La présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf a suspendu pour deux mois les voyages des responsables gouvernementaux, en raison de la dépréciation de la monnaie nationale, sauf exception relevant de sa seule décision, a indiqué mardi le ministre de l’Information.

"Sauf cas d’urgence, aucun responsable ne sera autorisé à voyager à l’étranger. La mesure concerne tous les ministres, les chefs d’agences et de commissions (gouvernementales) ainsi que leurs adjoints et collaborateurs", a déclaré à l’AFP le ministre, Eugene Nagbe.

"Des dérogations ne pourront être accordées que par la présidente elle-même après un entretien en tête à tête avec le responsable souhaitant voyager et s’il est établi que ce voyage est de la plus haute importance pour l’intérêt national", a précisé M. Nagbe.

Selon un communiqué de la présidence publié le week-end dernier, ce moratoire d’une durée de 60 jours, en vigueur à compter du mois de février, a été décidé au cours d’une réunion consacrée à la situation économique du pays.

Le texte mentionne "les efforts continus, de la Banque centrale du Liberia (CBL) et du ministère des Finances ces dernières semaines pour réduire et stabiliser les taux de change, qui ont commencé à donner des résultat positifs".

"La CBL a aussi été mandatée pour examiner la situation alarmante de fuite des capitaux et renforcer ses mesures de régulation pour juguler la sortie illégale de devises étrangères du pays", selon le communiqué.

Plusieurs associations d’opérateurs économiques et de la société civile ont manifesté la semaine dernière pour demander au Parlement d’arrêter l’envolée du cours du dollar américain par rapport au dollar libérien, qui a induit une hausse généralisée des prix.

"Dès que le cours du dollar américain augmente, les prix suivent, parce que ceux qui achètent les produits à l’étranger ont besoin de dollars pour importer. Donc tant que les cours du dollar américain restent élevés, toute baisse des prix est impossible", a expliqué à l’AFP un économiste, Prince Bagoon.

Le dollar américain est une devise légalement utilisée dans les transactions, à côté du dollar libérien, depuis l’indépendance en 1847 de cette république, fondée avec le soutien des Etats-Unis pour y installer des esclaves américains affranchis.

Le Liberia, un des trois pays les touchés par Ebola en Afrique de l’Ouest, se remet difficilement de l’épidémie, la plus grave depuis l’identification du virus en 1976, qui s’est achevée officiellement il y a un an.