A la faveur de la 14ème édition du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (Siao) qui s’est tenue du 28 octobre au 6 novembre, nous avons rencontré une Ivoirienne, venue faire des affaires et profiter découvrir le Burkina. Un séjour initiatique qui lui a littéralement transformé son regard qu’elle avait sur le Pays des hommes intègres !

C’est la première fois que vous visitez le Burkina. Comment trouvez-vous votre voisin du Nord ?

Je suis venue rendre visite à une amie et c’est vraiment une découverte agréable pour moi parce que franchement, je ne m’attendais pas à voir ce que je vois à Ouaga. Pendant la crise, on nous disait que les Ivoiriens sont venus se réfugier à Ouaga et que ce sont eux qui ont construit Ouaga2000 ; donc pour nous, Ouaga200 c’est une partie de la Côte d’Ivoire.

Vous parlez de découverte agréable, que voulez-vous dire ?

Pour être honnête, j’avais une idée négative de Ouaga, une ville sans culture et qui est à l’état de nature. Je pensais en arrivant que je serai logée dans le campement d’un petit village sans commodités. Mais une fois sur place, j’ai vu que ça n’avait rien à voir avec ce que je pensais. Les gens sont accueillants, sympathiques, et j’ai même bu la bière fabriquée au Burkina ! Pour moi, c’est une découverte parce que là où je vis, à San Pédro, je côtoie des Burkinabè mais sans les fréquenter. Il n’y a pas vraiment de mélange entre les Ivoiriens et les Burkinabè ; on les regarde comme des gens qui ont fui leurs villages pour venir se chercher en Côte d’Ivoire. Ils travaillent dans des usines comme ouvriers et c’est peut-être pour cela que j’avais cette idée négative du Burkina. A présent que j’ai vu de mes yeux la réalité de Ouaga, je compte revenir et y passer plus de temps. La seule différence entre le Burkina et la Côte d’Ivoire, c’est le climat ; ici à Ouaga, c’est sec et chaud. J’ai vu qu’ici, il y a un couloir qui est réservé aux usagers des deux roues et ça fait aussi partie du charme de la ville, tout en permettant d’éviter les accidents.

Qu’allez-vous dire à vos parents et ami(es) à votre retour ?

Je vais d’abord raconter ma découverte à ma collègue, la seule à qui j’avais dit que je partais au Burkina. Je lui avais communiqué le numéro de la personne chez qui j’allais habiter en lui disant : si dans deux semaines, vous ne me voyez pas revenir, commencez à prier. Elle m’a dit : tu ne finiras jamais de me surprendre ; que vas-tu faire au Burkina ?! A mon père, je n’ai rien dit parce que je risquais de le choquer et il n’allait pas accepter que je vienne. C’est une fois à Ouaga que je l’ai appelé pour l’en informer, et il a dit : Que Dieu te ramène en bonne santé !

En dépit des images diffusées sur la télé ivoirienne ou sur d’autres, surtout pendant l’insurrection populaire, vous aviez encore une image très sommaire de Ouaga ?

Oui, c’est malheureusement la vérité. Je suis professeure de Français et en dehors des élèves, je ne fréquente pas vraiment les Burkinabè. Quand Blaise Compaoré s’est réfugié à Yamoussoukro, de jeunes patriotes voulaient marcher et l’accueillir à leur manière ; on était content de ce qui lui est arrivé. Et le fait qu’il ait pris la nationalité ivoirienne est pour beaucoup d’Ivoiriens, la preuve supplémentaire qu’il n’y a rien au Burkina. Il y a beaucoup de préjugés entre nous et je peux vous dire que j’ai eu peur quand j’ai franchi la frontière. Il faut qu’on montre la réalité dans nos pays afin qu’on se connaisse mieux. Par exemple, en littérature comparée, nous n’étudions que les auteurs Sénégalais et Nigérians, mais jamais d’auteurs Burkinabè.
Non seulement je vais revenir, mais je vais convaincre des ami(es) de venir avec moi pour voir de leurs propres yeux la réalité du Burkina Faso. Je suis sûre qu’ils seront comme moi, agréablement surpris.

Propos recueillis par Salam Sondé
Kaceto.net