Faso dan Fani comme pagne du 8 mars, décoration des édifices publics avec des œuvres d’artisans locaux, exhortation à consommer les produits locaux lors des ateliers et autres séminaires, etc., le gouvernement du premier ministre Paul Kaba Thièba s’est résolument engagé dans le patriotisme économique, par la promotion des produits « Made in Burkina ».

Désormais, les services publics burkinabè sont exhortés à consommer les productions locales, particulièrement les mets traditionnels et modernes burkinabè. Le 13 janvier 2017, le premier ministre a adressé une circulaire aux différentes administrations dans ce sens. Lors des ateliers et autres séminaires, on devra s’attendre à voir du « Gonré du plateau central, du jus de Gimgembre de l’Ouest ou encore du Gappal du Nord ».
Après la décision d’instaurer le Faso Danfani comme pagne du 08 mars, journée internationale de la femme, le gouvernement a encore pris une décision qui devra apporter du baume au cœur des producteurs locaux. On se souviend également que le 28 décembre dernier, le ministre de la Culture, Tahirou Barry avait décidé que désormais, la décoration des édifices publics se fera avec des œuvres d’artisans locaux. Le mot d’ordre « consommons ce que nous produisons et produisons ce que nous consommons », cher au défunt président de la révolution démocratique et populaire, Thomas Sankara burkinabè est bel et bien de retour, mieux, est en train d’être implémenté. Comme le font tous les gouvernements qui ont signé l’accord créant l’Organisation mondiale du commerce en 1995. Les droits de douanes ayant disparu et le protectionnisme proscrit par les règles du commerce international, difficile d’empêcher l’entrée de produits étrangers, parfois moins chers que les produits nationaux. Une concurrence déloyale de fait s’installe, sape nos économies et appauvrit les petits producteurs familiaux.

Dans un tel contexte, consommer burkinabè, c’est soutenir nos producteurs tout en mettant l’Etat à l’abri de poursuites pour protectionnisme. C’est ce qui se fait déjà dans bon nombre de pays même parmi les plus développés. Il ne viendra à l’esprit d’aucun ministre ou de fonctionnaire d’emprunter une autre compagnie pour se rendre dans un endroit desservi par Air France. Dans la mesure du possible, il séjournera dans un Hôtel appartenant à des capitaux français. Les ministres utilisent des véhicules de marques françaises et ce sont des produits agricoles français qui sont servis lors des réceptions à Matignon, siège de la primature ou à l’Elysée. Même chose en Belgique, en Italie et dans bien d’autres pays.
Sous la Transition les dirigeants ont remis à jour le slogan révolutionnaire avec notamment le port du Faso Dan Fani par les membres du gouvernement, les directeurs généraux d’entreprises publiques et tous ceux qui occupent de postes dans la haute fonction publique. Une institution financière privée comme Coris Bank a même institué le port obligatoire du Faso Dan Fani dans l’ensemble de leurs agences, un jour par semaine.
Consommer le riz local plutôt que celui importé, offrir de la bière de mil et du jus de Bissap plutôt que des boissons importées lors des réceptions, est une révolution que chaque burkinabè peut mener sans contrainte aucune. Notre économie en sortira gagnante.

Reste à faire de la pédagogie pour rallier le maximum de Burkinabè à ce concept de patriotisme économique. Le professeur Laurent Bado ne cesse de le répéter, un pays ne peut se développer en misant sur l’importation, mais au contraire, en inventant une solution endogène lui permettant de satisfaire les besoins fondamentaux de la population. Depuis des décennies, tous les enfants burkinabè apprennent à l’école que la balance commerciale du Burkina est déficitaire. Il est temps que cela cesse !

Kaceto.net