Alain Djally, l’assistant personnel de Jean Ping, rival malheureux du président gabonais Ali Bongo Ondimba lors de la présidentielle dont il conteste toujours le résultat, a été arrêté jeudi par les services de renseignement gabonais, selon son avocat.

Ancien militaire, M. Djally est un proche du premier cercle et un fidèle de M. Ping, dont il est décrit comme "l’aide de camp" dans les différentes fonctions que celui-ci a occupées : ministre des Affaires étrangères à Libreville (dans les années 2000), président de l’Assemblée générale des Nations unies à New-York en 2004-2005 et président de la commission de l’Union africaine à Addis Abeba entre 2008 et 2012.

"Des hommes en armes, dans un véhicule 4x4, ont encerclé la voiture de M. Alain Djally et sa femme, alors que celui-ci sortait de son domicile ce jeudi matin (...) pour se rendre chez M. Ping", a déclaré à l’AFP Me Jean-Rémy Bantsantsa, avocat de MM. Djally et Ping.

"M. Djally et son épouse ont été arrêtés par les services de la Direction générale des recherches (DGR)", dans les locaux de laquelle son client se trouvait toujours jeudi vers 19H30 (18H30 GMT), selon Me Bantsantsa, qui a précisé que Mme Djally avait elle été libérée en milieu d’après-midi.

L’avocat - qui n’a pas pu rencontrer son client jusqu’ici - a indiqué avoir parlé à son épouse, qui lui a dit que les agents de la DGR avaient perquisitionné leur domicile à la recherche d’une arme. "M. Djally ancien militaire devrait posséder un permis de port d’armes", a-t-il fait savoir.

"Il y a présomption de détention de port d’arme illégal, mais je n’en sais pas plus sur le sujet", a réagi, interrogé par l’AFP, le procureur de la République du Gabon, Steeve Ndong Essame Ndongle, en déplacement à l’étranger.

De son côté, le porte-parole de Jean Ping, Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi, a dénoncé "l’arrestation arbitraire de Monsieur Alain Djally", y voyant "un enlèvement et une séquestration arbitraire".

Il a affirmé que M. Djally et son épouse avaient été arrêtés sans mandat, que son avocat n’avait pas été autorisé à voir son client et que leur domicile avait été perquisitionné sans mandat.

"Le pouvoir (gabonais), une fois de plus, montre à la face du monde son vrai visage. Celui d’un pouvoir autocratique et brutal que les Gabonais sont déterminé comme jamais à se libérer", a déclaré M. Ntoutoume Ayi à l’AFP.

Cette arrestation intervient alors que le Gabon est toujours en proie à des tensions politiques, économiques et sociales, sept mois après la réélection contestée du président sortant Ali Bongo Ondimba.

Jean Ping, qui dénonce des fraudes lors de la présidentielle du 27 août 2016 et se proclame toujours président élu, prévoit d’organiser un rassemblement samedi à Libreville, le premier depuis plusieurs mois dans la capitale gabonaise.

La proclamation de la victoire d’Ali Bongo Ondimba avait débouché sur des manifestations marquées par des émeutes et des pillages.