Ouagadougou. Des victimes et parents des victimes de l`insurrection populaire de fin octobre 2014 et du putsch avorté de septembre 2015 ont animé une conférence de presse au cours de laquelle ils ont exigé la dissolution de la Coalition pour la démocratie et la réconciliation (CODER)

Les familles des martyrs de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et du coup d’Etat manqué du 16 septembre 2015 (42 tués et plus de 400 blessées) ont affiché samedi leur indignation face à la Coalition pour la démocratie et la réconciliation nationale (CODER, ex-majorité), réclamant sa dissolution « pure et simple », a-t-on constaté.

« Nous exhortons l’autorité actuelle à procéder purement et simplement à la dissolution de cette coalition pour ne pas être comptable du désordre et du chaos dans lesquels la CODER cherche à embarquer les Burkinabè », a indiqué le président de l’Union des familles des martyrs de l’insurrection populaire (UFMIP), Victor Pouahoulabou.

Selon le Secrétaire général de l’association des parents des victimes du coup d’Etat, Patrice Bazié, « suite à une demande en date du 20 mars 2017 de la CODER de rencontrer des familles des victimes de l’insurrection populaire et du coup d’Etat, les parents des victimes ont accédé à sa demande en marquant son accord pour rencontrer ladite coalition ce samedi 22 avril 2017 ».

Contre toute attente, poursuit-t-il, « nous avons reçu, un appel de Me Gilbert Ouédraogo, président sortant de la CODER, la veille de la rencontre (21 avril 2017) annonçant l’indisponibilité de la CODER à venir rencontrer les familles pour motif de « raisons personnelles ».

« Face à cette attitude des membres de la CODER à qui nous avons tendu la main car nous sommes tous des Burkinabè d’une même famille, nous exprimons toute notre indignation car cela est un manque manifeste de respect vis-à-vis de nos familles respectives endeuillées », a indiqué M. Bazié.

A l’en croire, programmée une première fois, cette rencontre a déjà fait l’objet d’un report à la demande de la CODER pour raison de calendrier. « Ce qui nous amène à nous interroger sur la sincérité de cette organisation », a-t-il déploré.

Etait-ce pour réveiller nos morts ou pour quel autre miracle ? S’est interrogé M. Pouahoulabou, proposant que « si l’on cherche réellement à se réconcilier au Burkina Faso, c’est de rendre justice et la bonne d’une part, et d’autre part, de dépoussiérer le rapport du collège de sages au temps Compaoré pour en faire usage ».

« Même du côté du Haut conseil pour la réconciliation nationale (HCRUN) nous leur demandons en ce qui nous concerne d’attendre que la justice soit rendue à tous nos martyrs avant d’entreprendre une quelconque action allant dans le sens de la réconciliation », a-t-il souligné.

Pour ce faire, ils ont plaidé pour le jugement de tous ces dossiers avant la commémoration du 3ème anniversaire de la journée d’hommage aux martyrs prévu le 31 octobre 2017.

« Reconnaissant les efforts pour les actes qui ont été posés, nous demandons la célérité dans le traitement des dossiers de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et du coup d’Etat du 16 septembre 2016 », a souhaité M. Bazié.

Une trentaine de personnes ont été tuées en fin octobre 2014, lors des journées insurrectionnelles qui ont chassé le président Blaise Compaoré, au bout de 27 ans de gestion du pouvoir.

Quinze autres personnes ont été tuées en septembre 2015, par des soldats de l’ex garde rapprochée de M. Compaoré, qui ont tenté, sans succès, de confisquer le pouvoir.

Le procès du dernier gouvernement de Blaise Compaoré, s’ouvre le 27 avril prochain, pour son implication présumée dans la répression sanglante des manifestants en octobre 2014

AIB