Le président gabonais Ali Bongo Ondimba a lancé mardi son "dialogue", associant société civile et classe politique mais boycotté par le camp de son rival Jean Ping, pour tenter de sortir le pays de la crise née de la contestation de sa réélection en août dernier.

La cérémonie solennelle d’ouverture du dialogue s’est tenue au palais présidentiel à Libreville en présence de délégués, des membres du gouvernement, de membres du corps diplomatique et du chef de l’Etat qui a appelé ses compatriotes à régler "la querelle de famille" post-électorale.

Quelque 1.200 organisations de la "société civile" et une cinquantaine de partis politiques participent à ce forum dont les travaux - qui pourront être prolongés si nécessaire - doivent durer 21 jours.

Brossant un tableau de l’histoire politique du Gabon dès avant l’indépendance, M. Bongo a jugé dans son allocution que "la vérité des faits est que les palabres post-électorales" sont une constante dans le pays.

"Crise politique au Gabon ? Non, querelle de famille", a cité M. Bongo, en guise d’exemple, ce titre d’un article de presse datant de 1958 et évoquant un litige électoral entre deux personnalités gabonaises de l’époque.

"Il n’y a rien de nouveau sous le soleil gabonais", a-t-il poursuivi à propos de la crise post-électorale de 2016, ajoutant : "ce que certains appellent crise est et doit rester une querelle de famille".

 Eloge de la palabre -

Le chef de l’ETat s’est également livré à un éloge de la palabre et du dialogue, "éléments essentiels de notre ADN politique".

"Vous débattrez de tout", a-t-il lancé aux participants au dialogue : "nos institutions doivent refléter notre identité".

Les participants doivent notamment plancher sur la "réforme des institutions", la "réforme du code électoral", le "rôle de la Cour constitutionnelle", ou encore "la consolidation de la paix et de la cohésion sociale".

Le président Bongo Ondimba avait annoncé ce "dialogue politique inclusif et sans tabou" immédiatement après la validation de sa réélection le 24 septembre par la Cour constitutionnelle.

La première annonce de sa victoire avait suscité des violences rares dans ce pays pétrolier d’1,8 million d’habitants, dirigé par la famille Bongo depuis 50 ans.

Le "dialogue politique inclusif et sans tabou" est boycotté par la Coalition pour la nouvelle République (CNR) de Jean Ping, qui se proclame toujours président élu.

M. Ping, pilier du régime du défunt Omar Bongo Ondimba père de l’actuel chef de l’Etat, a été crédité par la Cour constitutionnelle de 47,24% des voix contre 50,66% pour M. Bongo.

Ses partisans qui dénoncent la partialité de la Cour avancent notamment le rapport de la mission électorale d’observation de l’Union électorale qui parle d’"anomalies" mettant en cause le "résultat final de l’élection".

"A la fin de cette mascarade (le dialogue), la réalité de la situation de crise profonde dans laquelle se trouve le Gabon se confirmera et Ali Bongo devra se résoudre à comprendre qu’il ne peut diriger le Gabon contre la volonté des Gabonais qui n’attendent de lui qu’une chose : qu’il quitte le pouvoir", a jugé le porte-parole de M. Ping, Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi.

"Que tel ou tel ne participe pas, peu importe, cela ne gêne pas", avait assuré la semaine dernière le Premier ministre gabonais Emmanuel Issoze Ngondet, en mettant en avant la participation "massive" au forum.

Ce dialogue devrait être le préalable à des élections législatives, déjà reportées au plus tard à fin juillet 2017, mais qui pourraient être de nouveau ajournées en cas d’adoption de réformes constitutionnelles, a-t-on indiqué de source proche de la présidence.

AFP