A l’occasion du sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) qui s’est tenu hier à Abidjan, le président ivoirien Alassane Ouattara a répondu à ceux qui, ces derniers temps, demandent la révision des accords monétaire liant le F CFA à l’Euro, la monnaie européenne. "Nous avons constaté que notre monnaie se porte bien, (elle) est saine et est dans de bonnes mains", a déclaré celui qui assure la présidence tournante de l’Uemoa. On ne touche donc à rien. Sa position conforte celle de son homologue sénégalais Macky Sall, lequel avait déclaré lors d’une visite en France en décembre 2016 que que le F CFA « présente des avantages, et nous ne pouvons pas nous lancer dans une aventure juste parce qu’elle a quelques désavantages. C’est un terrain assez périlleux ; ce qui est important c’est de trouver les voies pouvant nous permettre de fortifier notre zone monétaire. C’est une question de fond que la Banque Centrale puisse accompagner nos différentes nations afin que nos politiques de développement soient beaucoup plus luisantes ». Visiblement irrité par les critiques des intellectuels africains contre "la monnaie coloniale", il avait ajouté : "le F CFA est stable et ce, quoi que l’on puisse dire. Elle l’est tout autant que notre institution, vue que nous n’avons pas trouvé d’éclaircis par rapport à ce qui pourrait être mieux que le franc CFA, mieux vaut terrer tous désirs de lutte anticoloniale et toutes aspirations politiciennes ».
En vertu des accords signés avec la France au lendemain des indépendances, les Etats de la zone CFA déposent 50% de leurs avoirs extérieurs dans le compte d’opération logé au trésor français (60% jusqu’en 2005) afin de garantir la parité fixe entre les deux monnaie et faciliter le commerce international des Etats africains. Comme le rappelle le président ivoirien, l’accord prévoit un taux de couverture de trois mois d’importation mais les réserves stockés au trésor français représentent " plus de six mois d’importation", un surplus que dénoncent de nombreux Africains qui estiment que ce surplus aurait pu financer des projets structurants de développement.
Le président Ouattara a dénoncé "toutes les informations fallacieuses qui circulent sur la solidité et la pérennité de notre monnaie"et affirmé que la zone Uemoa est bien gérée avec un taux d’inflation négatif -2%, une croissance robuste à 6,8% et une dette soutenable.
Côté français, les débats autour du F CFA sont bien suivis et récemment, le président François Hollande a déclaré que la France était ouverte à toutes propositions que les pays pourraient faire. Cette position française est constante depuis des années et les différents responsables ne ratent aucune occasion pour rappeler que la décision de maintenir ou faire évoluer les liens entre le FCFA et l’Euro appartient aux Africains.

Hier, le sommet extraordinaire a enfin débouché sur l’élection du président de la Commission de l’Uemoa, en la personne de l’ancien ministre nigérien de l’Economie et des finances, Abdallah Boureima. Il remplace le sénégalais Cheikh Hadjibou Soumaré en poste depuis 2011 et qui avait démission en décembre dernier. (http://kaceto.net/spip.php?article2246).
La zone Uemoa comprend le Burkina, le Bénin, le Niger, le Togo, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Mali et la Guinée-Bissau

Kaceto.net