Ceci est une déclaration du Bureau du Comité Directeur de l’UPC sur la situation de crise qui prévaut au "Kamerun dit anglophone"

Réuni à Douala le 28 janvier 2017, le Bureau du Comité Directeur de l’Union des Populations du Cameroun (BCD de l’UPC) s’est à nouveau arrêté sur les événements dans le Nord-Ouest et dans le Sud-Ouest du pays.

Toute situation inacceptable pour des populations, dans laquelle elles se sentent durablement prisonnières, sans perspective d’issue, les pousse à prendre des initiatives. Certaines initiatives peuvent être adaptées à la situation, contrôlées et contrôlables, efficaces. Et d’autres non. Quand on s’est contenté pour toute politique de pousser à l’exaspération, alors ces populations se jettent dans le combat comme elles peuvent.

Le pouvoir BDC-UC-UNC-RDPC ne donnera jamais aux Kamerunais la pleine souveraineté ni de leur patrimoine ni de leurs droits de citoyens si ceux-ci ne se battent pas pour les obtenir. Par conséquent, l’UPC salue d’abord la volonté de se battre chez nos compatriotes dits anglophones. La situation actuelle exige que les populations soient dans la bataille sans laquelle rien de bon n’arrivera en ce pays.

Dans la partie dite anglophone du pays, il y a des larges masses des populations qui souffrent du régime Biya et une petite minorité qui en profite. C’est aussi le cas dans la partie dite francophone : dans cette zone aussi, il y a des larges masses des populations qui souffrent du régime Biya et une petite minorité qui profite de ce même régime.
Donc, dans la partie dite francophone comme dans la partie dite anglophone, il y a des forces de progrès, qui espèrent et travaillent en n’ayant en vue que le bien-être de tous les Kamerunais, sans considération de leur zone d’origine et sans discrimination, sans penser d’abord à leur propre enrichissement.
Malheureusement, il y a aussi dans les deux parties du pays d’autres forces qui acceptent la mauvaise gouvernance de l’Etat RDPC car cette mauvaise gouvernance leur profite.

Les masses déshéritées des deux parties du pays, les forces de progrès des deux parties du pays, doivent être assez intelligentes et faire montre de ressources pour éviter le piège de s’opposer les unes aux autres, car cela revient à les diviser pour que le RDPC règne aussi longtemps qu’il réussira à entretenir cette division.
Les masses déshéritées des deux parties du pays, les forces de progrès des deux parties du pays doivent au contraire chercher toutes les voies possibles pour parler ensemble, s’accorder ensemble, afin de mettre fin ensemble à un pouvoir qui est au service d’intérêts étrangers et qui ne se soucie que de l’enrichissement de ses membres au détriment du bien-être de tous.

N’oublions pas que qui se passe en ce moment dans la zone dite anglophone a déjà eu lieu dans la zone dite francophone : nos compatriotes dits anglophones se souviennent qu’en 1990-91, c’était les mêmes violences contre des étudiants dans des campus de la partie dite francophone, des étudiants tabassés, des filles humiliées en les faisant marcher nues, d’autres jeunes tués. Au milieu de tout cela, le cynisme d’un ministre de Biya outragea les familles des victimes en déclarant qu’il y eut zéro mort ! Tout le monde s’en souvient. Hier, c’était la partie francophone, aujourd’hui c’est la partie anglophone et le régime de Biya continue à nous opposer et à nous amuser avec la création de commissions pour étouffer les vrais problèmes.

C’est à travers la mauvaise politique du pouvoir RDPC que naissent des oppositions anglophones contre francophones.
On est dans l’erreur quand on cherche à opposer en bloc la partie dite francophone contre partie anglophone : chacune des parties a ses forces de progrès et ses forces du statu quo.
On est dans la voie juste et celle de l’avenir du Kamerun en s’attachant au mot d’ordre de l’unité et du rassemblement des forces de progrès et des masses déshérités des parties dites francophone et anglophone !

Le BCD de l’UPC dénonce
  Les arrestations des jeunes et tout particulièrement celles d’enfants mineurs de la partie dite anglophone.
  Le transfert à Yaoundé des leaders des mouvements, leur détention et la torture morale qui leur est infligée.
  Le blocage d’internet dans la partie dite anglophone. Ceci est anticonstitutionnel, et pénalise les particuliers et les entreprises.

Le BCD de l’UPC demande
  qu’une enquête rende compte de la situation des disparus dont on est sans nouvelles depuis leurs arrestations.
  des poursuites contre les hommes de mains recrutés pour maltraiter des étudiants.

Le BCD de l’UPC réitère sa solidarité avec les leaders du mouvement en détention et sa disponibilité pour des formes d’actions communes, avec des forces de progrès des deux parties du pays, et particulièrement de la zone dite anglophone pour la réalisation effective d’un cadre de dialogue national approprié, qui permettra de définir sans tabou sur aucune des questions à traiter, le « vivre ensemble » entre les kamerunais de toutes les régions du pays.

Il n’y a rien d’impossible entre des Kamerunais de bonne volonté !
« Un autre Kamerun est possible, d’autres choix sont nécessaires ».

Fait à Douala le 28 janvier 2017.

Pour le Bureau du Comité Directeur
WASNYO Samuel
Président de session BAYEMI André
Secrétaire de séance

NDEMA SAME Alexis
Président de l’UPC MOUTOUDOU Albert
Secrétaire général