Le docteur Arouna Louré, député à l’Assemblée législative de la Transition et militant du mouvement citoyen Les Révoltés s’interroge sur les capacités des militaires au pourvoir devenus selon lui des "petits-bourgeois" à incarner un changement qualitatif pour le peuple burkinabè. Et émet l’hypothèse d’une Transition politique civile "qui aura pour mission la sécurisation de notre pays mais surtout, la refondation de l’État".

Rien n’est au dessus d’une nation, mais ce qui constitue les fondamentaux d’une nation, c’est la justice et l’équité sociales que ses dirigeants doivent implémenter en tout lieu et en tout temps. Ainsi, chaque citoyen se doit d’être réaliste afin d’être un acteur pragmatique, du mieux de ses capacités et de sa fonction, de la justice et de l’équité sociales.
Pour un rappel afin de mieux situer les choses dans leur contexte, j’ai été un farouche opposant du régime Kaboré à cause de sa mal gouvernance, faite de corruption, de vol, de népotisme, mais surtout de l’incompétence et de la désinvolture dont certains faisaient preuve. Je suis descendu dans les rues de notre capitale contre toute attente, pour défendre mes opinions à la bonne gouvernance et à la sécurité pour mon peuple.
Farouche défenseur d’une révolution populaire qui signifierait la maturité politique de notre peuple, je n’ai pas demandé la démission de Roch Kaboré car son remplaçant institutionnel n’aurait pu faire mieux, voire pire, et je n’ai pas non plus demandé un coup d’État, car cela reflète la lâcheté des civils qui sont incapables de s’assumer (cf. la VAR).
Cependant, j’ai applaudi l’avènement du MPSR au pouvoir, car au vu de l’incapacité du régime passé, j’ai espéré comme beaucoup d’autres concitoyens à un changement de paradigme afin de refonder les institutions de notre pays dans ses fondamentaux. Nous avons fait cela parce que tout ce que notre peuple demande aujourd’hui, c’est la sécurité, la justice et l’équité sociales peu importe qui nous l’apporte.
Tout cela, je l’ai fait au risque de ma personne physique et au risque des conséquences pour les miens ; et aujourd’hui je suis prêt à recommencer cela pour plus de justice et d’équité sociales pour notre pays. Rien de tout cela n’a été fait, ne serait-ce qu’un seul instant, dans l’espoir d’un quelconque usufruit, mais parce que je reste persuadé que notre pays a besoin de fils et filles dignes et intègres, épris d’une prospérité sociale pérenne pour tous.
Aujourd’hui, la situation de notre pays nous oblige encore à plus de réflexion afin de proposer de meilleures solutions. Nous avons souvent cru que les militaires pouvaient être de bons dirigeants, mais je crains fort que notre histoire politique nous prouve le contraire. Hormis l’époque révolutionnaire qui fut écourtée brutalement et qui a eu des résultats remarquables, sur nos 62 ans d’indépendance, 50 ans ont été sous la direction des militaires et 12 ans seulement sous la direction des civils. De même, je crains fort que les militaires d’aujourd’hui, notamment les officiers, devenus petits-bourgeois ne soient plus des militaires dans la tenue militaire avec une arme que dans l’esprit et l’âme du militaire Voltaïque. Mes craintes portent également sur le fait que les militaires au pouvoir aujourd’hui n’aient ni l’intégrité ni la compétence qu’avaient fait montre les militaires voltaïques, mais qui ont tout de même échoué à faire de notre pays, une nation de paix et de prospérité sociale.
Au vu de ce qui précède, et du risque d’une violence meurtrière entre des corps militaires si nous devons assister à un autre coup d’État, si les militaires au pouvoir aujourd’hui ne revoient pas leur engagement et leur gestion du pouvoir d’État, nous devons réfléchir à la mise en place d’une TRANSITION POLITIQUE CIVILE. Il ne s’agit nullement de remplacer des militaires amateurs par des civils amateurs ou incompétents. Mais il s’agit de remuer ciel et terre afin de faire appel à tous les fils et filles de notre pays qui seront à mesure d’un désintéressement absolu afin de relever les défis qui s’imposent à notre patrie. Il s’agit de mettre en place une TRANSITION POLITIQUE CIVILE qui aura pour mission la sécurisation de notre pays mais surtout la refondation de l’État après avoir vidé les dossiers de crimes de sang et de crimes économiques. Il s’agit d’avoir le courage en ce moment précis de notre histoire d’OSER UN CHANGEMENT DE PARADIGME.

Allah est toujours avec les justes

Dr Arouna LOURÉ
Député ALT
Mouvement Citoyen Les REVOLTES