Voilà une curiosité toute particulièrement africaine qui montre une fois de plus notre capacité à imaginer et inventer des pratiques les plus absurdes. Figurez-vous que dans certains pays du continent noir, au Gabon ou au Congo, être fille ou fils de n’indique pas uniquement la filiation d’une personne. C’est aussi une fonction, au même titre que professeur, mécanicien, commerçant ou sportif. Du moins, pour ceux qui appartiennent à l’élite du pays, mieux, ceux qui sont au pouvoir. Les rejetons des millions de Makaya n’y ont évidement pas droit !
C’est ainsi que sur les documents administratifs, carte d’identité, passeport, dans la case "fonction", on trouve les indications suivantes : "fille ou fils du président de la république ; cousin du premier ministre ; nièce du président du conseil constitutionnel ; neveu du chef d’Etat major de l’armée, etc." Cette mention indique clairement que détenteur du document n’est pas n’importe qui et qu’on doit accorder des privilèges dus à sa filiation, qui est pourtant imméritée.
Des "africonneries" qui intriguent et amusent les services de police lorsqu’il leur arrive de contrôler les détenteurs de ces documents se rendant dans d’autres pays. Cette pratique qui suscite parfois des railleries, peut aussi être une source d’insécurité pour le détenteur du document surtout dans un contexte politique agité. Quand le "petit" peuple a l’occasion d’exprimer sa colère et ses frustrations, ceux qui gravitent autour du pouvoir sont des cibles privilégiés.
D’après nos confrères gabonais, le président Ali Bongo Ondimba va mettre fin à cette pratique qui n’a que trop duré. Une décision de bon sens qui rappelle l’égalité des citoyens en droit garantie par la constitution. Dès la fin de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) le 5 février, le pays va se retrouver avec ses problèmes sur fond de contestation de la victoire du président Bongo. Dans un tel contexte, être clairement identifié comme fille ou fils de, n’est pas forcément un atout !

Salam Sondé
Kaceto.net