Une histoire de pourriture politique qui vire au drame social tout en évoquant la liberté de la presse.
Deux jeunes filles vont chercher de l’eau dans le lac du village de Niolo. Sur la route du retour, une d’entre elle est prise de malaise et s’effondre. Transportée à l’hôpital, les médecins diagnostiquent la présence de substances chimiques dans son sang. Malgré les efforts pour la sauver, elle finit par mourir. Elle a été empoisonnée après avoir bu l’eau du lac. Comment et pourquoi l’eau du lac a-t-elle été empoisonnée ? Voici toute la trame du long métrage, présenté hier soir au ciné Burkina en première mondiale par le réalisateur Adama Rouamba, qui révèle n’avoir pas vu son œuvre depuis sa finition.
Parmi les acteurs principaux, le journaliste interprété par Noël Minoungou et son épouse, Rokhaya Niang, responsable d’une ONG, Nature Verte, vont mener l’enquête sur les causes réelles de la mort de la jeune fille et de poissons qui échouent par milliers sur le rivage. Une enquête à hauts risques d’autant qu’un ancien ministre et cadre du parti au pouvoir est trempé dans cette affaire sordide. Véreux comme on en trouve aux quatre coins du monde, le ministre, magnifiquement incarné par Gérard Essomba, n’a pas hésité à faire empoisonner l’eau du lac pour après, en prendre comme prétexte pour convaincre le chef de village d’accepter la délocalisation des habitants, invoquant la présence de gaz toxique dans le sous-sol. En fait, son objectif est de faire venir des Chinois pour exploiter du gaz de schiste enfoui dans le sous-sol du village. Avec le soutien d’un fonctionnaire, en l’occurrence l’acteur Halidou Sawadogo plus connu sous le nom de Pagnagdé, le couple journaliste-défenseure de l’environnement parvient à révéler les pratiques macabres du ministre. Au prix de la vie du journaliste, d’abord licencié par sa direction puis enlevé, torturé et tué.

C’est l’une des meilleures distributions de rôles qu’il nous a été donné de voir depuis le début des projections. Le décor est splendide avec des gros plans sur la forêt, des travellings et l’utilisation de drones pour les prises de vue aérienne permettent d’avoir de très belles cartes postales.
Des applaudissements à plusieurs reprises pendant la projection montrent que les cinéphiles ont bien apprécié le film.
Depuis le début de la 25ème édition du Festival Panafricain du Cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), la salle du ciné Burkina n’a pas encore vu autant de monde. Beaucoup n’ont pas eu de place et ont dû rebrousser chemin.
L’Etalon de bronze au Fespaco 2015 a braqué sa caméra sur un sujet brulant, au centre de l’actualité africaine depuis plusieurs années : les pratiques des sociétés étrangères dans l’exploitation des ressources minières, lesquelles représentent une menace pour la biodiversité.
Au plan technique, la Forêt du Niolo, est quasi irréprochable. Bravo à l’auteur qui la presque totalement financé, d’un coût d’environ 300 millions de FCFA dont un soutien de 50 millions du ministère burkinabè de la Culture. Avec ce long métrage, le Burkina peut espérer le podium le 4 mars prochain.

Kaceto.net