« On m’a appelé tôt le matin et quand je suis arrivé à l’Hôpital, on m’a remis un carton avec le bébé sans vie couché à l’intérieur. C’est le pire jour de ma vie ».
Ces paroles de Raïssa Compaoré résument la teneur de la rencontre d’échanges entre blogueurs du Burkina qui s’est tenue le mardi 27 décembre 2016 dans l’enceinte du restaurent de la RTB. Initié par Le réseau des blogeurs du Burkina en collaboration avec MYS’TIC et blogeuses 226, le Grin blogeur a été un moment de rencontre autour du thème : « L’usage des réseaux sociaux pour des œuvres sociales ».

"Vous pouvez vous lancez dedans, mais il faut en être convaincu, avoir les reins solides et le cœur qui tient", dira Alain Traoré dit Alino Faso, en guise de conseil tant les obstacles sont nombreux et multiformes. C’est à la lumière de l’opération « Des couveuses pour nos anges », que les deux exposants ont abordé le thème de la rencontre. C’est ainsi que nous apprendrons que chaque jour il y a des nouveaux nés qui meurent au Burkina Faso, faute de couveuse. Au niveau de l’Hôpital Yalgado Ouédraogo, il n’y aurait que deux couveuses fonctionnelles contre quatre du côté de l’Hôpital Blaise Compaoré ; et en dehors de la clinique les Genêts, aucune autre formation hospitalière n’aurait de couveuse.

En dehors de Ouagadougou, il n y a plus aucun espoir pour les parents d’enfants prématurés pour qui la couveuse est la condition sine qua none pour la survie du bébé. Même pas une seule couveuse à Bobo Dioulasso, la capitale économique du Burkina Faso.

C’est ce constat et surtout la mort de deux bébés en juillet dernier qui a poussé les deux communicants et web activistes à mener ce qu’eux même appellent leur plus grande opération sur le réseau social Facebook. Un appel à contribution qui a permis d’avoir déjà l’argent pour acquérir cinq 05 couveuses : un contributeur vivant en France offre 03 couveuses et la fondation Coris Cinq 05 couveuses.

Les réseaux sociaux permettent donc de mener des œuvres sociales car d’ici mi-janvier, l’opération menée sur les réseaux sociaux principalement permettra de doter le Burkina Faso d’au moins 13 couveuses supplémentaires qui seront dispatchées à travers le pays.

Selon Alino Faso, les réseaux sociaux peuvent permettre de mobiliser les bonnes volontés et trouver rapidement de l’aide pour des cas parfois désespérés. Il citera plusieurs exemples comme le cas de cet enfant qui était atteint d’une malformation et dont le père s’est endetté auprès de sa banque sans réussir à couvrir les soins de son enfant lors que la maman de l’enfant n’avait même plus les 2000 FCFA nécessaire pour la location journalière de la chambre à l’Hôpital Pédiatrique Charles de Gaulle, une heure de mobilisation sur Facebook a permis de récolter plus de 900.000 FCFA afin de leur venir en aide.

L’assistance a été émue par les nombreux témoignages et des cas sociaux très difficiles. Certains blogeurs se sont demandé ce que faisait le gouvernement dans tout cela. Mais les deux conférenciers estiment avoir eu les encouragements du gouvernement par la voix du ministre de la Santé publique qui leur a d’ailleurs confié que des projets allant dans le sens d’acquérir des couveuses sont déjà en vue au niveau du gouvernement. Ils invitent les blogeurs comme d’ailleurs l’ensemble des Burkinabè à ne pas tout attendre du gouvernement, mais aussi à se prendre en main et à changer de comportement.
Pour ceux qui voudraient également se lancer dans des œuvres sociales à travers les réseaux sociaux, il ne faut surtout pas oublier le devoir de redevabilité, en rendant compte de chaque centime récolté, pièce justificative à l’appui. Comme toute œuvre humaine, il y aura toujours des personnes contre et s’engager dans le social ne fait pas exception.

«  Il y a un numéro qui m’écrivait tous les jours et plusieurs fois par jour pour me menacer et m’insulter parce que je participe à cette opération pour les couveuses. J’ai toujours les messages. C’est quand nous avons reçu les trois premières couveuses que nous avons publiées sur Facebook que la personne a arrêté il y a environ un mois  » confie Raïssa Compaoré. Utilisé les réseaux sociaux pour aider les autres n’est donc pas de tout repos ; en plus d’endurer les critiques et injures, il faut donner de son temps pour aller rencontrer les malades et leurs accompagnants et même donner de son argent car on ne peut pas tout attendre des autres. Il y a aussi des limites car n’étant pas une structure reconnue, certaines institutions qui souhaiteraient apporter leur aide ne le peuvent pas.

Ce fut une belle rencontre et Bassératou Kindo, la présidente de l’Association des Blogeurs du Burkina s’est dite satisfaite, et avant de remercier les conférenciers, a annoncé une nouvelle rencontre en Janvier, cette fois-ci, pour parler de la violence sur les réseaux sociaux et la manière d’y remédier. Soulignons la présence de l’Artiste musicien Frère Malkhom auteur de l’une des chansons de l’année 2016 au Burkina le single titré Boin Tar Zenna qui passant par-là, a tenu à assister à la conférence qu’il a trouvée fort instructive.
Bravo donc aux organisateurs et vivement que tous utilisent les formidables outils que sont les réseaux sociaux pour des actes utiles.

Wendkouni Nazé
Kaceto.net