« Mise en œuvre opérationnelle du programme présidentiel : quelles perspectives et quels engagements ? », c’est sous ce thème que s’est ouvert ce matin, le deuxième congrès ordinaire du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), un an après son arrivée au pouvoir

Une salle décorée avec l’orange comme couleur dominante, les gradins et sièges noirs de monde habillé de T-shirts ou de pagnes estampillés MPP, voici le décor que présentait le Palais de Sports de Ouagadougou 2000 ce 11 mars 2017, où s’est ouvert le deuxième congrès ordinaire du Mouvement du peuple le Progrès (MPP), la formation politique au pouvoir.
L’enjeu de ce congrès, c’est incontestablement l’unité du parti, alors que les rumeurs les plus folles annoncent depuis quelques jours une guerre de tranchées entre les trois dirigeants (le président Roch Marc Kaboré, le président de l’Assemblée nationale Salif Diallo, et le ministre d’Etat, ministre de la Sécurité, Simon Compaoré) pour l’occupation de la présidence du parti. Mais aussi et surtout, la mobilisation des énergies pour la mise en œuvre du Plan national de développement économique et social (PNDES), et bien entendu le soutien dans rechigner du parti au gouvernement dans la lutte contre le terrorisme.
C’est par une longue litanie de remerciements que le président par intérim du parti, Salifou Diallo a débuté son discours d’inauguration. Il a ainsi salué la présence dans la salle des représentants de partis politiques venus de plusieurs pays dont la Côte d’Ivoire, le Ghana, la RDC, le Nigeria, l’Afrique du Sud, le Sénégal, mais aussi de Belgique, d’Allemagne, de France, du Mali, du Maroc ou de la Suède. Les sections MPP à l’étranger étaient représentés ainsi que celles des 13 régions. On notait une forte présence d’autorités coutumières, bien reconnaissables à leur bonnet, symbole du pouvoir traditionnel.

Le président par intérim du MPP a aussi salué la présence du chef de file de l’opposition Zéphirin Diabré et de tous les autres responsables de partis politiques pour l’occasion. « Nous mesurons la qualité de leur acte à l’aune de leur désir de bâtir avec nous un Burkina Faso de paix, de justice et de progrès », a t-il déclaré, avant de rendre hommage aux personnes qui ont été tuées pendant l’insurrection populaire d’octobre 2014, et lors de la résistance au coup d’Etat de septembre 2015. Il citera nommément chacun des martyrs avant de demander une minute de silence à leur égard.
Contexte sécuritaire oblige, la question du terrorisme s’est évidemment invitée dans le discours d’ouverture du président par intérim du MPP : « Je demeure convaincu que notre peuple, par-delà nos différences d’opinions, d’options politiques ou idéologiques saura transcender ces clivages partisans pour s’unir dans un élan patriotique à même de relever le défi de cette guerre ignoble qu’on tente de nous imposer », a-t-il lancé. Salif Diallo a aussi rendu un vibrant hommage au président du Faso, Roch Marc Kaboré dont il regrette que la constitution l’empêche d’être présent : « Il reste cependant pour nous un leader disponible et je souhaite vivement que nous lui rendions ici un vibrant hommage, à la hauteur des victoires qu’il a permis au parti d’engranger », a-t-il insisté, comme pour taire les rumeurs sur les rapports supposés tendus qu’il entretiendrait avec le locataire de Kosyam, siège de la présidence. Il n’a pas oublié de saluer le courage et la bravoure des militants de son parti dans le combat contre la modification de l’article 37 voulue par l’ex-président Blaise Compaoré, et contre le coup d’Etat du Général Diendéré en septembre 2015. « L’apport de notre parti à la chute du tyranneau a été déterminant à l’instar d’autres forces politiques », a t-il conclu son discours.
C’est dans la même tonalité que le président du Comité d’organisation du congrès, Salfo Tiemtoré a souligné le rôle joué par le MPP dans la chute du régime Compaoré, ajoutant que c’est un parti de victoires. Il a invité les militantes et militants à être « fiers du parcours et de la gestion du parti qui a été à l’avant-garde de la résistance, et qui a remporté la dernière élection présidentielle un coup K.O. »

La cérémonie d’ouverture a connu la présence de l’épouse du président du Faso, Sika Kaboré et du premier ministre, Paul Kaba Thiéba, lequel pourrait prendre officiellement sa carte de militant du MPP.
Les travaux dans les différents commissions sous le thème central du congrès : « Mise en œuvre opérationnelle du programme présidentiel : quelles perspectives et quels engagements ? », ont commencé hier soir au siège du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO). On y a planché jusque tard dans la nuit sur le programme présidentiel, la vie du parti et réforme des statuts, de l’évaluation des relations extérieures et des alliances, et enfin, du bilan des élections passées.
C’est ce dimanche 12 mars que le Congrès prendra fin le deuxième congrès avec notamment la confirmation de Salif Diallo à la présidence du MPP et l’éventuelle création d’un secrétariat exécutif, en lieu et place de l’actuel secrétariat général, instance chargée de gérer les affaires du part au quotidien. La question a été réglée au cours d’une réunion du bureau politique tenue le 8 mars au domicile du président Kaboré. Contrairement à ce que certains redoutaient, la guerre des tranchées n’aura probablement pas lieu.

Hermann Wendkouni Nazé et Salam Sondé
Kaceto.net