentil", commente Elizabeth Collett du cercle de réflexion Migration Policy Institute à Bruxelles. "C’est la première fois qu’on lui demande de ne plus être le gentil."

Agences Reuters