Vernissage au Musée national à Ouagadougou, conférences débats, dégustation de mets, danses et chants, etc. La culture haoussa était en fête les 13, 14 et 15 avril en même temps que la fête pascale. Qui sont les Haoussas et d’où viennent-ils ? Eléments de réponse avec Sani Saiou, chargé des relations extérieures de l’association Makaranta.

Quel message espérez-vous faire passer en organisant ces manifestations ?

L’association existe depuis 2016 et nous venons d’organiser notre première grande activité en collaboration avec le Musée national qui nous a beaucoup accompagnés. L’objectif de l’association Makaranta est de promouvoir la culture haoussa du Burkina à travers notamment des activités comme celle que nous avons organisées le week-end dernier avec un vernissage au Musée national. Nous y avons exposé des objets de la culture haouassa, l’art vestimentaire, les outils de travail, des manuscrits anciens du coran, la gastronomie haoussa, etc. Nous apprenons également à lire et à écrire en haoussa à la Tram d’accueil de Ouaga2000. Les cours ont lieu de 8h-11h tous les dimanches et c’est ouvert à tout le monde. Des professeurs viennent d’autres pays comme le Niger pour nous appuyer.
Nous sommes des Haoussas du Burkina parce que nos parents et grands-parents sont nés ici. Nous parlons toutes les langues partout où nous sommes installés. Je suis né à Ouaga et j’y habite ; je parle le mooré correctement et le haoussa en famille. C’est pareil pour les autres Haoussas qui sont installés dans les autres régions. Ceux qui sont à Fada N’Gourma, Koudougou, Bobo par exemple parlent le gourmantché, le gourounsi et le dioula.

Avez-vous une idée du nombre de Haoussa vivant au Burkina ?

Non, mais nous savons que dans toutes les 45 provinces du Burkina, il y a des quartiers Zaongo, communément appelés Zangoétin en mooré, c’est-à-dire, le quartier où habitent les Zangoétos. Les Mossi appellent les Haoussas les Zangoéssés, qui dérive du nom de Zango, qui veut dire « lieu d’escale » en haoussa et ça donné le nom du quartier Zanghoétin. Dans notre langue, le nom de l’ethnie, c’est Haoussa et nous sommes présents dans de nombreux pays africains.
Les Haoussas sont des commerçants et quand ils font escale quelque part, on appelle ce lieu Zango. Après, certains continuent leur chemin mais d’autres y restent. Avec le temps, ceux qui sont restés sont devenus nombreux et le lieu de leur « escale » devient progressivement un quartier.
L’activité principales des Haoussas, c’est le commerce, l’artisanat, la médecine traditionnelle, la bijouterie, etc. D’une certaine manière donc, nous contribuons à l’essor de la culture et au développement économique du Burkina

D’où viennent les Haoussas ?

Une partie vient du Niger et une autre du Nigéria. Tout Haoussa a forcément des ancêtres dans les deux pays, mais ce sont de grands voyageurs qui sont arrivés ici avant le 6è siècle, donc avant le prophète Mohamed. Partout en Afrique, vous trouverez des quartiers haoussa : à Accra, Lomé, Cotonou, même à la Mecque et aux Etats-Unis d’Amérique !
Ce sont les Haoussas qui ont commencé à commercialiser le Gouro au Burkina, qu’on appelle en mooré Gouré et en dioula c’est Wouro. De même que le kilikili qui donne coura coura en mooré, gaonré en mooré se dit gourayé en haoussa. Quand les commerçants arrivent dans leur lieu d’escale, qu’ils y passent quelques jours, ils rassemblent les restes de la nourriture, en font un mélange qu’ils chauffent pour manger. C’est ce mélange qui s’appelle gourayé et que les mossis appellent gaonré.

Propos receuillis par Salam Sondé
Kaceto.net