Ambiance festive dans la cité du Coura Coura. A trois jours de la célébration du 56è anniversaire de la fête de l’indépendance, l’effervescence est bien visible dans la ville de Kaya. Dès l’entrée, les mesures de sécurité ont été renforcées avec des fouilles systématiques des véhicules et le contrôle des occupants. Sur une des principales artères, s’étire une longue file de véhicules militaires et civils, positionnés pour les répétitions du défilé. Des majorettes vêtues de rouge bleu agitent leurs bras, sous le regard de quelques badauds, venus admirer ce qu’ils n’auront peut-être pas la chance de voir de près le 11 décembre.
En attendant, la culture s’est déjà invitée dans la ville avec l’ouverture ce matin de la 8ème édition du Festival Wed bindé, dont Kaceto.net est partenaire.
Il faut traverser le centre-ville, bifurquer vers la cathédrale avant de rejoindre la Place de nation où avait lieu la cérémonie d’ouverture.
Le soleil est au zénith et le mercure frôle les 40°. Après un retard dû à un agenda surchargée de la gouverneure de la région du Centre-Nord, Nandy Diallo Somé et à quelques "ennuis techniques", les discours peuvent commencer.
C’est l’adjointe au maire qui souhaite la bienvenue aux festivaliers et dit la fierté des Kayalais d’accueillir tous les deux ans, ce rendez-vous culturel qui célèbre notre culture et nos traditions.

Quant au secrétaire général de l’association PASSATE, organisatrice du Festival, Issaka Sawadogo, il a rappelé que l’objectif du Festival était de "promouvoir le patrimoine culturel de la région et servir de cades d’échanges et de retrouvailles des ressortissants de la localité et d’ailleurs.
Les initiateurs de cette biennale du Wed bindé "ont constaté une léthargie culturelle de la région, pis, la disparition de certains savoirs et savoirs-faire traditionnels qui auraient pu inspirer la jeunesse en ces temps de mondialisation".
L’association, qui refuge la dilution des identités et la disparition des particularismes, s’est donnée la mission d’entretenir par des formations, la mémoire de certaines pratiques culturelles et artistiques. A l’heure où le Burkina mise sur sa culture pour booster son industrie touristique, le festival Wed bindé peut y contribuer, en tout cas pour la région du Centre-Nord, se convainc Issaka Sawadogo. "La culture, ce n’est pas seulement le souvenir du passé, elle est aussi le présent et même le futur, en ce sens qu’elle constitue une valeur refuge de nos projets de société", a t-il déclaré.

Dernière à prendre la parole, la gouverneure, qui était accompagnée du haut-commissaire du Sanmatenga et du président du conseil régional, a d’bord excusé le ministre de la culture "retenu à Ouaga pour la cérémonie des décorations", avant de saluer la pertinence du choix du thème de l’édition 2016 du Festival : "La culture, un facteur de cohésion sociale". Selon elle, nous devons faire de nos valeurs ancestrales, le pilier du développement de notre pays.
Interpellée par la presse sur l’appel au boycott des festivités du 11 décembre par des ressortissants du Namentenga en signe de protestation contre le mauvais état de la route qui les relie à Kaya, la gouverneure a révélé que les choses pourraient changer d’ici le 11 décembre. Une équipe gouvernementale été dépêchée hier soir à Boulsa et les discussions entamées avec le chef traditionnel et les personnes ressources laissent penser qu’on s’achemine vers la levée de l’appel au boycott. Selon la gouverneure, l’entreprise désignée pour refaire la route a entamé les travaux hier à partir de Boulsa, preuve que les revendications des frondeurs ont été entendues. Après une pause musicale assurée par la troupe Yimiougou de Korsimoro, cap sur le musée des fourneaux, le seul en son genre sur le continent africain. Les Festivals assistent d’abord au vernissage de l’exposition "Un âge de fer africain" avec comme guide de luxe, Lassina Simporé, maître de conférence en archéologie, expert en conservation préventive. L’exposition retrace l’histoire de la métallurgie sur le continent noir et les techniques utilisées depuis 800 ans avant Jésus Christ pour extraire le fer du granit.

Sur le site proprement du musée à ciel ouvert des fourneaux, le néophyte découvre les différents fourneaux qui y sont érigés, leur spécificité selon leur origine (Mali, Côte d’Ivoire, Bénin, France, Etats-Unis). Ils assistent, émerveillés à la mise en activité d’un fourneau par un frère Dogon, venu du Mali pour rappeler aux jeunes ce que les ancêtres leur ont légué et qui méritent d’être conservé.
Ce soir, sur le coup de 20h, débutent les compétitions des troupes Wed bindé, place de la nation.

Joachim Vokouma
Kaceto.net, à Kaya